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Description

Béatrice Laffitte, vétérinaire, et Xavier Boivin, directeur de recherche à l'INRAE, discutent dans cette vidéo des relations entre les Hommes et les animaux d'élevage. S'appuyant sur les concepts de l'éthologie appliquée, ils montrent les résultats d'une expérience de terrain portant sur la distance de fuite des animaux d'élevage. Pour conclure, ils interrogent les relations futures entre éleveurs et animaux d'élevage tant sur le plan scientifique que social.

Objectif d'apprentissage :

- Comprendre les relations entre les Hommes et les animaux d'élevage et les relations futures entre éleveurs et animaux d'élevage tant sur le plan scientifique que social.

État
  • Labellisé
Langues
  • Français
Licence Creative Commons
  • Pas d'utilisation commerciale
  • Pas de modification
  • Paternité
Nature pédagogique
  • Cours
Niveau
  • Bac+2
  • Bac+3
Thèmes
  • Alimentation
Types
  • Grain audiovisuel
Mots-clés
élevageéthologierelation homme-animal
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Contributeurs

Laffitte Béatrice

Boivin Xavier

INRAE - Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement

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Béatrice Laffitte, vétérinaire ; Xavier Boivin, directeur de recherche à l'INRAE

Les sociologues ont étudié la relation entre l’animal et le métier d’éleveur. Pour certains, l’animal est un compagnon de travail et de relation professionnelle, mais les éleveurs ne sont pas tous les mêmes et certains voient l’animal comme une machine biologique qu’il faut entretenir ou comme un animal communicant jusqu’à avoir des relations affectives avec leurs animaux. Ces différentes visions du métier et ces différents niveaux d’intérêt dans le métier entraînent différentes façons de prendre soin des animaux. La question qui se pose, c’est : estce que ces représentations modifient le comportement des éleveurs vis-à-vis des animaux ?

En éthologie, une relation se définit par la résultante des interactions entre deux partenaires qui se connaissent l’un l’autre. Les deux partenaires, l’homme et l’animal, ont des capacités d’évaluation, d’émotions, de mémorisation et d’apprentissage qui leur permettent de prédire l’issue des futures interactions. Un enjeu important d’un point de vue scientifique, c’est d’étudier la relation au travers de la perception émotionnelle de chacun des partenaires par l’autre. Les enjeux sont très importants, autant en termes de production, de travail, de satisfaction au travail, de sécurité, de bien-être animal et de santé, autant pour l’homme que pour l’animal.

En tant que vétérinaire, je suis régulièrement confrontée à des animaux difficiles à soigner à cause de leur peur de l’homme. Pour illustrer l’approche théorique que vous a présentée Xavier Boivin juste avant, je voudrais vous rapporter brièvement une étude que j’ai conduite dans le Sud-Ouest de la France sur les élevages de ma clientèle, en collaboration avec l’INRAE et un laboratoire autrichien qui se posait les mêmes questions. Nous avons testé la distance de fuite des vaches dans l’élevage pour appréhender leur docilité et nous l’avons rapproché du comportement des éleveurs en salle de traite et des pratiques qu’ils déclaraient avoir autour des veaux au moment de la naissance.

La ferme que vous voyez ici est une ferme où les distances de fuite des vaches sont très élevées, à plus de 3 mètres. Ça confirme la sensation qu’on avait quand on visite cette ferme pour faire des soins puisqu’il nous est arrivé, à plusieurs reprises, de devoir sauter les barrières pour se mettre à l’abri. Vous voyez ici les résultats de l’étude. On a demandé aux éleveurs quelle quantité de contacts ils entretenaient avec les veaux autour de la naissance. Ici, les fermes sont représentées par des numéros. En ordonnée, c’est la distance de fuite des vaches. On voit qu’il y a une relation très nette entre la quantité de contacts des éleveurs. Les éleveurs qui ont beaucoup de contact avec leurs veaux ont des vaches beaucoup plus dociles que les éleveurs qui ont peu de contact avec leurs veaux.

Comment peut-on voir le système d’élevage de demain ? En tant que vétérinaire et en écoutant les éleveurs, il est clair qu’ils ont besoin de trouver un équilibre entre les aspirations personnelles et les contraintes. On leur en demande beaucoup en termes de réglementation, de sécurité sanitaire, de traçabilité, de respect du bien-être animal et de l’environnement. Comme tous les métiers, ils ont besoin d’avoir une vie hors du travail. La mécanisation, qui permet de leur faire gagner du temps en posant des capteurs sur les vaches, entraîne une nouvelle organisation. La question qui se pose, c’est : quel est l’impact de cette nouvelle organisation sur la relation homme-animal dans les élevages de demain ?

En conclusion des perspectives de cette présentation, il est clair qu’étudier la relation hommeanimal est un challenge scientifique transdisciplinaire. Dans les pratiques relationnelles, humains et animaux doivent être considérés comme partenaires de la relation. Trouver des indicateurs en élevage de ce qui semble possible, difficile ou impossible à gérer du point de vue de l’animal ou de l’homme, pour établir un dialogue avec l’éleveur, sont des challenges importants. Comment réinvestir le temps gagné par les nouvelles techniques au bénéfice de la relation homme animal ? Ce sont autant de ponts qu’il faut créer entre l’éthologie, la zootechnie, l’ergonomie et la didactique.