En ligne depuis le 01/04/2025
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Description
Ce parcours porte sur la dynamique actuelle de l'océan et sur ce que cela implique pour les activités humaines qui lui sont liées. Il propose tout d'abord, sur la base des connaissances scientifiques les plus récentes, un panorama des bouleversements que connaissent les milieux marins, que ce soit sur le plan physique ou écologique. Puis il explore les démarches qui sont en cours dans les grands secteurs d'activité liés à l'océan pour à la fois réduire les impacts écologiques et s'adapter à ces bouleversements. Il examine enfin différents leviers pour parvenir à ces transitions.
Objectifs d’apprentissage :
- Identifier les multiples bouleversements que connaît aujourd'hui l'océan et expliquer pourquoi nous devons nous en inquiéter
- Présenter les dynamiques de transition enclenchées dans les principaux secteurs d'activité liés à l'océan (ex : transport, pêche, énergie)
- Justifier de l'importance du droit, de la formation et de la sensibilisation pour atténuer ces bouleversements, voire s'y adapter
État
- Labellisé
Langues
- Français
Licence Creative Commons
- Partage des conditions à l'identique
- Pas d'utilisation commerciale
- Pas de modification
Mentions Licence
- Géographie et aménagement
- Sciences de la Terre
Nature pédagogique
- Cours
Niveau
- Bac+1
- Bac+2
- Bac+3
- Bac+4
Objectifs de Développement Durable
- 13. Lutte contre le changement climatique
- 14. Vie aquatique
Thèmes
- Ecosystèmes et biodiversité
Types
- Parcours thématique
Mots-clés

Introduction sur l'Océan

L'océan : un bouleversement des équilibres de plus en plus…

De nombreuses transitions pour un océan durable

Les leviers pour l’engagement et l’action
Ce document est la transcription révisée, chapitrée et illustrée, d’une vidéo du MOOC UVED « L’Océan au cœur de l’Humanité ». Ce n’est pas un cours écrit au sens propre du terme ; le choix des mots et l'articulation des idées sont propres aux interventions orales des auteurs.
Conséquences du changement climatique sur le niveau marin et le trait de côte
Bruno Castelle
Directeur de recherche au CNRS
Une conséquence directe du changement climatique d'origine anthropique est l'élévation du niveau marin. Cette élévation s'accélère actuellement et cette tendance devrait continuer dans les prochaines décennies et va impacter les littoraux et la position du trait de côte en particulier.
1. Causes de l’élévation du niveau marin
L'élévation du niveau marin est due principalement à trois composantes. La première est la dilatation thermique des océans liée à l'augmentation de leur température. La deuxième, un peu plus faible, est liée à la fonte des glaciers de montagne. La troisième, qui prend une part grandissante et qui constitue une incertitude majeure pour les évolutions futures, est liée à la fonte des calottes de glace au Groënland et en Antarctique.
2. Projections de l’élévation du niveau marin
Si on regarde les projections de l'élévation du niveau marin et qu'on se place à l'horizon 2100, on voit que cette élévation du niveau marin est certaine. Par contre, son amplitude l'est beaucoup moins. Elle va dépendre de deux principaux facteurs.
Le premier, ce sont nos futures émissions de gaz à effet de serre. Par exemple, on voit qu'entre un scénario optimiste, avec une forte réduction de nos émissions, le scénario SSR 1-1.9, et un scénario beaucoup plus pessimiste, le SSP 5-8.5, l'élévation du niveau marin à l'horizon 2100 peut varier du simple au double, avec une élévation de 70 cm pour un scénario pessimiste.
Le deuxième facteur, ce sont les incertitudes autour des modèles, notamment liées à ce qui va se passer au niveau des calottes de glace. Le GIEC, dans son dernier rapport, nous alerte sur un scénario peu probable mais à fort impact, dans le cadre d'un effondrement de la calotte de glace, où une élévation du niveau marin à l'horizon 2100 dépassant 2 m est envisageable. Ce sont des moyennes globales, mais il y a de fortes variabilités régionales, comme le montrent ces tendances de niveau marin au cours de ces dernières décennies.
On voit globalement des couleurs autour du rouge, correspondant à une élévation du niveau marin. On voit aussi qu'il y a des zones qui y sont beaucoup plus sensibles, comme le Pacifique ouest équatorial.
