En ligne depuis le 10/01/2022
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Description
Les territoires français d'Outre-mer doivent aujourd'hui relever plusieurs défis, touchant aussi bien les aspects écologiques, économiques ou sociaux. Cet ensemble de vidéos permet de mieux comprendre ce besoin de développement durable dans les Outre-mer, et il vise à montrer que des personnes et des acteurs sont déjà engagés autour de ces questions, et ce sur tous les territoires ultramarins.
Objectifs d'apprentissage :
- Comprendre la diversité des points de vue qui existent quand on parle de développement durable dans les Outre-mer.
- Découvrir les 17 Objectifs de Développement Durable.
- Comprendre les caractères universels et indivisibles des 17 Objectifs de Développement Durable
- Appréhender les enjeux de développement durable les plus saillants pour les Outre-mer.
- Découvrir des personnes et des structures, dans tous les Outre-mer, engagées pour l'atteinte des Objectifs de Développement Durable.
- Comprendre l'importance des partenariats et de la coopération dans la mise en place de projets de développement durable.
- Comprendre les freins et les leviers pour la mise en place, par les différents acteurs du territoire, de projets de développement durable.
État
- Labellisé
Langues
- Français
Licence Creative Commons
- Partage des conditions à l'identique
- Pas d'utilisation commerciale
- Pas de modification
Nature pédagogique
- Cours
- Entretiens et témoignages
Niveau
- Bac
- Bac+3
Objectifs de Développement Durable
- 1. Pas de pauvreté
- 10. Inégalités réduites
- 11. Villes et communautés durables
- 17. Partenariats pour la réalisation des objectifs
Types
- Parcours thématique
Mots-clés
Introduction : Points de vue sur le Développement durable dans…
A la découverte des 17 Objectifs de Développement Durable
Les ODD dans le contexte des Outre-mer : 4 enjeux prioritaires
Exemples d'initiatives pour relever le défi du développement…
Conclusion : La mobilisation de tous les acteurs pour l'action…
Interactions entre ODD : illustration avec les Maladies Tropicales Négligées
Philippe Solano, Directeur de recherche à l'IRD
Au sein de la grande diversité des maladies infectieuses, certaines sont très connues (le VIH sida, le paludisme, Ebola) car elles sont sous les feux de l'actualité malheureusement. Mais d'autres le sont beaucoup moins. Pour certaines d'entre elles, l'OMS a défini ce qu'on peut appeler un label qui s'appelle les Maladies Tropicales Négligées. Un coup d’œil rapide à cette liste. Vous pouvez voir trypanosomiase, lèpre, onchocercose et d’autres, ulcère de Buruli, trachome… Elle vous permet de voir leurs origines diverses et rappelle pour certaines qu'elles existent encore alors que pour la plupart du grand public, ces maladies sont d'un autre âge et sont devenues oubliées.
1. Maladies Tropicales Négligées et ODD
En janvier 2016, le monde est entré dans l'ère des Objectifs de Développement Durable, ODD, après 15 années consacrées aux Objectifs du Millénaire pour le Développement, les OMD. Une des idées centrales est que la lutte contre ces Maladies Tropicales Négligées dont je vous parle, MTN, cette lutte apporte une contribution majeure à la réalisation du programme des ODD dans toute son ampleur et sa diversité. C'est donc à l'objectif lié à la santé, en partie l'ODD3, la cible 3.3 en particulier pour les Maladies Tropicales Négligées, que l'action contre ces MTN contribue le plus. Mais ces maladies ont une incidence sur et sont influencées par de nombreux autres domaines de développement couverts par le programme des ODD. L'Objectif 1 par exemple, qui consiste à éliminer la pauvreté sous toutes ses formes et partout dans le monde. Les programmes de lutte contre ces MTN jouent un rôle important pour réduire la charge financière liée aux dépenses de santé, mais aussi l'exposition aux conséquences physiques et mentales qui elles-mêmes affectent la capacité des populations à générer des revenus et à contribuer ainsi à la croissance économique nationale qu'on trouve dans l'ODD8. Ces regroupements sont également observables pour d'autres ODD, le 2 par exemple : éliminer la faim, assurer la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition. L’ODD4 : assurer l'accès de tous à une éducation de qualité. Le 6 : garantir l'accès de l'eau à tous et garantir l'accès à l'assainissement. Le 11 sur les villes : pour que les villes et les établissements humains soient ouverts à tous, sûrs, résilients et durables ; ou bien d'autres.
