En ligne depuis le 04/05/2015
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Description
Dans une deuxième semaine de cours, partez à la découverte de la biodiversité des océans, des récifs coralliens aux lagunes littorales. Cette biodiversité, dont la connaissance est encore partielle, fait aujourd'hui l'objet d'une grande attention de par son importance dans les grands équilibres de la biosphère, mais aussi de par les services qu'elle rend aux sociétés humaines, à commencer par la fourniture de ressources alimentaires. C'est dans ce cadre-là qu'est développée aujourd'hui l'approche écosystémique des pêches, visant à concilier ces différents enjeux de préservation.
État
- Labellisé
Langues
- Français
Licence Creative Commons
- Pas d'utilisation commerciale
- Pas de modification
- Paternité
Nature pédagogique
- Cours
Niveau
- Bac+1
- Bac+2
Types
- Grain audiovisuel
Contributeurs
BOEUF Gilles
Sorbonne Université
Ce document contient la transcription textuelle d’une vidéo du MOOC UVED «Biodiversité ». Ce n’est donc pas un cours écrit au sens propre du terme ; le choix des mots, l'articulation des idées et l’absence de chapitrage sont propres aux interventions orales des auteurs.
Océans : biodiversité et ressources - Introduction
Gilles Bœuf
Professeur, Université Paris Sorbonne
1. Histoire
L'océan est de très loin le plus grand volume sur la Terre offert à la vie : largement plus de 90 %. Cette immense étendue d'eau, stable depuis très longtemps, est composée de sels. Elle abrite une diversité biologique très particulière. C'est là que la vie prend naissance, dans cet océan, vers 3,85 milliards d'années. C'est là aussi que la vie se différencie. Et c'est là que les grands événements qui vont structurer le vivant et l'organiser se produisent jusqu'à la sortie de l'océan il y a environ 450 millions d'années.
2. Biodiversité
Dans l'océan, il n'y a pas beaucoup d'espèces. Cela surprend beaucoup les gens. Aujourd'hui, déposées dans nos musées, on en connaît un peu moins de 250 000 alors qu'on connaît à peu près 2 millions d'espèces sur la Terre. Cela fait donc 13 % d'espèces marines, alors qu’on en a 23 % dans les sols par exemple. Pourquoi un si grand volume avec aussi peu d'espèces ? Ceci est lié à deux choses. La première est qu'on connaît moins l'océan, et donc on sous-estime la biodiversité marine. La seconde est liée à la stabilité de l'océan, depuis très longtemps, et surtout sa connectivité : tout est en relation avec tout ce qui est très différent des écosystèmes terrestres. Il y a beaucoup moins d'endémisme.
Par contre, les espèces sont particulières. Les continents sont surtout peuplés d'arthropodes - des insectes -, et de vertébrés alors que dans l'océan, on trouve beaucoup de groupes très ancestraux apparus il y a très longtemps. Si je ne prends que les animaux comme exemple, on les a classés en 31 grands groupes dont 12 n'ont jamais été capables de quitter l'océan. C’est le cas des échinodermes (étoiles de mer, oursins, etc.). Il n'y a pas de groupes apparus sur les continents. Tout part de l'océan. Certains en sortent, d'autres y restent en permanence.
3. Enjeux
L’océan aujourd'hui fait l'objet d'exploitations de ressources vivantes à partir de la biodiversité. On pense bien sûr aux pêches et aux cultures marines, l'aquaculture, mais on oublie souvent aussi au moins 25 000 molécules d'intérêt pharmacologique : des molécules clés comme des anticancéreux, des immunosuppresseurs, des immunostimulants, des facteurs anti-fécondation, etc. La molécule clé du cancer et la compréhension du phénomène de cancérisation a valu un prix Nobel à Timothy Hunt en 2001. Il fait ça grâce à l'étoile de mer et à l'oursin. La limace de mer permettra à Éric Kandel de comprendre les bases moléculaires de la mémoire. Cela servira beaucoup pour les problèmes de traitement anti Alzheimer, etc.
Concernant les pêches mondiales, elles sont aujourd'hui dans une situation très compliquée : on surexploite en permanence. Le défi est donc de diminuer la pression de pêche, d’avoir des engins plus sélectifs, et de faire une véritable gestion écosystémique des pêches. Si on pêche trop, cela peut amener à des catastrophes comme la disparition des stocks de morues à Terre-Neuve il y a maintenant 40 ans alors que pendant 500 ans tout s'était bien passé. Il y a aussi le quasi effondrement des stocks de thon rouge qu'on a réussi à sauver in extremis dans les années écoulées aussi en Méditerranée. Il y a aussi le défi de l'aquaculture, qui elle consiste à cultiver dans de l'eau de mer, douce ou salée.
Le vrai défi pour l'océan est la température qui augmente, la pollution, la surpêche et aussi l'acidification qui est liée au CO2 qui, lorsqu'il ne se maintient pas dans l'atmosphère va se dissoudre dans l'océan.