En ligne depuis le 04/05/2015
2.6/5 (368)

Description
L'objectif du MOOC "Biodiversité", réalisé et coordonné par UVED, est d'amener les apprenants à mieux comprendre ce qu'est la biodiversité et les enjeux qui lui sont associés en matière de développement humain et territorial (culture, santé, ville, agriculture, etc.).
En apportant des points de repères sur ces questions et en montrant que la préservation des dynamiques écologiques est l'affaire de tous, ce MOOC entend contribuer à l'évolution des perceptions sociales en matière de biodiversité ainsi qu'à l'accroissement du niveau d'implication des acteurs sociétaux dans sa préservation. Ce MOOC introductif, qui ne nécessite pas de prérequis particulier, présente un intérêt pour l'ensemble des citoyens.
Référent scientifique : Gilles Boeuf (Muséum National d'Histoire Naturelle)
Gilles Boeuf est professeur à l'Université Pierre & Marie Curie, spécialisé en physiologie environnementale et biodiversité. Il est le président du Muséum National d'Histoire Naturelle (MNHN) et a été Professeur invité au Collège de France en 2013-2014 sur la Chaire "Développement durable, énergie, environnement et société". Il est membre du Bureau d'IPBES, du Conseil Scientifique du patrimoine naturel et de la biodiversité (Ministère de l'Ecologie et du Développement durable) et du Comité de Perfectionnement du Centre scientifique de Monaco.
Objectifs d'apprentissage :
- Mieux comprendre ce qu'est la biodiversité
- Appréhender les enjeux qui lui sont associés en matière de développement humain et territorial (culture, santé, ville, agriculture, etc.)
- Comprendre que la préservation des dynamiques écologiques est l'affaire de tous
Deux niveaux de difficulté sont proposés selon les contenus de ce parcours : le niveau "Débutant" s'adresse aux apprenants de niveau Bac à Bac+3 (Licence), tandis que le niveau "Approfondi" est plutôt destiné aux apprenants de niveau Master et +.
Domaines
- Nature & Biodiversité
État
- Labellisé
Langues
- Français
Licence Creative Commons
- Pas d'utilisation commerciale
- Pas de modification
- Paternité
Niveau
- Bac+1
- Bac+2
- Bac+3
- Bac+4
Thèmes
- Ecosystèmes et biodiversité
Types
- Parcours thématique
Mots-clés

Biodiversité : définition et enseignement des crises du passé (12…

Océans : biodiversité et ressources (12 vidéos)

Biodiversité continentale : rivières et forêts (8 vidéos)

Biodiversité et agronomie (8 vidéos)

Biodiversité et santé (8 vidéos)

Biodiversité et ville (5 vidéos)

Gestion de la biodiversité (10 vidéos)

