Biodiversité

Ce document contient la transcription textuelle d’une vidéo du MOOC UVED « Biodiversité ». Ce n’est donc pas un cours écrit au sens propre du terme ; le choix des mots, l'articulation des idées et l’absence de chapitrage sont propres aux interventions orales des auteurs.
Le progrès
Pierre-Henri GOUYON
Professeur - Muséum d'Histoire Naturelle
1. Introduction
L'idée de progrès est une idée qui naît en gros au siècle des Lumières et qui va vraiment s'épanouir au XIXe et au XXe siècle. A tel point qu'en 1933, l'Exposition Internationale de Chicago titre "Un siècle de progrès". C'est extraordinaire. Il y a eu la Première Guerre Mondiale, on a dit "plus jamais ça, on ne le fera plus". Il y a eu la première grande crise économique et on a dit "maintenant on va mettre les banquiers au pas et ils ne recommenceront pas". On sait tout ce que ça a donné.
Cette foi dans le progrès existe très fortement dans les milieux des décideurs aussi bien politiques que scientifiques. Elle est nuisible à un certain respect de la loi naturelle et du fonctionnement des écosystèmes et de la biodiversité.
2. L'exemple de Dédale
Cela fait longtemps que la question existe. On retrouve dans l'Antiquité une très belle histoire qui est faite pour montrer en quoi un travail technique sans réflexion peut être dangereux. C'est l'histoire de Dédale.
Dédale était l'ingénieur du roi Minos. C'était un type génial et on venait lui demander des tas de services. Minos, pour épater ses frères, demande à Poséidon de lui prêter un taureau. Poséidon lui prête le taureau en lui disant "attention tu me le rendras". Minos ne le rend pas, et Poséidon se venge en rendant la femme de Minos, Pasiphaé, amoureuse du taureau. Elle aime le taureau mais le taureau, lui, il ne s'intéresse pas du tout aux dames. Alors elle va voir Dédale et elle lui dit "trouve moi un moyen, j'ai besoin d'avoir des relations avec ce taureau". Dédale est un ingénieur, ça n'est pas un philosophe. S'il avait été un philosophe, il lui aurait sûrement dit que ça pose des problèmes des choses comme ça. Mais comme c'est un ingénieur, il fabrique une vache en bois, il met Pasiphaé à l'intérieur. Le taureau n'y voit que du feu, il copule avec la vache en bois et donc avec Pasiphaé et naît le premier être hybride dans le genre. C'est le Minotaure. Le Minotaure est un être hybride, monstrueux et très dangereux.
Alors on appelle Dédale, on lui dit de s'occuper du Minotaure, de s'en débarrasser. Dédale ne trouve rien de mieux que de fabriquer son fameux labyrinthe pour enfermer le Minotaure de manière à ce qu'il ne fasse plus trop de mal. Le Minotaure est enfermé dedans, c'est déjà pas mal mais il mange quand même chaque année un certain nombre de jeunes. On appelle Thésée à la rescousse pour venir tuer le Minotaure.
Thésée a de la chance : la fille de Minos, Ariane, est amoureuse de lui. Alors elle demande à Dédale : comment fera Thésée pour ressortir ? Dédale lui donne le coup du fil. Ariane donne donc une pelote de fil à Thésée qui la déroule et qui tue le Minotaure. Thésée est un garçon terriblement distrait - et ça coûtera la vie à son père plus tard mais ça c'est une autre histoire -. En sortant, il oublie Ariane qui est désespérée et extrêmement triste. Minos est furieux après Dédale en lui disant que tous ces ennuis viennent de lui. il veut le punir. Minos enferme Dédale et son fils dans le labyrinthe.
Dédale est le gars qui ne se décourage jamais, à chaque fois qu'il a fait une connerie technique, il faut qu'il en trouve une autre pour compenser celle d'avant. Cette fois-ci il va dire à son fils de ne pas s'inquiéter. Il va fabriquer des ailes et ils vont sortir. Il fabrique des ailes avec de la cire, son fils Icare et lui s'envolent et on connaît tous la suite : Icare va aller trop près du soleil et va tomber. Dédale passera le restant de ses jours à se lamenter sur la mort de son fils.
3. Conclusion
On voit là comment, à partir d'une bêtise technique de départ, qui était simplement d'accéder à cette demande déraisonnable de Pasiphaé, la puissance technique va chercher constamment à compenser les défauts de la puissance technique précédente pour arriver une catastrophe finale. Espérons que l'humanité sera plus sage que ça.

Biodiversité

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Le progrès

Le progrès

Pierre-Henri GOUYONProfesseur - Muséum d'Histoire Naturelle

Contributeurs

BAHUCHET Serge

MACHON Nathalie

CURY Philippe

BOEUF Gilles

Ratnadass Alain

COUVET Denis

Fontaine Colin

GOSSELIN Marion

HAINZELIN Etienne

Belaïdi Nadia

Gouyon Pierre-Henri

Maurel Marie-Christine

David Bruno

Chavance Pierre

Mouillot David

Darnaude Audrey

Bonhommeau Sylvain

Dagorn Laurent

Bertrand Sophie

Fromentin Jean-Marc

Chaboud Christian

Galletti Florence

Rochard Eric

Lobry Jérémy

Datry Thibault

Chauvin Christian

Blanchart Eric

Swynghedauw Bernard

Sarrazin François

Robert Alexandre

Casas Stellio

Dumez Richard

Wahiche Jean-Dominique

Roué Marie

Demeulenaere Elise

Artaud Hélène

Chartier Denis

Institutions secondaires

IRSTEA - Institut national de recherche en sciences et technologies pour l'environnement et l'agriculture

CIRAD - Centre de coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement

CNRS - Centre National de la Recherche Scientifique

MNHN - Muséum national d'Histoire naturelle

Université de Montpellier

IFREMER - Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer

IRD - Institut de Recherche pour le Développement

Pierre-Henri GOUYON
Professeur - Muséum d'Histoire Naturelle