2. Lutter contre les MTN ? Interactions avec d’autres ODD
Je vais vous illustrer quelques interactions entre ODD ou au sein même de cet ODD3, bien sûr, sur le thème des maladies infectieuses et plus particulièrement des Maladies Tropicales Négligées.
2.1. Au sein de l’ODD 3
Premier exemple, au sein de cet ODD3 et même du 3.3 : en voulant contrôler et éliminer ces maladies, on peut être amené à avoir des actions à effets négatifs sur notre propre bien-être. Tout le monde a entendu parler et tout le monde a en tête les problèmes d'insecticides ou de pesticides qu'on retrouve ensuite soit dans nos assiettes soit dans notre organisme par exemple. Dans ces cas-là, une solution, évidemment c'est de le savoir. On a des faits mesurables. Donc, pour pouvoir améliorer et en tenir compte, il faut à la fois connaître ses effets, les anticiper et lorsqu’on le peut, privilégier le recours à des solutions qui soient alternatives, locales, ciblées. Mais quelquefois, on peut ne pas avoir le choix et être amené à continuer d'utiliser ces insecticides. À ce moment-là, il faut rationaliser leur utilisation et avoir en tête tout ce que cela peut entraîner.
2.2. Avec la biodiversité
Autre exemple d'interaction, encore une fois lorsqu'on va être amené à éliminer ou éradiquer un pathogène ou un insecte vecteur qui le transmet : peut-on avoir des impacts négatifs en termes de biodiversité ? Effectivement, les insectes vecteurs, pour prendre cet exemple, participent de fait à l'équilibre général, aux chaînes alimentaires. Donc, si on l'éradique, on aura probablement un impact négatif souvent un peu difficile d’ailleurs à mesurer. L'idée à ce moment-là serait de privilégier lorsque c'est possible des éradications locales bien sûr, et on peut aussi penser qu’en se contentant entre guillemets d'empêcher l'arrivée à l’homme finalement, puisqu'on veut le protéger, donc, l'arrivée à l'homme du pathogène ou du vecteur qui transmet ce pathogène, on peut à la fois protéger l'homme tout en ayant un impact très limité et acceptable sur l'ensemble de la chaîne écologique et des équilibres qui existent sur le long terme.
2.3. Avec l’agriculture
Avec un autre exemple, je vais aller dans un cas un peu concret. La mouche tsé-tsé transmet une maladie. En fait, elle transmet un parasite qui s'appelle le trypanosome, qui cause une maladie à la fois à l'homme, qu'on appelle la maladie du sommeil, et aux animaux domestiques, d'élevage, qu’on appelle les trypanosomoses animales. Prenons l'exemple d'une zone en Afrique où il y a de la trypanosomose animale transmise par les tsé-tsé. On essaye d'intervenir pour que les bovins ne soient plus malades, que donc, on puisse assurer un peu plus de sécurité alimentaire, et que les éleveurs puissent en tirer des bénéfices.
Ce qui va se passer c'est que dans cette zone d'Afrique, on a plusieurs sortes de bovins. Les bovins qu'on appelle trypanotolérant, vous les voyez ici, ces bovins de petit format sans bosse qui ont vraisemblablement développé leur tolérance à l'infection trypanosomienne, aux dépens d'un format un peu limité en taille et en poids. Il existe aussi dans ces mêmes zones souvent, des zébus, qui sont d'autres bovins venus plus récemment en Afrique. Ils ont une bosse et eux sont un plus sensibles à la maladie, ils résistent beaucoup moins, mais ils sont plus gros. Qu'est-ce qui va se passer ? Si on éliminé les tsé-tsé, il y a fort à parier, comme c'est déjà arrivé, qu'en fait, les éleveurs vont se tourner vers l'importation de races européennes comme ces belles charolaises que vous voyez là, qui évidemment produisent beaucoup plus de viande, beaucoup plus de lait, mais qui seront très probablement sujettes à beaucoup d'autres problèmes lorsqu'elles arriveront dans ces zones-là, en dehors du fait qu’on aura aussi éliminé les ressources génétiques locales qui étaient là.
La solution dans ces cas-là, c'est d'essayer de bien avoir tous ces aspects en tête et au moment de la mise en œuvre du programme de lutte, penser à la valorisation des ressources génétiques locales. C'est un exemple et ça illustre bien les interactions entre ces différents ODD.
