En ligne depuis le 17/11/2015
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Description
Gilles Boeuf fait état de l'érosion de la biodiversité et présente les quatre grands facteurs qui peuvent être associés à cette dynamique : destruction et pollution, surexploitation des ressources, dissémination d'espèces, changement climatique.
Objectifs d'apprentissage :
- Comprendre le phénomène d'érosion de la biodiversité
- Appréhender les quatre grands facteurs associés à cette dynamique
État
- Labellisé
Langues
- Français
Licence Creative Commons
- Pas d'utilisation commerciale
- Pas de modification
- Paternité
Nature pédagogique
- Cours
Niveau
- Bac+2
- Bac+3
Objectifs de Développement Durable
- 15. Vie terrestre
Types
- Grain audiovisuel
Contributeurs
BOEUF Gilles
Sorbonne Université
Ce document contient la transcription textuelle d’une vidéo du MOOC UVED « Biodiversité ». Ce n’est donc pas un cours écrit au sens propre du terme ; le choix des mots, l'articulation des idées et l’absence de chapitrage sont propres aux interventions orales des auteurs.
État actuel de la biodiversité
Gilles Bœuf
Professeur, Université Paris Sorbonne
1. Effondrement
La biodiversité est la fraction vivante de la nature. Ce n'est pas uniquement un catalogue d'espèces. C'est l'ensemble des relations que les êtres vivants ont établis entre eux et avec leur environnement. On sait que cette biodiversité s'en va. Beaucoup de travaux sortent ce moment, comme par exemple Fall of the wild (disparition du vivant sauvage) dans Sciences. Partout dans les océans, dans les eaux douces, dans les eaux saumâtres, sur le littoral, sur les continents, les espèces s'en vont. Si on prend la référence de 1970, un document sorti la semaine dernière par le WWF nous raconte qu'en 44 ans on a perdu la moitié, non pas des espèces mais des individus des populations sur à peu près les 1000 populations qu'ils suivent en permanence. Ça s'accélère en permanence.
2. Crise
Un grand document a été établi en 2005, après une commande des chefs d'État réunis à Rejkjavik en 2000, pour faire un état de la planète. Ce document s'appelle Millennium Ecosystem Assessment et il va dire deux choses (près de 1400 chercheurs du monde entier ont participé à ce document). D'abord on va remettre au goût du jour une notion qui est assez ancienne qui s'appelle la notion de service rendu par les écosystèmes. Qu'est-ce que l'humain en tire ? Quand on perd une fonction d'un écosystème qu'est-ce qu'on perd en service ? Puis il va montrer que les espèces s'éteignent mais à un rythme environ 1000 fois plus rapide que ce que nous donnent les paléontologues sur les 500 derniers millions d'années. On a revu ce chiffre à la baisse un peu récemment, on est à 300 : les espèces partent 300 fois plus vite qu'auparavant. Ceci a amené beaucoup de gens à poser une question, reprise dans un papier publié en mars 2011 dans la revue Nature : sommes-nous en train, en ce moment, de mettre en place les conditions d'une sixième grande crise d'extinction ? Il y en a eu cinq, il y en a eu soixante depuis 500 millions d'années dont cinq importantes. La plus grande s'est produite vers 252 millions d'années. Pour des raisons qui sont bien identifiées.
- Destruction et pollution : on arrache les écosystèmes, on les détruit, on les pollue, on les fait disparaître.
- Surexploitation des stocks : les deux grands exemples sont les pêches maritimes dans l'océan et la forêt tropicale sur les continents. Il part l'équivalent d'un quart de la France en surface chaque année en forêt tropicale et on a éradiqué entre 50 et 90 % de tous les grands poissons pélagiques sur 15 ans.
- Dissémination anarchique d'espèces partout : par exemple un petit dinoflagellé qui s'appelle Alexandrium, qui est très joli, quand on l'embête un petit peu émet une toxine qui tue un humain en 20 minutes. Elle fait le tour du monde gratuitement dans ces grands pétroliers géants qui ballastent 200 000 tonnes, 300 000 tonnes d'eau de mer pour en échange récupérer du brut.
- Dérèglement climatique : dans l'océan le climat ce n'est pas que la température, c'est aussi la remontée du niveau de la mer.
3. Conclusion
Les ONG se sont emparées de ce combat. Sauver les espèces emblématiques et remarquables ? La nature n'a pas inventé des espèces remarquables ou des espèces utiles ou nuisibles. On peut les appeler remarquées, mais pas remarquables. Nous, scientifiques, voulons sauver le vrac. On a besoin de tout.
Aujourd'hui, l'UICN nous dit qu’on a 900 espèces disparues sur quatre siècles sur les continents, et 18 dans les océans. Cela nous prouve que ça n'est pas un bon critère en fait cette disparition d'espèces dans l'océan. C'est l'effondrement des stocks et des populations, qui nous le démontre. Et ce n'est que pour quelques espèces que l'on a « remarquées ». Ce n'est pas l'ensemble de la diversité.
Tout ceci se produit dans un contexte global de changement. La nature est habituée au changement, mais actuellement, ça change beaucoup trop vite.