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Description

Céline Montero, animatrice et formatrice en EDD et éducation populaire et Marie-Laure Manoux, enseignante au lycée Rochefort Montagne, présentent dans cette vidéo (11'16) une expérimentation de discussion à visée philosophique auprès de lycéens. Portant sur "À qui appartient la Terre ?", cette démarche est décrite avec précision. Des informations sont aussi apportées sur les moyens à mobiliser en termes d'animation et de temps.

État
  • Labellisé
Langues
  • Français
Licence Creative Commons
  • Partage des conditions à l'identique
  • Pas d'utilisation commerciale
  • Pas de modification
  • Paternité
Nature pédagogique
  • Cours
Niveau
  • Bac+2
  • Bac+3
Objectifs de Développement Durable
  • 4. Education de qualité
Types
  • Grain audiovisuel
Mots-clés
éducation à l'environnement et au développement durablephilosophie
La pédagogie par projet
La pédagogie par projet
Un exemple de mise en œuvre de la pédagogie par projet à l'école primaire
Un exemple de mise en œuvre de la pédagogie par projet à l'école primaire
Un exemple de mise en œuvre de la pédagogie par projet dans l'enseignement secondaire
Un exemple de mise en œuvre de la pédagogie par projet dans l'enseignement secondaire
L'objet FABuleux, un exemple de pédagogie par projet
L'objet FABuleux, un exemple de pédagogie par projet
Les questions socialement vives et les controverses
Les questions socialement vives et les controverses
Traiter les questions socialement vives à l'école primaire : le conte, déclencheur du débat
Traiter les questions socialement vives à l'école primaire : le conte, déclencheur du débat
Un exemple de mise en œuvre des controverses dans l'enseignement secondaire
Un exemple de mise en œuvre des controverses dans l'enseignement secondaire
Un exemple de mise en œuvre des controverses dans l'enseignement supérieur
Un exemple de mise en œuvre des controverses dans l'enseignement supérieur
Le débat et les discussions à visée philosophique
Le débat et les discussions à visée philosophique
Un exemple de mise en œuvre de la discussion à visée philosophique à l'école primaire
Un exemple de mise en œuvre de la discussion à visée philosophique à l'école primaire
Le débat et les discussions à visée philosophique dans l'enseignement supérieur
Le débat et les discussions à visée philosophique dans l'enseignement supérieur
Fondements de la pédagogie critique
Fondements de la pédagogie critique
Exemples de mise en œuvre de la pédagogie critique
Exemples de mise en œuvre de la pédagogie critique
Stratégie pour une démarche globale en éducation à l'environnement et au développement durable à partir de l'exploration du milieu de vie
Stratégie pour une démarche globale en éducation à l'environnement et au développement durable à…
Qu'est-ce qu'une enquête ?
Qu'est-ce qu'une enquête ?
Mettre en œuvre la pédagogie de l'enquête en éducation au développement durable
Mettre en œuvre la pédagogie de l'enquête en éducation au développement durable
Contributeurs

Montero Céline

Manoux Marie-Laure

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Céline Montéro, Formatrice indépendante
Marie-Laure Manoux, Enseignante, Lycée de Rochefort Montagne

Cette expérimentation a été menée suite à un mémoire de recherche dont la question était la suivante : "En quoi les discussions à visée philosophique peuvent-elles contribuer à l'éducation au développement durable ?" Pour cette expérimentation, nous nous sommes appuyés sur les résultats des travaux contenus dans ces mémoires. Nous avons d'abord créé un club de philo au lycée dans le cadre des activités périscolaires. Les élèves étaient bien entendu volontaires. Ce club a été créé en lien avec la démarche de l'Agenda 21, et il a eu lieu une fois par mois pendant un an. 

À l'origine du projet, on souhaitait intégrer les ateliers philo dans les actions de l'Agenda 21 du lycée, ce qui finalement n'a pas pu se faire. Les objectifs pour les élèves étaient de les initier à la pensée critique systémique et complexe. En effet, les résultats du mémoire avaient mis en avant les convergences de finalités entre les discussions à visée philosophique et l'éducation au développement durable. C'est cette dimension qu'on a souhaité explorer dans l'expérimentation. Pour les formateurs, il s'agissait de tester une démarche pédagogique innovante. C'est les résultats de cette expérimentation qu'on souhaite partager avec vous dans cette vidéo. 

Tout d'abord, il faut bien distinguer la discussion à visée philosophique du débat. Le débat vise à opposer des arguments. La discussion philosophique à visée philosophique quant à elle permet d'élaborer, selon Michel TOZZI, une pensée personnelle à l'aide des autres. Autrement dit, c'est penser pour soi à plusieurs. 

Pour l'animation, nous nous sommes réparti les rôles de la manière suivante. Il y avait un animateur, un synthétiseur et un observateur. L'animateur distribue, répartit la parole, dynamise, relance si besoin et, éventuellement, demande des exemples ou des contre-exemples. Mais chose très importante, il n'oriente pas la nature des échanges. Le synthétiseur réalise des synthèses intermédiaires, mais aussi la synthèse finale. Il fait le point avec les élèves sur ce qui a été dit, mais aussi sur où on en est dans la réflexion concernant la question. Donc il se base sur sa carte heuristique pour prendre des notes. Enfin, l'observateur analyse et observe attentivement l'atelier et il analyse dans une approche critique et métacognitive, le déroulement de l'atelier. 