2.4. Avec le climat
À propos des maladies infectieuses et du changement climatique par exemple, autre interaction entre ODD. On entend souvent dire, comme cela peut être vrai, "avec le changement climatique on va avoir une pullulation de vecteurs et un grand nombre d'épidémies." Mais ce n'est pas tout le temps vrai. Il y a aussi des fois où au contraire, il faudrait pouvoir profiter de ces conditions que l'on n'a pas choisies, mais qui seront du réchauffement climatique et de l'anthropisation, qui entraînent une dégradation des habitats et donc, des conditions défavorables finalement pour ces insectes vecteurs, pour prendre cet exemple-là. Et c'est à ce moment-là qu'il faut mettre à profit et donc, se saisir de l'opportunité qui existe et qui n'existait pas avant pour mettre fin à la menace qu'ils représentent. Donc, c’est aussi pour équilibrer un peu ce qu'on entend, donc cette interaction n'est pas à sens unique. On peut aussi en profiter pour éliminer quand on le peut ces maladies.
3. Conclusion
Si vous me demandez, finalement, pourquoi éliminer ces maladies infectieuses, en particulier ces Maladies Tropicales Négligées, je vais vous le dire sous forme simple et basique.
Simple : c'est un droit humain, article 25 de la Déclaration universelle des droits humains de 1948 : "toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille."
Basique : c'est une contribution à l'atteinte des objectifs de développement durable, mais pas seulement. On vous dit, nous les scientifiques et certains experts que pour ces maladies, certaines de ces maladies, c'est faisable.
Simple : c'est ce que nous ferions sans le moindre état d'âme si c'était notre pays et d'ailleurs, c'est ce que nous avons fait puisque nous avons éliminé le paludisme de France il y a quelques années.
Basique : éviter que ces maladies dont la prévalence a diminué ne redeviennent un jour des maladies émergentes et donc des menaces pour tous. On pense à la trypanosomiase, à Zika, à Ebola.
Simple : parce qu'en les éliminant là où elles sévissent et c’est encore souvent loin de chez nous, on évite le risque d'une importation de ces maladies.
Contributeurs
Ferdinand Malcom
CNRS - Centre National de la Recherche Scientifique
Trottmann Charles
directeur du département des Trois Océans , AFD - Agence française de développement
Hierso Daniel
président d'Outre-Mer Network
Merckaert Jean
Directeur Action Plaidoyer France Europe à Secours Catholique-Caritas France
Moatti Jean-Paul
Professeur Emerite , Université Aix-Marseille
Severino Jean-Michel
Waisman Henri
Marniesse Sarah
AFD - Agence française de développement
PELLAUD Francine
Haute École Pédagogique de Fribourg (Suisse)
Ndour Yacine Badiane
Solano Philippe
Chotte Jean-Luc
Tribollet Aline
directrice de recherche , IRD - Institut de Recherche pour le Développement
de Pracontal Nyls
président du groupe Outre-mer du comité français de l'UICN
Zammite Jean-Michel
directeur des Outre-mer , OFB - Office Français de la Biodiversité
Hermet François
Université de La Réunion
Briolin Sara
présidente de Femmes en Devenir
Martin-Prével Yves
directeur de recherche , IRD - Institut de Recherche pour le Développement
Roch Jérôme
directeur régional - Guadeloupe , ADEME
Demenois Julien
chargé de mission "4 pour 1000" , CIRAD - Centre de coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement
Chignoli Claire
ingénieure "économie circulaire et déchets" , ADEME
Gaspard Sarra
professeure , Université des Antilles
Perche Mélanie
coordinatrice du REGAL Réunion
Devakarne Jaëla
coordinatrice d'Isopolis
Jacob Vincent
chercheur , CIRAD - Centre de coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement
Reboul Lucile
Goût Nature
Law-Weng-Sam Betty
USEP Nord Réunion
Brunette Cléa
Assistante de projet au sein d'Unite Caribbean
Ozier-Lafontaine Harry
directeur de recherche , INRAE - Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement
Comier Annick
maire de la commune de Fonds-Saint-Denis en Martinique
Douine Maylis
médecin chercheur au Centre d'investigation clinique Antilles-Guyane
Edant Caroline
cheffe de projet Biodiversité , AFD - Agence française de développement
Charles Mahé
coordinateur technique du Secrétariat de l'initiative Kiwa
Dangles Olivier
directeur de recherche , IRD - Institut de Recherche pour le Développement
Souffou Tchico
chargé d'opération construction de la mairie de M'Tsangamouji à Mayotte
Lhoste Matthieu
directeur des travaux et de l'entretien de la mairie de M'Tsangamouji à Mayotte
Géraux Hubert
expert "Conservation & Plaidoyer Nouvelle-Calédonie" , WWF France
Bizien Thibaud
cofondateur de Caledoclean
Daniel Justin
professeur , Université des Antilles