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Description

Question-clé posée à Denis Couvet, Professeur d'Ecologie au MNHN, Membre de l'Académie de l'Agriculture, pour la série vidéo "SocioEcoSystèmes - Ecosystèmes et sociétés, un futur partagé"

(Réduire les pressions humaines sur les écosystèmes et la biosphère - Quelles pistes pour la transition écologique?)

Conception et réalisation de cette série vidéo : Anne Teyssèdre

État
  • Valorisé
Langues
  • Français
Licence Creative Commons
  • Partage des conditions à l'identique
  • Pas d'utilisation commerciale
  • Pas de modification
Nature pédagogique
  • Entretiens et témoignages
Thèmes
  • Alimentation
Types
  • Grain audiovisuel
Mots-clés
alimentationagriculltureimpacts environnementauxbiocarburants
Fonctionnement et productivité des sols – Quels facteurs clés ?
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Structures et dynamique des sols – Quels clés pour l’agriculture ?
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Eau virtuelle, empreinte hydrologique : Comment et pourquoi ces concepts ?
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Qu’est-ce que l’économie circulaire ? L’économie de fonctionnalité ?
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Les services écosystémiques : Qu'apporte cette notion aux sciences de la conservation ?
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Contributeurs

Couvet Denis

MNHN - Muséum national d'Histoire naturelle

Denis Couvet, professeur d’écologie au MNHN
Question-clé transcrite et éditée par Anne Teyssèdre

Qu’est-ce que le décalage alimentaire (diet gap) ?

Le diet gap, ou décalage alimentaire, de quoi s’agit-il ? Il s’agit de la différence entre la production agricole et ce qui est nécessaire pour nourrir les humains, avec une nourriture de qualité.

Pourquoi se préoccuper du décalage alimentaire actuellement ? Parce que les impacts environnementaux de l’agriculture sont devenus très importants et qu’il s’agit de les réduire, et ceci tout en nourrissant un nombre d’humains de plus en plus important. Donc éviter que ces impacts environnementaux deviennent ingérables et contribuent à accentuer le changement climatique ou encore à accélérer le déclin de la biodiversité. A partir de là, on voit bien qu’une solution évidente c’est de réduire le décalage alimentaire.

Alors ce décalage alimentaire, de quoi est-il composé ? Il est composé de biocarburants, de protéines animales, d’aliments de type agroindustriels fortement transformés, avec une faible qualité nutritive, d’aliments saturés en gras et en sucres, et enfin d’alcools.

Alors pourquoi peut-on penser qu’il est intéressant de réduire ce décalage alimentaire ? Les raisons diffèrent selon les différents produits.

En ce qui concerne les biocarburants, lorsqu’on fait le bilan climatique global, on s’aperçoit que ce bilan est plutôt négatif. C’est-à-dire que la déforestation, la perte de carbone des écosystèmes qui sont mis en culture de manière à produire ces biocarburants ne compense pas l’économie que l’on peut faire en termes d ‘émissions de gaz à effet de serre. Donc le bilan est plutôt négatif. De ce point de vue là, les biocarburants ne sont pas une solution intéressante sur le plan climatique (même si ils peuvent l’être en termes de politiques agricoles).

En ce qui concerne les protéines animales, elles peuvent être avantageusement remplacées par des protéines végétales, qui elles sont beaucoup moins consommatrices de ressources –que ce soit en termes d’eau, en termes de fertilisants, en termes de pesticides ou en termes de terres, le rapport peut être de 1 à 10 lorsqu’on compare notamment aux protéines animales de type bovines.

En ce qui concerne les autre aliments, les raisons pour lesquelles il peut être socialement intéressant de les réduire, c’est qu’en fait ce sont généralement des aliments riches en gras ou en sucres, ou encore les aliments de type agro-industriels qui sont transformés.

Ce décalage alimentaire est-il significatif ? On considère actuellement qu’on pourrait nourrir à peu près trois milliards d’humains en plus si on supprimait ce décalage alimentaire. Ce qui veut dire grosso modo que la production agricole actuelle est suffisante pour nourrir les 9 à 10 milliards d’habitants qui sont à venir (population mondiale attendue pour 2050). Donc l’enjeu alimentaire est tout à fait considérable sur le plan quantitatif.

Alors évidemment, les difficultés politiques et sociales sont considérables. Difficultés politiques, parce que cela veut dire reconsidérer la manière dont la production agricole est distribuée – actuellement elle est mal distribuée, c’est-à-dire qu’on a des populations qui consomment beaucoup de ces produits qui finalement sont superflus, alors que d’autres populations sont plutôt sous-nourries. Et puis des difficultés de type sociales. Sur le plan social, ce n’est pas forcément vu de manière positive de réduire ces aliments, qui sont des aliments de loisir, qui sont des aliments aussi de fête. De ce point de vue là, il s’agit aussi de peser soigneusement le coût et les bénéfices de ce décalage alimentaire.