En ligne depuis le 19/11/2014
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Description
Serge Bahuchet revient sur quelques usages fondamentaux de l'environnement par les populations humaines : chasse, collecte, élevage et agriculture. Il met en évidence la complémentarité de ces usages, la spécialisation des individus ou des populations, ainsi que l'ensemble des savoirs associés à ces milieux naturels, fondement de l'ethnoécologie.
Objectifs d'apprentissage :
- Appréhender quelques usages fondamentaux de l'environnement par les populations humaines
- Comprendre le fondement de l'ethnoécologie
État
- Labellisé
Langues
- Français
Licence Creative Commons
- Pas d'utilisation commerciale
- Pas de modification
- Paternité
Nature pédagogique
- Cours
Niveau
- Bac+1
- Bac+2
Types
- Grain audiovisuel
Contributeurs
BAHUCHET Serge
MNHN - Muséum national d'Histoire naturelle
Ce document est la transcription révisée et chapitrée d’une vidéo du MOOC UVED « Biodiversité ». Ce n’est pas un cours écrit au sens propre du terme ; le choix des mots et l'articulation des idées sont propres aux interventions orales des auteurs.
Modes de vie et biodiversité
Serge BAHUCHET, Professeur du MNHN
1. Introduction
La biodiversité est au fondement de la vie humaine. Depuis 10 000 ans, dans tous les écosystèmes, coexistent des communautés spécialisées qui tirent leur subsistance de la biodiversité, que ce soient des chasseurs collecteurs, des pêcheurs, des pasteurs nomades, des agriculteurs. Ces divers types d'activités forment aussi la base du mode de vie d'innombrables sociétés rurales contemporaines.
2. La chasse et la pêche
L’efficacité de la chasse repose sur une connaissance très fine des réactions de la proie dont il s'agit de provoquer un comportement. Dans la chasse, la relation de l'homme à l'animal est directe alors que dans le piégeage, c'est une petite machine, le piège, qui va capturer et tuer l'animal en l'absence de l'homme qui l’aura disposé préalablement.
Des proies immobiles, invisibles, dans un milieu d'accès difficile caractérisent la pêche. Il s'agit donc de connaître l'emplacement, le milieu de vie des animaux aquatiques que l'on recherche afin d’y disposer les engins qui vont les capturer. Ces engins seront actifs, c'est-à-dire qu'ils sont animés par le pêcheur (ex : harpons, filets que l'on jette ou que l'on traîne), ou à l'inverse passifs, c'est-à-dire qui sont calés, disposés au fond de l'eau dans lesquels la proie va s’entortiller elle-même.
3. La collecte
Les produits de collecte concernent toutes les parties des végétaux (ex : feuilles, fruits, graines, tubercules) mais également des produits animaux comme les insectes, des coquillages ou les productions de ces insectes comme le miel. C'est par la collecte que l'on obtient les matières premières qui sont nécessaires à l'artisanat, en tout premier lieu à la vannerie. De très longue date, depuis des siècles, de nombreux produits de collecte sont l'objet d’un commerce à longue distance qui persiste encore aujourd'hui puisqu'on va consommer à Paris des graines qui sont ramassées dans la forêt amazonienne.
4. Les agroécosystèmes
Par les activités agricoles qui transforment le sol et la végétation, on va créer de nouveaux écosystèmes qu'on appellera des agroécosystèmes. Le paysan prépare le sol, le transforme, le retourne, il remplace la végétation naturelle par une végétation utile, par les plantes cultivées qu’il sème.
L’une de ses principales préoccupations revient à créer et à entretenir la fertilité du sol pour nourrir ses végétaux, que ce soit par l'apport de matières végétales, animales, voire humaines, par l'association végétale, en faisant pousser ensemble des plantes dont certaines apportent des nutriments minéraux, ou par une succession de cultures en mettant des plantes successivement dans le temps ou en laissant la terre reposer par des systèmes de jachère.
Il doit aussi gérer le cycle de l'eau pour abreuver les plantes par une connaissance fine du régime des pluies, une connaissance de l'apparition de la saison sèche ou de la saison des pluies ou en apportant de l'eau par des canaux d'irrigation ou par la création de mares telles que les rizières par exemple.
La préoccupation de l'éleveur est de nourrir son cheptel. De ce point de vue-là, il y a une complémentarité entre l'agriculture et l'élevage puisque les produits agricoles vont être partagés entre la communauté humaine et la communauté animale. On pourra apporter des aliments, comme on pourra conduire les animaux d'élevage pour qu'ils pâturent dans des prés, voire dans des forêts. Eventuellement on va déplacer les troupeaux par des sociétés telles que les pasteurs nomades qui le font sur de très grandes distances.
Le bétail a toujours joué et joue encore un rôle important dans l'agriculture, en fournissant une force de travail pour tirer les charrues ou pour porter les ressources, également en fournissant de l'engrais dans les champs lorsque l'on va laisser les animaux pâturer après les récoltes.
Toutes ces activités sont complémentaires les unes des autres. Dans les sociétés, elles impliquent diversement les femmes et les hommes qui ne réalisent pas les mêmes activités. De ce point de vue là on peut dire qu'elles sont genrées. Ces activités vont aussi associer des sociétés différentes, spécialisées, qui vont échanger ou vendre leurs produits, quelquefois sur des longues distances.
5. Conclusion
Ces activités reposent sur et mettent en jeu des savoirs locaux et écologiques extrêmement précis qui s'expriment par des vocabulaires spécialisés et qui concernent à la fois les plantes, les animaux et les écosystèmes. C'est précisément l'objet de l’ethnoécologie que de comprendre l'articulation entre ces savoirs, ces pratiques et les caractéristiques écologiques des ressources que l'on cherche à récolter ou à produire.