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Description

Pierre Victoria, Directeur du Développement Durable de Veolia, montre dans cette vidéo (9'55) l'appropriation des Objectifs de Développement Durable (ODD) par les entreprises. Il analyse tout d'abord l'évolution des attentes de la société vis-à-vis des entreprises, avant de mettre en évidence 3 niveaux possibles d'appropriation de ces ODD.

Objectifs d’apprentissage :
- Appréhender de manière générale l'appropriation des ODD par les entreprises.
- Comprendre le positionnement d’un groupe comme Veolia par rapport aux ODD.

État
  • Labellisé
Langues
  • Français
Licence Creative Commons
  • Partage des conditions à l'identique
  • Pas d'utilisation commerciale
  • Pas de modification
  • Paternité
Nature pédagogique
  • Animation
  • Cours
Niveau
  • Bac+2
  • Bac+3
Thèmes
  • RSE & Management
Types
  • Grain audiovisuel
Mots-clés
entrepriseODDobjectifs de développement durable
Les acteurs s'emparent des ODD
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Les ODD, des acteurs engagés pour le bien commun
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Les ODD peuvent-ils structurer l’action de la société civile ?
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On réussira les ODD avec les citoyens
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L’Agenda 2030, agenda pour et par la jeunesse
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Quels acteurs doivent se mobiliser pour atteindre les objectifs sociaux ?
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La mobilisation des acteurs financiers autour des ODD
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Comment parler des ODD ? Les médias devant le long terme
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Comment répondre à l'impératif d'une large mobilisation pour les ODD ?
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Contributeurs

Victoria Pierre

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Comment les entreprises participent-elles à l’intérêt général dans le monde ?

Pierre Victoria, Directeur du Développement Durable de Veolia
 

Comment les entreprises contribuent-elles concrètement à la mise en œuvre des Objectifs du Développement Durable, décidés par les Nations unies en 2015 sur la durée 2015-2030 ?

Je pense tout d'abord qu'il faut bien comprendre que les ODD constituent un cadre de référence extrêmement important pour montrer la relation entre les entreprises, la société et le bien commun. Je m'explique. Aujourd'hui, le monde de l'entreprise a été extrêmement ébranlé par la crise de 2008-2009 qui a atteint, bien au-delà du monde financier, l'ensemble du monde économique et a posé la question de sa légitimité. Il en est sorti une idée extrêmement importante qui est qu'aucune activité économique ne peut perdurer si elle ne répond pas aux attentes de son époque.

Or, quelles sont les attentes de son époque ?

C'est là que les choses deviennent extrêmement intéressantes. Si on en croit les études faites en particulier par BETC, qui est une agence de communication importante auprès de l'ensemble des citoyens consommateurs du monde dans 28 pays, la plupart de ces consommateurs citoyens nous disent aujourd'hui que le choix d'achat d'une marque, le choix d'un produit, le choix d'un service, est de plus en plus conditionné par la performance sociale, environnementale, et l'éthique de l'entreprise. Ce qui veut dire en clair que si les entreprises veulent perdurer, elles doivent être capables de répondre à ces demandes, mais pas seulement en termes de responsabilité, pas seulement en termes de responsabilité sociale et environnementale, mais aussi en répondant aux attentes de nouveaux produits et services attendus par la population. Économie circulaire, économie du partage, accès de tous à des services essentiels sont des éléments clés de l'opinion publique par rapport à la relation vis-à-vis des entreprises.

D'ailleurs, le monde de la finance ne se trompe pas. Un événement tout à fait intéressant a eu lieu au début de l'année 2018 où le président du plus grand fonds d'investissement au monde qui s'appelle BlackRock — BlackRock est un énorme fonds d'investissement qui doit avoir à peu près 5% du CAC40 en portefeuille — a écrit au PDG pour leur dire : "Messieurs, avoir des résultats économiques et financiers, c'est une chose, mais aucune entreprise ne pourra perdurer si elle ne démontre pas sa propre contribution à la question de la société". C'est donc dans ce contexte extrêmement nouveau que se pose la question des Objectifs du Développement Durable, c'est-à-dire la question de la relation entre l'entreprise et la société, et la capacité de l'entreprise à répondre aux biens communs tels qu'ils ont été définis par la communauté internationale que représentent les Nations unies vis-à-vis de la communauté humaine.

Une fois que cela est dit, comment ça se passe dans les entreprises ou comment cela peut-il se passer ?

Toutes les entreprises ne sont pas au même niveau de maturité. Il y a ce qu'on appelle l'effet tampon ou l'effet levier : en clair, est-ce que vous prenez les 17 cryptogrammes des ODD et que vous dites "je suis sur l'ODD 1 à l'ODD17 et je fais donc tous mes objectifs en matière de contribution aux ODD", ou est-ce que vous utilisez ce que sont les ODD, c'est-à-dire pas seulement les 17 objectifs, mais les 169 cibles qui sont beaucoup plus précises pour être des leviers de développement et de meilleures performances sociales et environnementales de votre entreprise. C'est l'enjeu essentiel, c'est la question de l'effet de levier.

Comment dans une entreprise comme Veolia les choses se sont-elles passées ?

