En ligne depuis le 10/01/2022
3.8/5 (33)
Description
Les territoires français d'Outre-mer doivent aujourd'hui relever plusieurs défis, touchant aussi bien les aspects écologiques, économiques ou sociaux. Cet ensemble de vidéos permet de mieux comprendre ce besoin de développement durable dans les Outre-mer, et il vise à montrer que des personnes et des acteurs sont déjà engagés autour de ces questions, et ce sur tous les territoires ultramarins.
Objectifs d'apprentissage :
- Comprendre la diversité des points de vue qui existent quand on parle de développement durable dans les Outre-mer.
- Découvrir les 17 Objectifs de Développement Durable.
- Comprendre les caractères universels et indivisibles des 17 Objectifs de Développement Durable
- Appréhender les enjeux de développement durable les plus saillants pour les Outre-mer.
- Découvrir des personnes et des structures, dans tous les Outre-mer, engagées pour l'atteinte des Objectifs de Développement Durable.
- Comprendre l'importance des partenariats et de la coopération dans la mise en place de projets de développement durable.
- Comprendre les freins et les leviers pour la mise en place, par les différents acteurs du territoire, de projets de développement durable.
État
- Labellisé
Langues
- Français
Licence Creative Commons
- Partage des conditions à l'identique
- Pas d'utilisation commerciale
- Pas de modification
Nature pédagogique
- Cours
- Entretiens et témoignages
Niveau
- Bac
- Bac+3
Objectifs de Développement Durable
- 1. Pas de pauvreté
- 10. Inégalités réduites
- 11. Villes et communautés durables
- 17. Partenariats pour la réalisation des objectifs
Types
- Parcours thématique
Mots-clés
Introduction : Points de vue sur le Développement durable dans…
A la découverte des 17 Objectifs de Développement Durable
Les ODD dans le contexte des Outre-mer : 4 enjeux prioritaires
Exemples d'initiatives pour relever le défi du développement…
Conclusion : La mobilisation de tous les acteurs pour l'action…
La transition vers une économie circulaire dans les Outre-mer
par Claire Chignoli, ingénieure "économie circulaire et déchets" à l'ADEME
Lorsqu'on parle des déchets en Outre-mer, on parle de choses très contrastées. Comparer la Martinique avec son centre de valorisation organique alimenté par une collecte de biodéchets des ménages en porte-à-porte et son incinérateur de déchets, et Mayotte, ou les sites isolés sur le fleuve en Guyane, n'a pas vraiment de sens. Néanmoins, on peut dégager des similitudes entre ces territoires.
1. Similitudes entres les territoires ultramarins concernant les déchets
Ce sont des territoires qui sont limités en termes d'espace, ce qui ne permet pas l'implantation facile de structures de stockage des déchets, qu'elles soient grandes, comme un centre d'enfouissement, ou plus modestes comme une déchèterie. Ensuite, ce sont des territoires qui sont contraints économiquement. L'étroitesse des marchés ou des gisements ne permet pas le déploiement de filières de recyclage classique de manière pérenne. Enfin, ce sont des territoires qui sont isolés et éloignés, donc fortement dépendants à l'export pour certaines catégories de déchets, avec des contraintes réglementaires fortes à cet export, des coûts importants pour un intérêt environnemental limité. On comprend bien que ces territoires ont intérêt à déployer des solutions en autonomie pour une grande partie de leurs déchets et sur la totalité des typologies de déchets produits, aussi bien publics que privés.
Les typologies de déchets qui sont produites sur ces territoires ne sont pas foncièrement différentes de celles produites ailleurs. Mais il y a des caractéristiques principales.
D'abord, il y a une quantité de déchets verts importante produite, notamment due au climat tropical dans les DOM. Ensuite, on a des quantités d'encombrants qui sont très importantes avec un enjeu sanitaire autour de ces déchets fort du fait que ce sont des gîtes larvaires pour le moustique vecteur de la dingue, du Zika et du chikungunya. Enfin, on a des ordures ménagères résiduelles, c'est ce qui reste en mélange dans la poubelle, dont les tonnages sont plus importants que sur le territoire national.
2. Le service de gestion des déchets dans les Outre-mer
Le service de gestion des déchets dans les DOM se caractérise principalement par un haut niveau de service à l'habitant, avec beaucoup de collectes en porte-à-porte, des fréquences importantes dans l'objectif de limiter les dépôts sauvages et les incivilités. Ça se caractérise aussi par des taux de collecte séparés comme les emballages, qui sont en progression mais qui restent modestes. Enfin, ce sont de grosses quantités de déchets qui sont collectées pour être finalement et majoritairement mises à l'enfouissement et à la décharge.
L'ensemble de ces paramètres impacte fortement les coûts de gestion. Ces coûts sont 1,7 fois plus importants que sur le territoire national, et parfois jusqu'à 2 fois plus chers sur la collecte. Ce sont des systèmes qui sont aussi en déséquilibre puisque la taxe d'enlèvement des ordures ménagères, qui est le modèle principal de financement du service public, ne le couvre pas.
3. Les risques
Dans un système insulaire, lorsqu'un site d'enfouissement est à saturation, trouver un nouveau site pour enfouir les déchets devient problématique. Du fait qu'il y ait peu de structures de traitement sur les territoires, un incident dans la chaîne de traitement, comme un incendie sur une décharge ou un centre de tri, rend très complexe le report des déchets vers d'autres installations ou territoires. Enfin, cette problématique peut être accentuée par les déchets de crise, notamment liés aux aléas climatiques type cyclone ou tempête tropicale.
La recherche d'un modèle résilient et sécurisé nous montre bien qu'il faut sortir de cet aspect linéaire de traitement/élimination des produits en fin de vie pour aller vers une approche en boucle qui ferait de ces produits des ressources sur les territoires.