Biodiversité et société (11 vidéos)
Ce document contient la transcription textuelle d’une vidéo du MOOC UVED « Biodiversité ». Ce n’est donc pas un cours écrit au sens propre du terme ; le choix des mots, l'articulation des idées et l’absence de chapitrage sont propres aux interventions orales des auteurs.
Bois mort, dendro-micro-habitats
et biodiversité
Marion Gosselin
Ingénieur - IRSTEA
1. Origine du bois mort
Le bois mort est un matériau naturel abondant dans les écosystèmes forestiers, en particulier dans les écosystèmes forestiers naturels. Il provient de sources variées. Il peut-être dû à la mortalité naturelle des arbres dans des peuplements trop serrés. On parle dans ce cas d’auto-éclaircie. Il peut être dû aussi à la mortalité d'arbres après une attaque de ravageurs ou de pathogènes. Il peut provenir aussi de dégâts liés à des aléas climatiques, par exemple le gel, la foudre, la tempête ou encore le feu. Enfin, la sénescence (c'est-à-dire le vieillissement naturel des arbres), provoque la mortalité de branches, voire d'arbres tout entiers.
Le bois mort est un matériau évolutif, parce que peu à peu il se décompose. C'est aussi un matériau polymorphe, car il se présente en forêt sous différentes formes. On peut le rencontrer sous la forme d'arbres morts, sur pied. On peut le rencontrer aussi sous la forme de parties d'arbres morts au sol, par exemple des troncs, des branches, des souches, mais aussi ça peut être des chandelles (ce qu'on appelle des chandelles ce sont des troncs d'arbres debout et dépourvu de leurs houppiers). Enfin, le bois mort est aussi un de ce qu'on appelle les micros habitats sur les arbres vivants. On peut trouver du bois mort sur un arbre vivant. Par exemple, des grosses branches charpentières mortes dans le houppier. Les arbres vivants peuvent être porteurs de ce qu'on appelle les dendro-micro-habitats, c'est-à-dire tout ce qui est cavités, branches mortes, fentes, plages d'écorces décollées, écoulements de sève par exemple ou encore des fructifications de champignons lignicoles. Ces dendro-micro-habitats ainsi que le bois mort sont deux éléments incontournables pour la biodiversité forestière.
2. Bois mort et biodiversité
Le bois mort est tout d'abord au centre de tout un réseau trophique. En effet, des organismes utilisent directement le bois mort ou le bois en décomposition comme source de nourriture : ce sont les xylophages. D'autres organismes utilisent le bois mort ou en décomposition comme site d'abri ou de nidification. Ces organismes attirent indirectement d'autres organismes qui sont par exemple leurs prédateurs, et qui peuvent être aussi des parasites, par exemple des mycétophages qui vont manger des champignons ou des saprophages qui se nourriront d’insectes en décomposition. L'ensemble de ces éléments qui vivent sur ou dans le bois mort, assure le recyclage de la matière ligneuse.
Finalement, les bois morts fourmillent de vie. En effet, tous les organismes saproxyliques forment des communautés très abondantes et diversifiées sur le bois mort. Par organismes saproxyliques, on désigne toutes les espèces qui dépendent, pendant au moins une partie de leur cycle de vie, du bois mort ou qui dépendent d'autres espèces saproxyliques. En quelques chiffres, il faut retenir que les organismes saproxyliques en forêt représentent 25 % des espèces forestières. Cela veut dire qu'une espèce forestière sur quatre dépend du bois mort pour tout ou partie de son cycle de vie. Au total, en France métropolitaine, on a à peu près 10 000 espèces saproxyliques, dont 5000 champignons, 2500 coléoptères mais aussi des mousses, des lichens, des oiseaux, des mollusques, des mammifères.
Parmi les plus célèbres, les plus emblématiques, on peut citer le pique-prune, qui vit dans des cavités naturelles sur des vieux feuillus et en particulier des cavités remplies de terreau, les pics qui sont des cavicoles primaires et qui creusent leurs cavités dans les arbres, la Rosalie des Alpes qui est un bel insecte dont on trouve les larves et les adultes sur des souches de hêtre ou de frêne, ou encore le lucane cerf-volant qui lui sera plutôt sur des souches de chêne.
3. Adaptation à la vie dans le bois mort
Ces espèces sont adaptées à la vie dans le bois mort. Ces adaptations sont tout d'abord des adaptations morphologiques. On a par exemple l'Ips typographe dont le corps est adapté pour creuser des galeries dans le bois et évacuer les déchets. On remarque le pronotum en un casque sur la tête, le corps long et effilé ainsi que des brosses à l'avant qui permettent de creuser des galeries. Une deuxième adaptation morphologique est le corps subcylindrique long, bien allongé de certaines espèces qui sont adaptées pour sillonner les galeries tubes, des foreurs dont elles sont soit les prédateurs soit les commensaux. Enfin, d'autres espèces ont un corps aplati pour ramper sous les écorces. La deuxième série d'adaptations concerne les adaptations physiologiques. Certaines espèces sont capables, par exemple, de détecter des bois récemment brûlés grâce à des détecteurs infrarouges situés sur leurs antennes.
4. Colonisation du bois mort
