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Description

L'Océan et la vie sont intimement liés. Il y a plus de 3 milliards d’années déjà, c’est dans l’Océan qu’est apparue la vie. L'Océan est un bien commun qu'il nous faut préserver et dont nous dépendons à bien des égards : il nous nourrit, il régule le climat, il nous inspire...

Mais les activités humaines ont un fort impact sur la santé de l’Océan. Si on parle aujourd'hui beaucoup de pollutions, de surpêche, il y a d'autres inquiétudes liées par exemple au changement climatique, à l'élévation du niveau marin ou à l'acidification des eaux. Ces changements menacent son fonctionnement qui nous est pourtant essentiel.

Ces vidéos du MOOC L’Océan au cœur de l’Humanité, vous donnent les clés nécessaires pour vous aider à décrypter ce milieu qu'est l'océan : son fonctionnement et son rôle, la diversité des organismes qu’il abrite, les ressources dont bénéficie l’Humanité et pour vous aider à comprendre les problématiques actuelles et les défis qu’il faut relever pour sa préservation. Pour explorer plusieurs problématiques et comprendre ces défis, 33 enseignants-chercheurs et scientifiques issus de disciplines et d'établissements différents, sont réunis au sein de ce MOOC.

Objectifs d’apprentissage : 
- Comprendre ce qu'est l'Océan et son importance pour l'avenir de l'Humanité
- Avoir des connaissances de base sur son fonctionnement et son rôle
- Appréhender les ressources qui lui sont liées
- Comprendre les enjeux, les problématiques actuelles et les défis à relever pour sa préservation sous un angle pluridisciplinaire.

État
  • Labellisé
Langues
  • Français
Licence Creative Commons
  • Partage des conditions à l'identique
  • Pas d'utilisation commerciale
  • Pas de modification
Mentions Licence
  • Géographie et aménagement
  • Sciences de la Terre
Nature pédagogique
  • Cours
Niveau
  • Bac+3
  • Bac+5
Objectifs de Développement Durable
  • 13. Lutte contre le changement climatique
  • 14. Vie aquatique
Thèmes
  • Ecosystèmes et biodiversité
Types
  • Parcours thématique
Mots-clés
biodiversitélittoralpêchechangement climatiquePollutiondroitocéanpopulation
  • La circulation océanique, régulatrice du climat
  • La pompe biologique de carbone dans l’océan
  • Le système du courant de Humboldt : un eldorado éphémère
  • Un océan sous pression
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Arnaud Bertrand, Directeur de recherche à l'Institut de Recherche pour le Développement (IRD)

Je vais vous parler d'un écosystème marin très particulier, le système du courant de Humboldt. Ce système, situé dans l'est de l'océan Pacifique, le long des côtes péruviennes et chiliennes, est l'écosystème marin de tous les extrêmes et paradoxes. Avec les courants de Californie, des Canaries et du Benguela, c'est en effet un des quatre grands systèmes d'"upwelling" de la planète. Au total, ces quatre systèmes produisent près de 20 % des captures mondiales de poissons.

Le système du courant du Humboldt est, par ailleurs, la zone océanique mondiale où les fluctuations climatiques sont les plus fortes. On le voit sur cette figure qui représente la variabilité interannuelle de la température de surface. Cette région est, en effet, directement affectée par les événements El Niño et La Niña qui bouleversent durant des mois le régime des vents, des pluies ou des courants, et par conséquent la productivité halieutique. Ces bouleversements ont causé la disparition de certaines civilisations précolombiennes. Et plus récemment, ils ont durement impacté l'activité halieutique certaines années.

Bien que dans ce système, la normalité, ce soit la variabilité, ces dernières années, le Humboldt est le champion du monde de la productivité halieutique. En effet, alors qu'il ne représente que 0,1 % de la surface des océans, certaines années, il s'y pêche plus de 10 % des captures mondiales de poissons. Comme on le voit sur cette figure, comparé aux autres systèmes d'"upwelling", le Humboldt a une production primaire moyenne. Pourtant, il produit dix fois plus de poissons. Au Pérou, le poisson roi, c'est l'anchois. Environ cinq millions de tonnes d'anchois sont pêchées chaque année, mais ces captures ne sont pas destinées à la consommation humaine directe. Ces anchois sont presque intégralement transformés en farine de poisson. Ces farines sont exportées dans le monde entier pour nourrir saumons, poulets ou cochons. 