Veolia était naturellement concernée par les questions des ODD, d'abord parce que c'est une entreprise qui est au croisement de l'accès aux services essentiels et des services environnementaux puisqu'elle gère et contribue à l'accès à l'eau, à l'accès à l'assainissement, à des services de collecte et de traitement d'ordures ménagères, à l'accès à l'énergie pour tous. Ces métiers, par définition, vont se retrouver à l'intérieur des ODD. Mais c'est aussi une entreprise liée à beaucoup de territoires puisque son enjeu, c'est de répondre aux besoins des territoires, gérer des services de proximité pour des clients de proximité. Veolia avait été un des acteurs non négligeables du premier Programme des Nations unies qu'on appelle les Objectifs du Millénaire du Développement pour la période 2000-2015, qui était censé éradiquer la pauvreté, ou tout du moins la diminuer de façon extrêmement importante. Veolia ne s'est intéressé, bien évidemment, qu'à ceux qui concernaient, dans les OMD, son propre  métier : c'est-à-dire l'accès à l'eau et à l'assainissement. Mais elle a d'une part fait un système de reporting de sa propre contribution à l'accès à l'eau et aux services d'assainissement, ce qui veut dire que sur la période 2000-2015 qui était le calendrier des Objectifs du Millénaire du Développement, elle peut dire, affirmer et prouver, puisque tout cela est validé par un organisme tiers indépendant, qu'elle a contribué à l'accès à l'eau de sept millions et demi de personnes et à des services d'assainissement de 3 millions et demi.

Mais en même temps, il a fallu que nous sachions et comprenions bien que les Objectifs du Développement Durable n'étaient pas les Objectifs du Millénaire du Développement. C'était la fusion à la fois des objectifs de lutte contre la pauvreté, donc de l'agenda de développement comme on dit dans les instances officielles, et l'agenda de l'environnement tel qu'il avait été créé par le sommet de Rio en 1992 et rappelé lors du sommet de Rio de 2012 , puisque c'est là que les principes des Objectifs du Développement Durable ont été créés. Chez Veolia, nous avions déjà nos propres engagements que nous avions faits avant les Objectifs du Développement Durable : trois engagements pour la planète, trois engagements pour les territoires, trois engagements pour les salariés. Parmi ces engagements, il y en avait un que nous avions laissé volontairement ouvert en attendant que les objectifs, les cibles et les indicateurs des Objectifs du Développement Durable soient clairement identifiés. Lorsqu'ils ont été connus, en septembre 2015, nous avons regardé, à trois niveaux, comment nous pouvions y contribuer.

  • À la fois, premièrement, à travers nos métiers traditionnels. Nous nous sommes retrouvés sur l'objectif 6 qui est la gestion de l'eau et de l'assainissement pour tous. Nous nous sommes retrouvés naturellement sur l'objectif 7 qui est une électricité durable, renouvelable et bon marché. Nous nous sommes retrouvés sur l'objectif 11 qui concerne la ville durable dont nous sommes partenaires, notamment parce qu'elle avait une cible en matière de collecte et de traitement des déchets.
  • La deuxième chose que nous avons faite, c'est de réfléchir comment, à travers notre stratégie d'avenir, notre pôle de croissance, nous allions, de plus en plus, contribuer aux Objectifs du Développement Durable. Nous en avons sorti deux objectifs majeurs : l'un sur l'innovation puisque nous sommes une entreprise d'innovation, ou plus exactement que pour répondre aux besoins en services essentiels de la planète en prélevant de moins en moins sur les ressources, ce qui est le problème essentiel au cœur des ODD, il va falloir faire preuve d'innovation. Enfin, la consommation durable puisque Veolia est engagée de plus en plus sur l'économie circulaire, qui représente aujourd'hui 17 à 18% à peu près de son chiffre d'affaires, qui fait d'ailleurs partie d'un des neuf engagements de Veolia pour le développement durable. Nous avons pris en compte ces deux objectifs. Nous avions donc cinq objectifs qui nous concernaient directement.
  • Ensuite, nous avons demandé à l'ensemble des parties prenantes externes du groupe, comment ils nous voyaient par rapport à ces Objectifs du Développement Durable. Ils ont beaucoup insisté sur la question de l'innovation. La question de l'innovation est revenue comme un des ODD majeurs pour Veolia, et sans doute au plus haut niveau que nous pensions nous-mêmes le mettre. Et enfin celui du partenariat, c'est-à-dire ce fameux Objectif du Développement Durable 17 qui n'a pas de cible, mais qui conditionne tous les autres, car l'esprit des ODD, c'est bien qu'il n'y ait pas une appropriation par une personne ou un des acteurs, mais que tous les acteurs se mettent ensemble, l'État, les collectivités, les associations, les ONG et les entreprises, pour trouver les meilleures solutions qui permettent de répondre aux défis environnementaux et sociaux de la planète. C'est ça les ODD et c'est ainsi que l'on doit les traiter à l'intérieur de l'entreprise.

Aujourd'hui, et c'est ça qui peut-être me semble le plus fort, le monde de l'entreprise est en train de changer. Le monde de l'entreprise est en train de comprendre que c'est en étant performant socialement, performant environnementalement et en prenant en compte les besoins de la planète et les besoins des populations, que l'entreprise non seulement sera légitime, et qu'elle pourra, demain, créer de la valeur. La question après sera, bien évidemment, comment partager cette valeur entre tous ces acteurs.