D'une manière générale, les espèces saproxyliques sont très sensibles à la nature du substrat. En particulier, on ne trouvera pas les mêmes espèces selon que le substrat de bois mort sera une grosse pièce de bois mort ou des petits branchages. Selon le stade décomposition du bois mort, on assiste à toute une succession d'espèces en fonction de l'évolution de la décomposition du bois. De même, les espèces ne seront pas les mêmes selon que le bois mort est d’une essence feuillue ou résineuse, selon que le bois mort est en conditions ensoleillées ou ombragées ou encore selon qu'il est à terre, au sol ou alors perché au pied des arbres. Les espèces sont aussi sensibles à la disponibilité du substrat : plus il y a de quantité de bois mort en abondance, en densité, plus les espèces pourront facilement le coloniser. Par ailleurs, les espèces sont sensibles à la continuité temporelle du bois mort et à la proximité de sources de bois mort par rapport à un milieu donné. Plus les espèces ont des capacités de dispersion qui sont limitées, plus elles auront besoin de continuité temporelle du bois mort ou d’espaces riches en bois mort à proximité de leur lieu de vie si elles veulent disperser. Enfin, certaines espèces ont besoin aussi non seulement de bois mort mais d'autres espaces complémentaires à proximité come par exemple certaines espèces dont les larves vivent dans le bois mort et dont les adultes sont floricoles. Ces espèces ne peuvent se trouver que dans des milieux qui proposent à proximité à la fois des zones riches en bois mort et des zones riches en fleurs.
Alors, d'une manière générale, les organismes saproxyliques ont besoin d'un substrat, le bois mort, qui n'est pas très abondant dans nos forêts gérées et de la même manière que l'ours blanc est menacé par la fonte de la banquise, les organismes saproxyliques vivent sur des icebergs qui fondent et ils doivent être, eux, en mesure d'atteindre un iceberg favorable voisin avant que leur iceberg d'origine ait fondu.
5. Conclusion
Le bois mort est un enjeu de conservation important. C'est un maillon faible dans nos forêts exploitées, d'une part parce que les arbres sont exploités bien avant leur sénescence, d'autre part parce que le bois abattu est exporté et enfin, parce que les éclaircies sélectionnent plutôt des arbres bien conformés et ont tendance à éliminer les arbres à micro habitats. De ce fait, en forêt exploitée, le volume de bois mort est bien moindre que le volume de bois mort qu'on peut atteindre dans des forêts naturelles.
Le bois mort doit être pris en compte dans la gestion forestière comme une cible de gestion conservatoire, avec deux grands types de mesures. D'une part, en forêt exploitée, il est conseillé de maintenir du bois mort en densité, en quantité, avec aussi des trames d’îlots de vieux bois qui sont correctement réparties sur le territoire pour permettre la dispersion des espèces. D'autre part, on préconise d'avoir des réseaux d'aires protégées dans lesquelles l'exploitation est carrément abandonnée, arrêtée. Ces réserves intégrales sont de surface variable. Ce peut être des îlots de vieux bois de quelques hectares, ou bien des réserves forestières intégrales qui peuvent faire plus d'une centaine d'hectares.
Contributeurs
BAHUCHET Serge
MNHN - Muséum national d'Histoire naturelle
MACHON Nathalie
CURY Philippe
BOEUF Gilles
Sorbonne Université
Ratnadass Alain
CIRAD - Centre de coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement
COUVET Denis
Fontaine Colin
GOSSELIN Marion
HAINZELIN Etienne
CIRAD - Centre de coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement
Gouyon Pierre-Henri
MNHN - Muséum national d'Histoire naturelle
Maurel Marie-Christine
David Bruno
ancien Président , MNHN - Muséum national d'Histoire naturelle
Chavance Pierre
IRD - Institut de Recherche pour le Développement
Mouillot David
Université de Montpellier
Darnaude Audrey
CNRS - Centre National de la Recherche Scientifique
Bonhommeau Sylvain
IFREMER - Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer
Dagorn Laurent
IRD - Institut de Recherche pour le Développement
Bertrand Sophie
IRD - Institut de Recherche pour le Développement
Fromentin Jean-Marc
IFREMER - Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer
Chaboud Christian
IRD - Institut de Recherche pour le Développement
Galletti Florence
IRD - Institut de Recherche pour le Développement
Rochard Eric
INRAE - Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement
Lobry Jérémy
INRAE - Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement
Datry Thibault
INRAE - Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement
Chauvin Christian
INRAE - Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement
Blanchart Eric
IRD - Institut de Recherche pour le Développement
Swynghedauw Bernard
Sarrazin François
Robert Alexandre
MNHN - Muséum national d'Histoire naturelle
Casas Stellio
Dumez Richard
MNHN - Muséum national d'Histoire naturelle
Wahiche Jean-Dominique
MNHN - Muséum national d'Histoire naturelle
Roué Marie
CNRS - Centre National de la Recherche Scientifique
Demeulenaere Elise
CNRS - Centre National de la Recherche Scientifique
Artaud Hélène
MNHN - Muséum national d'Histoire naturelle