3. Rôle des effets locaux sur l’élévation du niveau marin
Il faut savoir que les littoraux sont des zones extrêmement attractives. On a plus de la moitié de la population mondiale vit à moins de 100 km du trait de côte. L'Homme, quand il s'est installé, a bâti et a pompé les sols pour s'approvisionner en eau, ce qui fait que le sol se compacte et s'effondre.
On appelle ça la subsidence, c'est ce qui fait qu'on a une élévation du niveau marin relative. Un exemple particulièrement spectaculaire est à Jakarta, la capitale de l'Indonésie, qui s'enfonce à hauteur de 300 mm par an, c'est-à-dire deux ordres de grandeur de plus que l'élévation du niveau marin absolue.
C'est un cas exceptionnel, mais si on se place au niveau de l'Europe, on estime qu'à peu près la moitié des zones basses littorales européennes connaissent une subsidence supérieure à 1 mm par an, ce qui est non négligeable.
4. Effets sur les littoraux
Cette élévation du niveau marin absolue et relative va permettre aux vagues et aux marées de plus facilement grignoter nos littoraux, et donc d’accélérer l'érosion. Ce constat relativement simple cache une réalité beaucoup plus complexe, avec une très forte diversité en termes d'environnements littoraux, en termes de réponse et de sensibilité aux différents forçages, qu'ils soient d'origine anthropique, météo-marine ou autre.
On a par exemple des embouchures estuaires, des embouchures lagunaires, des côtes à falaise, des côtes à mangrove, des atolls ou des littoraux sableux. C'est tout autant de réponses et de sensibilités aux différents forçages. Par exemple, pour les côtes à mangrove, l'évolution du trait de côte sera fortement impactée par des processus biotiques.
Au niveau des côtes à falaise, l'érosion est fortement contrôlée par, par exemple, les actions de gel-dégel, qui vont fracturer les roches, ou l'altération physico-chimique des roches par les eaux de ruissellement, des processus qui sont plutôt continentaux que marins.
Au niveau des littoraux sableux qui couvrent à peu près un tiers du linéaire côtier au niveau mondial et qui sont parmi les côtes les plus complexes, dynamiques et les plus vulnérables à l'aléa érosion. L'évolution à long terme du trait de côte sur ces littoraux est contrôlée par un déséquilibre souvent assez subtil qui existe entre différents flux sédimentaires représentés par ces flèches, du sédiment qui va arriver des fleuves, du plateau continental, des littoraux adjacents, du sédiment qu'on perd vers les littoraux adjacents ou à travers des canyons sous-marins. En plus, l'homme a affecté ces flux en construisant des barrages, en aménageant les berges, ce qui fait que certains fleuves et rivières charrient moins de sédiments vers les côtes. On a également des aménagements littoraux qui ont perturbé les cellules sédim entaires.
5. Tendances
Généralement, quantifier ces flèches est un réel défi scientifique. C'est quasiment impossible et on s’appuie donc généralement sur des données d'observatoires pour calculer les tendances passées d'évolution du trait de côte sur les dernières décennies, qui est un proxy de la résultante de ces différentes flèches. On peut faire ça également avec l'imagerie satellitaire optique permettant de reconstruire la position du trait de côte, certes avec incertitude, depuis le début des années 1980.
On peut donc calculer les tendances d'évolution à l'échelle locale, régionale, mais également à l'échelle globale. On peut alors extrapoler ces tendances jusqu'à l'horizon 2100. On peut ainsi combiner ces tendances-là avec des lois sur l'impact de l'élévation du niveau marin sur la position du trait de côte. Ça nous permet d'avoir des projections à l'échelle globale. Ce type d'approche s'appuie sur des hypothèses très fortes et des simplifications importantes, mais elles ont le mérite d'apporter des premiers ordres de grandeur.
Sur la carte à gauche, on voit les contributions aux incertitudes des différents paramètres. En orange, ce sont les changements ambiants, qui résultent des flux sédimentaires évoqués plus haut. Le bleu, c'est l'élévation du niveau marin, et en rouge, l'impact du scénario d'émissions de gaz à effet de serre.
On voit une très forte variabilité régionale, avec, dans certaines zones, l'élévation du niveau marin qui sera prépondérante et dans d'autres, ce sera plutôt la résultante de ces flux sédimentaires.
6. Temporalités des variations du trait de côte
Quand on parle d'impact de l'élévation du niveau marin sur le trait de côte, on pense à des évolutions long terme, à l'échelle d'un siècle par exemple. Mais quand on regarde l'évolution du trait de côte plus finement, on observe des variabilités interannuelles, pluridécennales, qui peuvent être très importantes, ainsi que des variabilités saisonnières et une variabilité à l'échelle de la tempête.