Dans les systèmes d'"upwelling" en général, et au Pérou en particulier, ce sont les vents qui soufflent parallèlement à la côte qui provoquent une remontée d'eau profonde riche en sels nutritifs. Lorsqu'ils arrivent dans la couche superficielle, ces sels nutritifs permettent le développement d'une grande quantité de phytoplancton. Ce phytoplancton alimente d'énormes populations de zooplancton, qui sont ensuite consommées par les poissons, et notamment les anchois. Ces derniers servent de nourriture à de nombreux prédateurs, principalement des oiseaux et des lions de mer, mais également, bien entendu, les pêcheurs. Autre singularité, le système du courant de Humboldt renferme une des zones de minimum d'oxygène la plus intense et la plus superficielle du monde. En effet, si la couche de surface est oxygénée, la tranche d'eau entre quelques mètres et plus de 600 m de profondeur ne renferme pratiquement pas d'oxygène. Cependant, durant la journée, de nombreux organismes sont capables de s'y réfugier pour échapper aux prédateurs. Enfin, pas tous, car certains prédateurs, comme le calmar géant du Humboldt, sont capables de chasser leurs proies dans cette zone anoxique. La nuit, tous ces organismes doivent remonter en surface pour s'oxygéner. D'énormes biomasses de plancton, de poissons et d'autres organismes sont alors concentrées dans une couche très fine, ce qui facilite les interactions trophiques. La présence de la zone de minimum d'oxygène est, par conséquent, un des facteurs expliquant la productivité exceptionnelle actuelle du Humboldt.

Par ailleurs, l'absence d'oxygène sur le fond préserve des organismes morts, qui sédimentent. En extrayant des carottes sédimentaires, on peut ainsi reconstruire les conditions climatiques et de productivité passées sur des milliers, voire plusieurs centaines de milliers d'années. En effet, comme on le voit sur cette figure, on y retrouve des écailles ou des vertèbres de poissons. Mais, on extrait également des informations sur la température, la teneur en oxygène ou la productivité passées. Les résultats issus de ces études de paléoécologie sont édifiants. Nous avons ainsi appris que l'extraordinaire productivité halieutique de cet écosystème est une anomalie, en regard des dizaines de milliers d'années passées. 

Ainsi, il apparaît que ce système n'a jamais été aussi productif en poissons que depuis le début du XXe siècle. Sur cette figure, on voit la quantité d'écailles de tous les poissons confondus et des anchois durant les derniers 25 000 ans. On voit que le système du courant du Humboldt produit actuellement au moins dix fois plus de poissons que par le passé. L'activité de pêche industrielle s'est donc développée dans les années 1950, durant une des périodes tout à fait exceptionnelles de l'histoire du courant du Humboldt.

Au vu des niveaux de productivité observés dans le passé, dans des conditions climatiques très différentes et des projections du climat du futur, tout amène à penser que la productivité va s'effondrer. La question qui se pose n'est pas si la productivité halieutique va s'effondrer, mais quand. Avec des conséquences potentiellement dramatiques. Ces études nous amènent donc à repenser la filière halieutique locale afin de la préparer à pêcher moins, mais à mieux valoriser les captures.
 

Contributeurs

BOEUF Gilles

Sorbonne Université

Thébaud Olivier

IFREMER - Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer

DE ROECK Yann-Hervé

Galletti Florence

IRD - Institut de Recherche pour le Développement

Levrel Harold

professeur , AgroParisTech

Chlous Frédérique

MNHN - Muséum national d'Histoire naturelle

Speich Sabrina

ENS - PSL

Gascuel Didier

Institut agro Rennes Angers

Le Pape Olivier

L'institut Agro

Chekchak Tarik

Institut des Futurs Souhaitables

Boyen Catherine

Station biologique de Roscoff

Bowler Chris

ENS - PSL

Améziane Nadia

MNHN - Muséum national d'Histoire naturelle

Beuret Jean-Eudes

L'institut Agro

Houssais Marie-Noëlle

CNRS - Centre National de la Recherche Scientifique

Lévy Marina

CNRS - Centre National de la Recherche Scientifique

D'Ovidio Francesco

CNRS - Centre National de la Recherche Scientifique

Bertrand Arnaud

IRD - Institut de Recherche pour le Développement

Massé Guillaume

CNRS - Centre National de la Recherche Scientifique

Paul-Pont Ika

CNRS - Centre National de la Recherche Scientifique

Samadi Sarah

MNHN - Muséum national d'Histoire naturelle

Rivot Étienne

L'institut Agro

De Wever Patrick

MNHN - Muséum national d'Histoire naturelle

Mongruel Rémi

IFREMER - Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer

Levain Alix

CNRS - Centre National de la Recherche Scientifique

Mariat-Roy Émilie

MNHN - Muséum national d'Histoire naturelle

Faget Daniel

Université Aix-Marseille

Guillou Elisabeth

Université de Bretagne Occidentale (UBO)

Deldrève Valérie

INRAE - Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement

Claeys Cécilia

Euzen Agathe

CNRS - Centre National de la Recherche Scientifique

Gaill Françoise

CNRS - Centre National de la Recherche Scientifique