Ce document est la transcription révisée et chapitrée d’une vidéo du MOOC UVED « Biodiversité ». Ce n’est pas un cours écrit au sens propre du terme ; le choix des mots et l'articulation des idées sont propres aux interventions orales des auteurs.

Définition et enseignements des crises du passé : Introduction

Gilles BOEUF, Professeur, Université Paris Sorbonne

1. Histoire

La vie est une très longue histoire sur cette planète qui est datée à 4,6 milliards d'années. On a les premières preuves de carbone d'origine organique –donc vivante– vers environ 3,85 milliards d’années. Cette vie s'organise avec des cellules dans de l'eau. Il n'y a pas de vie s'il n'y a pas d'eau liquide.

La biodiversité commence quand la première cellule se coupe en deux filles, identiques à la maman, ce qu'on appelle le clonage. Ces cellules partent à la conquête de l'océan et rapidement, au même moment, elle va inventer un fabuleux process qui s'appelle la photosynthèse : récupérer la lumière du soleil et le CO₂, qui nous embête tant aujourd'hui, pour produire en contrepartie de l'oxygène et des sucres. Tout le vivant va partir comme ceci.

De grands événements vont se produire dans cet océan ancestral vers à peu près 2 milliards d'années. C’est l’apparition du noyau dans des grandes cellules, beaucoup plus grandes que les bactéries qui étaient là avant. C’est aussi la capture de certaines bactéries qui ne vont pas être digérées et qui vont s'incorporer dans ces grandes cellules. C’est ce qu'on appellera plus tard les mitochondries et les plastes. C’est aussi la symbiose et plus tard la pluri-cellularité.

Deux milliards d'années pour faire des tissus, des organes et plus tard des organismes très compliqués, beaucoup plus élaborés. Cette vie va saturer l'océan en oxygène qui sortira à l'extérieur et qui permettra plus tard à la vie de sortir de l'océan. La vie sort plusieurs fois, en plusieurs endroits, sous différentes formes de l'océan vers à peu près 460 millions d'années pour les espèces organisées, puis elle part à la conquête des continents.

2. Crises

Cette histoire n'a pas du tout été un long fleuve tranquille. Il s'est passé des événements plus ou moins brutaux mais très profonds : on parle de grandes crises d'extinction. On en connaît à peu près 60 depuis 600 millions d'années dont cinq majeures : celle qui a fait disparaître les trilobites à la fin de l'ère primaire, celle qui fera disparaître les ammonites et les dinosaures à la fin de l'ère secondaire. La vie s'est toujours organisée comme ça, des successions d'apparitions et de disparitions d'espèces qui sont vitales pour la dynamique du système.

Depuis maintenant à peu près 10 000 ans, l'homme commence à inventer l’agriculture et l’élevage. Il commence à avoir un impact très important sur ces formes de vie et il va accélérer des processus de disparition d'espèces et surtout d'effondrement des populations animales et végétales, de champignons, de micro-organismes. C'est là qu'il faut bien réfléchir à ce qu'on fait aujourd'hui. Certains on dit : est-ce qu'on n'est pas en train de préparer les conditions d'une sixième grande crise d'extinction, cette fois-ci liée aux activités de l'humain et de ses animaux domestiques ? Il y a 10 000 ans, mammifères domestiques et humains représentaient 0,1 % de tous les mammifères de la planète. Aujourd'hui, c'est 90 %. Cela montre l'importance de l'humain sur ces processus.

3. Enjeux

L'humain accélère, les populations et les espèces s'en vont et cela crée des difficultés très importantes pour l'humanité à l'heure actuelle. Alors la solution n'est ni dans du bricolage, ni dans le fait de vouloir tout réinventer. La solution est dans un respect et dans une lutte en permanence pour justement arrêter enfin cette érosion de la biodiversité que nous avons aujourd'hui avec nous.

Cela a tout son sens dans la mesure où on a vitalement besoin de cette nature dans laquelle on se trouve. N’oublions pas qu’un corps humain, c'est plus de bactéries que de cellules humaines. L'humain trouvera son harmonie de vie avec cette nature en la respectant beaucoup mieux, en l'admirant, en l'aimant, en la trouvant belle et puis aussi bien sûr en s'en inspirant. Léonard de Vinci disait : "scrute la nature c'est là qu'est ton futur".