4. Vers une économie circulaire dans les Outre-mer
Les thématiques de l'économie circulaire matchent bien avec la problématique des déchets d'Outre-mer. C'est par exemple des enjeux de diminution importante des flux, à travers la sobriété mais aussi le réemploi, la réutilisation, la réparation, la gestion de proximité des biodéchets, donc le compostage et les jardins partagés avec des aspects résilience alimentaire qui sont très intéressants. Les territoires ultramarins sont encore fortement marqués par des économies de la débrouille, de l'entraide, avec des savoir-faire à mettre en œuvre, et sont également marqués par la présence d'une économie informelle qui parfois, même si elle peut avoir des effets positifs comme par exemple la consigne informelle sur la bière de l'île de La Réunion, peut souvent avoir des effets négatifs. L'accumulation des véhicules hors d'usage après avoir récupéré les pièces automobiles aux Antilles en est un exemple. On a des tissus associatifs, notamment dans le domaine de l'économie sociale et solidaire, qui sont très dynamiques sur les territoires. Enfin, il y a aussi l'aspect de possibilités de mécanismes fiscaux ou réglementaires qui pourraient permettre de limiter l'entrée de certains flux. La Nouvelle-Calédonie, et sa province Sud, souhaiterait limiter l'entrée des bouteilles plastiques par voie réglementaire sur son territoire.
5. Tri et recyclage
Le tri permettra de créer la ressource autour de laquelle on pourra réfléchir et inventer des filières de valorisation qui seront peut-être différentes de celles classiquement appliquées. Le broyage du verre bouteille, par exemple, dans les DOM, donne principalement un matériau qui est utilisé en sous-couche routière, notamment en Guyane, ce qui permet d'éviter l'extraction de ressources naturelles plutôt que de retourner dans l'industrie du verre. L'accélération de ce modèle nécessite d'avoir une approche intégrée, et une convergence des politiques énergétiques et de déchets. C'est l'enjeu autour du combustible solide de récupération, ou des matières qui pourraient être valorisées énergétiquement en local plutôt qu'exportées pour qu'une partie soit recyclée. C'est aussi à travers l'innovation sur les territoires ; innovation pas forcément high-tech, mais plutôt de modèle social ou logistique, qui permettrait d'avoir des choses vraiment adaptées. Pour cela, il faut un espace réglementaire suffisant pour pouvoir expérimenter ces modèles. On peut imaginer, on peut penser au site d'enfouissement simplifié sur les sites isolés de Guyane, ou encore à l'expérimentation de la consigne de tri pour recyclage en Guadeloupe. Enfin, il faut impulser un changement de comportement important et rapide, notamment à travers l'éducation et la prise en main politique importante des questions de communication sur ces questions.
Conclusion
L'Outre-mer, bien qu'elle ait un retard structurel réel, a des atouts pour être un véritable laboratoire sur l'économie circulaire. Notamment, la petite échelle permet de déployer des solutions dont le retour d'expérience peut être rapide et profitable à tous.
Contributeurs
Ferdinand Malcom
CNRS - Centre National de la Recherche Scientifique
Trottmann Charles
directeur du département des Trois Océans , AFD - Agence française de développement
Hierso Daniel
président d'Outre-Mer Network
Merckaert Jean
Directeur Action Plaidoyer France Europe à Secours Catholique-Caritas France
Moatti Jean-Paul
Professeur Emerite , Université Aix-Marseille
Severino Jean-Michel
Waisman Henri
Marniesse Sarah
AFD - Agence française de développement
PELLAUD Francine
Haute École Pédagogique de Fribourg (Suisse)
Ndour Yacine Badiane
Solano Philippe
Chotte Jean-Luc
Tribollet Aline
directrice de recherche , IRD - Institut de Recherche pour le Développement
de Pracontal Nyls
président du groupe Outre-mer du comité français de l'UICN
Zammite Jean-Michel
directeur des Outre-mer , OFB - Office Français de la Biodiversité
Hermet François
Université de La Réunion
Briolin Sara
présidente de Femmes en Devenir
Martin-Prével Yves
directeur de recherche , IRD - Institut de Recherche pour le Développement
Roch Jérôme
directeur régional - Guadeloupe , ADEME
Demenois Julien
chargé de mission "4 pour 1000" , CIRAD - Centre de coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement
Chignoli Claire
ingénieure "économie circulaire et déchets" , ADEME
Gaspard Sarra
professeure , Université des Antilles
Perche Mélanie
coordinatrice du REGAL Réunion
Devakarne Jaëla
coordinatrice d'Isopolis
Jacob Vincent
chercheur , CIRAD - Centre de coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement
Reboul Lucile
Goût Nature
Law-Weng-Sam Betty
USEP Nord Réunion
Brunette Cléa
Assistante de projet au sein d'Unite Caribbean
Ozier-Lafontaine Harry
directeur de recherche , INRAE - Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement
Comier Annick
maire de la commune de Fonds-Saint-Denis en Martinique
Douine Maylis
médecin chercheur au Centre d'investigation clinique Antilles-Guyane
Edant Caroline
cheffe de projet Biodiversité , AFD - Agence française de développement
Charles Mahé
coordinateur technique du Secrétariat de l'initiative Kiwa
Dangles Olivier
directeur de recherche , IRD - Institut de Recherche pour le Développement
Souffou Tchico
chargé d'opération construction de la mairie de M'Tsangamouji à Mayotte
Lhoste Matthieu
directeur des travaux et de l'entretien de la mairie de M'Tsangamouji à Mayotte
Géraux Hubert
expert "Conservation & Plaidoyer Nouvelle-Calédonie" , WWF France
Bizien Thibaud
cofondateur de Caledoclean
Daniel Justin
professeur , Université des Antilles