Venons-en maintenant au choix de la question à proprement parler. Il s'agit de s'interroger sur les spécificités de cette question : en quoi est-elle philosophique ? En quoi est-elle en lien avec l'éducation au développement durable ? Pour cela, et nous l'avons vu au cours de nos ateliers, 2 remarques s'imposent. Tout d'abord, parmi les réponses des élèves, nous avons toujours les mêmes réponses avec des publics différents. Et puis, deuxièmement, il est tout à fait possible de faire le tour de la question, ce qui est très intéressant. 

Venons-en maintenant à la première question sur laquelle nous avons travaillé qui est : à qui appartient la Terre ? 

Pour démarrer l'atelier, on s'assoit en cercle sur une chaise sans table au milieu. Pour démarrer, l'animateur allume une bougie. Cette bougie balise un espace-temps particulier, un espace-temps où la parole est précieuse et bienveillante et où chacun s'engage à ne pas répéter à l'extérieur de l'atelier ce qui s'y sera dit. Ensuite, l'animateur propose une petite phrase inaugurale qu'on a reprise de LEVINE qui est : "Comme tous les gens sur Terre, les vieux, les jeunes, les gens d'avant, les gens de maintenant, les gens d'ici, les gens d'ailleurs, nous allons nous poser une question que tout le monde se pose et cette question la voici : à qui appartient la Terre ?" Là, on laisse 1 à 2 minutes aux élèves pour prendre un petit peu le temps de la réflexion. 

Et ensuite, l'animateur fait tourner le bâton de la parole dans l'ordre dans lequel ils sont assis pour commencer. Chaque élève prend la parole, ceux qui n'ont rien à dire disent "Je n'ai rien à dire" et passent le bâton. Il s'agit de proposer une première réponse assez rapide à la question. L'animateur note les réponses dans l'ordre de leur énoncé par les élèves. Il peut proposer ensuite un deuxième tour de chauffe. Ensuite, il relit ses notes les unes après les autres et puis chaque élève peut intervenir à ce moment-là à sa guise pour demander le bâton de la parole et commencer la discussion à visée philosophique. 

Le rôle de l'animateur est un peu une posture d'équilibriste, Marie-Laure l'a présenté tout à l'heure, déjà. Il s'agit de faire participer tout le monde, ou en tout cas les élèves qui le souhaitent parce que certains élèves peuvent être dans des postures d'écoute active sans forcément souhaiter prendre la parole. L'animateur doit aussi inviter les élèves à exprimer le mieux possible leurs idées et à construire des raisonnements. Pour ça, il peut proposer des reformulations, il peut demander des exemples, des contre-exemples. C'est vraiment assez exigeant et il convient de se préparer à cette posture un petit peu spéciale parce que le danger, ça peut être d'induire des réponses qu'on souhaiterait entendre alors que l'idée est vraiment d'aider les élèves à construire par eux-mêmes le raisonnement. Finalement, ce n'est pas qui se dit qui est important, c'est la manière dont on va structurer les idées. 

Ensuite, le synthétiseur intervient toutes les 3 à 4 minutes idéalement parce qu'en fait avec des lycéens la parole est plus élaborée et les raisonnements sont plus complexes qu'avec des enfants. Pour le synthétiseur, retranscrire le fil de qui se dit, c'est beaucoup plus complexe que pour des enfants. C'est donc important de le faire assez rapidement pour ne pas perdre le fil et pour rendre lisible auprès des élèves la construction de la pensée et pas que ça fasse un peu comme une discussion de comptoir, entre guillemets. L'idée, c'est qu'on soit vraiment dans un raisonnement philosophique et pas dans une conversation banale. Puis, le synthétiseur intervient pour la dernière fois à la fin de l'atelier. 

On clôt l'atelier en éteignant la bougie et on fait un petit bilan avec les élèves sur leur ressenti, comment ils ont vécu l'atelier, est-ce qu'ils ont des propositions de questions philosophiques pour la fois d'après. On a testé ça et on a arrêté parce qu'on était en difficulté pour exploiter ensuite la question proposée par les élèves. 

Pour préparer et analyser un atelier de discussions à visée philosophique, il vous faut beaucoup de temps. Tout d'abord, comptez 2 heures environ pour la préparation de votre atelier, le choix de la question, son exploration et la réalisation de la carte heuristique. L'atelier étant enregistré, il dure 30 à 45 minutes environ. La retranscription vous prendra environ 3 heures. Ce travail a été fait pour les premiers ateliers de discussions à visée philosophique, mais étant très chronophage, nous ne l'avons pas fait pour les autres ateliers. Enfin, une heure sera le temps qu'il vous faut pour faire le bilan de votre séance. Au total, il vous faut environ 7 heures de travail pour réaliser votre atelier de discussion à visée philosophique. 

En conclusion, on peut témoigner d'un grand enthousiasme à avoir mené ces ateliers et cette expérimentation même si ça a demandé un travail rigoureux et assez prenant. On a été très enrichis les uns les autres par nos contextes d'intervention différents d'éducation populaire et d'enseignement agricole. On a été aussi ravis par les retours des élèves qui nous ont montré leur intérêt pour les ateliers et leur contentement d'y participer. On espère que cette expérience vous donnera envie de mener aussi votre propre expérimentation dans votre contexte d'intervention, sachant que la présentation qu'on a faite là n'est pas forcément une méthodologie transposable en l'état à d'autres contextes, mais la méthodologie d'une co construction et d'une co élaboration d'une méthodologie dans l'action pour l'action. On vous souhaite plein de belles expériences aussi nourrissantes que les nôtres.