En ligne depuis le 31/05/2017
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Description
Question-clé (n°D3) posée à Emmanuel Delannoy, économiste, Directeur d'Inspire, pour la série vidéo "SocioEcoSystèmes - Ecosystèmes et sociétés, un futur partagé"
(Réduire les pressions humaines sur les écosystèmes et la biosphère - Quelles pistes pour la transition écologique?)
Conception et réalisation de cette série vidéo : Anne Teyssèdre
État
- Valorisé
Langues
- Français
Licence Creative Commons
- Partage des conditions à l'identique
- Pas d'utilisation commerciale
- Pas de modification
Mentions Licence
- Economie
Nature pédagogique
- Entretiens et témoignages
Types
- Grain audiovisuel
Mots-clés
Contributeurs
Delannoy Emmanuel
Emmanuel Delannoy, économiste, Directeur d'Inspire
Question-clé transcrite et éditée par Anne Teyssèdre
Qu’est-ce que l’économie circulaire ? L’économie de fonctionnalité ?
Qu’est-ce que l’économie circulaire ? On pourrait la décrire comme un ensemble de stratégies économiques, à la fois au niveau des modèles de production mais aussi au niveau des modèles économiques, qui vise finalement à créer de la valeur dans un monde aux ressources finies. Et ce qu’on cherche à faire, c’est découpler la création de valeurs économiques – pour payer des salaires, etc., la fiscalité… - de la consommation de ressources naturelles.
Pour cela, il y a différentes approches. On va retrouver des choses relativement anciennes, par exemple comme l’écoconception, qui va simplement viser à prendre en compte dans la conception des objets non seulement la qualité du produit, sa durée de vie, son usage, la satisfaction du client, etc., mais aussi ses paramètres écologiques : la consommation de ressources naturelles ou d’énergie, par exemple. Ou sa durabilité au sens large, sa toxicité, etc.
On va retrouver d’autres choses relativement anciennes, comme l’écologie industrielle. Alors on parle d’ailleurs aujourd’hui d’écologie industrielle et territoriale, parce que ce n’est pas seulement industriel : ça peut aussi être maillé à des activités tertiaires, ça peut aussi être maillé à des activités agricoles. Et là c’est vraiment quelque chose qui s’appuie sur la science de l’écologie, qui va essayer de mimer le comportement d’un écosystème naturel. Ce qui était un déchet, pour les uns, va devenir une ressource pour les autres. On va pouvoir chauffer des bâtiments tertiaires à partir de chaleur produite par un équipement industriel, par exemple.
On voit apparaître aussi plus récemment ce qu’on appelle globalement l’économie collaborative. Et bien c’est finalement la question de la mutualisation des biens, des équipements ; l’autopartage, le covoiturage peuvent rentrer là-dedans. Des modèles comme AirB&B peuvent rentrer là-dedans. C’est dire finalement qu’un équipement qui est là, ne produit pas de valeur économique s’il n’est pas utilisé. Si on augmente son taux d’utilisation, en le mutualisant, il va produire plus de valeur économique.
Et ça, cela nous amène à une notion très cousine, très proche : celle d’économie de fonctionnalité. L’économie de fonctionnalité, c’est vraiment la manière de dissocier la possession de l’usage du bien. Et donc ce qu’un producteur va vendre, ce n’est plus ses équipements - il en reste propriétaire tout au long du cycle de vie [de ses équipements], il en vend uniquement l’usage.
Et on voit bien qu’il y a là une inversion dans la réflexion : aujourd’hui, dans un modèle économique sur marché saturé, si moi, industriel, je veux continuer à vendre mes aspirateurs ou mes perceuses par exemple, et bien je n’ai pas intérêt à ce qu’ils durent trop longtemps.
Donc je vais introduire une notion qu’on appelle d’ « obsolescence programmée » : intentionnellement ou pas, je vais me débrouiller pour que leur « durée de vie » ne soit pas trop longue. Si, à l’inverse, je reste propriétaire des biens, et ce que je vends c’est l’usage, et bien là mon intérêt en tant qu’industriel c’est de faire en sorte que ces biens durent le plus longtemps possible – donc rendent le plus d’unités de services tout au long de leur cycle de vie. Et moi industriel, comme j’en reste propriétaire, quand j’ai fini de les utiliser, qu’ils sont obsolètes, je récupère les matériaux, je peux désassembler tout ça, réutiliser tous les composants qui sont encore en état et recycler les matériaux qui ne sont plus en état de resservir.
Donc là on a vraiment une composante qui est un accélérateur dans l’économie circulaire, puisque finalement il y a une vraie incitation 1) à faire durer les biens plus longtemps, 2) à augmenter leur taux d’utilisation, et 3) à recycler l’ensemble de leurs constituants.