Dans 2 ans, dans 5 ans, dans 15 ans, on peut avoir une position du trait de côte qui sera beaucoup plus en recul de la position du trait de côte prédite par l'élévation du niveau marin à l'horizon, par exemple, 2060-2070.
En réalité, ce que nos modèles suggèrent, c'est que l'érosion chronique, long terme, induite par l'élévation du niveau marin va vraiment émerger de cette variabilité naturelle plutôt dans la seconde partie du XXIe siècle.4
7. Conclusion
L'élévation du niveau marin est un impact direct du changement climatique d'origine anthropique. Elle est certaine dans les prochaines décennies mais son amplitude dépendra principalement de nos futures émissions de gaz à effet de serre et de l'évolution des calottes de glace.
L'érosion des côtes est contrôlée par de nombreux facteurs, naturels et d'origine anthropique. L'élévation du niveau marin vient se superposer à ces phénomènes. Et elle va plutôt aggraver les tendances érosives dans le futur.
En moyenne, les effets de l'élévation du niveau marin sur l'érosion émergeront de ceux de la variabilité naturelle plutôt dans la seconde partie du XXIe siècle. Ce sont des moyennes régionales et dans le temps et il faut garder en tête qu'il existe de très fortes variabilités aux échelles régionales et locales.
Contributeurs
Grataloup Christian
professeur émérite
BOEUF Gilles
Sorbonne Université
Gaill Françoise
CNRS - Centre National de la Recherche Scientifique
Speich Sabrina
ENS - PSL
Houssais Marie-Noëlle
CNRS - Centre National de la Recherche Scientifique
Castelle Bruno
directeur de recherche , CNRS - Centre National de la Recherche Scientifique
Durand Gaël
directeur de recherche au CNRS
Samadi Sarah
MNHN - Muséum national d'Histoire naturelle
Matabos Marjolaine
chercheuse , IFREMER - Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer
Bertrand Arnaud
IRD - Institut de Recherche pour le Développement
Lévy Marina
CNRS - Centre National de la Recherche Scientifique
Bopp Laurent
directeur de recherche , CNRS - Centre National de la Recherche Scientifique
Beaugrand Grégory
directeur de recherche , CNRS - Centre National de la Recherche Scientifique
Paul-Pont Ika
CNRS - Centre National de la Recherche Scientifique
Massé Cécile
référente Espèces non indigènes au sein de PatriNat
Olivier Frédéric
professeur , MNHN - Muséum national d'Histoire naturelle
David Bruno
ancien Président , MNHN - Muséum national d'Histoire naturelle
Prazuck Christophe
directeur de l'Institut de l'océan , Sorbonne Université
Foulquier Éric
maître de conférences , Université de Bretagne Occidentale (UBO)
Massé Guillaume
CNRS - Centre National de la Recherche Scientifique
Le Pape Olivier
L'institut Agro
Gascuel Didier
Institut agro Rennes Angers
Sadoul Bastien
maître de conférences , Institut agro Rennes Angers
Bas Adeline
Chercheuse , IFREMER - Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer
Thébaud Olivier
IFREMER - Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer
Rivot Étienne
L'institut Agro
Kerbiriou Christian
maître de conférences , Sorbonne Université
De Wever Patrick
MNHN - Muséum national d'Histoire naturelle
Ybert Sébastien
coordinateur France 2030 Grands fonds marins
Chlous Frédérique
MNHN - Muséum national d'Histoire naturelle
Mariat-Roy Émilie
MNHN - Muséum national d'Histoire naturelle
Deldrève Valérie
INRAE - Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement
Queffelec Betty
maîtresse de conférences , Université de Bretagne Occidentale (UBO)
Galletti Florence
IRD - Institut de Recherche pour le Développement
Mongruel Rémi
IFREMER - Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer
Duron Sophie-Dorothée
Directrice du Parc national de Port-Cros
Beuret Jean-Eudes
Professeur , Institut agro Rennes Angers
Richer Jean
laboratoire PoLiCEMIES , Université de La Rochelle
Guillou Elisabeth
Université de Bretagne Occidentale (UBO)
Améziane Nadia
professeure du , MNHN - Muséum national d'Histoire naturelle
Le Viol Isabelle
maîtresse de conférences , MNHN - Muséum national d'Histoire naturelle
Lucas Sterenn
Maître de Conférences , Institut agro Rennes Angers
Becquet Lucas
chef de projet IPOS au sein de la Fondation OSF