En ligne depuis le 01/04/2025
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Description
Ce parcours porte sur la dynamique actuelle de l'océan et sur ce que cela implique pour les activités humaines qui lui sont liées. Il propose tout d'abord, sur la base des connaissances scientifiques les plus récentes, un panorama des bouleversements que connaissent les milieux marins, que ce soit sur le plan physique ou écologique. Puis il explore les démarches qui sont en cours dans les grands secteurs d'activité liés à l'océan pour à la fois réduire les impacts écologiques et s'adapter à ces bouleversements. Il examine enfin différents leviers pour parvenir à ces transitions.
Objectifs d’apprentissage :
- Identifier les multiples bouleversements que connaît aujourd'hui l'océan et expliquer pourquoi nous devons nous en inquiéter
- Présenter les dynamiques de transition enclenchées dans les principaux secteurs d'activité liés à l'océan (ex : transport, pêche, énergie)
- Justifier de l'importance du droit, de la formation et de la sensibilisation pour atténuer ces bouleversements, voire s'y adapter
État
- Labellisé
Langues
- Français
Licence Creative Commons
- Partage des conditions à l'identique
- Pas d'utilisation commerciale
- Pas de modification
Mentions Licence
- Géographie et aménagement
- Sciences de la Terre
Nature pédagogique
- Cours
Niveau
- Bac+1
- Bac+2
- Bac+3
- Bac+4
Objectifs de Développement Durable
- 13. Lutte contre le changement climatique
- 14. Vie aquatique
Thèmes
- Ecosystèmes et biodiversité
Types
- Parcours thématique
Mots-clés

Introduction sur l'Océan

L'océan : un bouleversement des équilibres de plus en plus…

De nombreuses transitions pour un océan durable

Les leviers pour l’engagement et l’action
Valérie Deldrève, Directrice de recherche à l'INRAe et Cécilia Claeys, Maître de conférences à Aix-Marseille Université
Les zones littorales constituent des lieux de vie, des lieux de travail et également des lieux de loisirs extrêmement riches en aménités, c'est-à-dire en sources d'agréments multiples, mais également exposées à de nombreux aléas ou risques environnementaux. La lecture sociologique que nous vous proposons emprunte à la justice environnementale, et notamment sa définition de l'environnement comme "The place where you live, work, and play".
Qu'est-ce que la justice environnementale ? C'est un cadre de sciences sociales qui s'est développé à partir des années 1980 aux États-Unis et qui propose d'expliquer les inégalités environnementales, soit les maux environnementaux qui touchent les populations les plus pauvres et de couleur, que ça soit dans les pays du nord ou dans les pays du sud. Dans le cadre de la justice environnementale, les inégalités environnementales sont définies comme des inégalités d'exposition aux risques, d'accès aux aménités et aux ressources naturelles, mais également d'impact qu'on a sur l'environnement de par nos modes de production et de consommation, ou encore de capacités qu'on a à se saisir des politiques environnementales, y compris pour protéger notre environnement. Si on applique maintenant cette grille aux zones littorales, on peut dire qu'elle nous permet de mieux saisir les asymétries et les inégalités plurielles qu'il y a entre les usagers des littoraux.
Mais revenons maintenant sur le découpage présenté pour lire notamment notre problématique, à savoir qui s'approprie les ressources aménités littorales, au détriment de qui, avec quelles conséquences sociales et environnementales. Autrement dit, quelles sont les inégalités environnementales qui se donnent à lire sur les littoraux ?
Dans le découpage présenté, commençons par "The place where we live". La question de la résidence est très intéressante parce qu'elle est souvent citée comme un contre-exemple d'inégalité environnementale dans la mesure où ce sont les populations les plus riches qui, pour profiter des aménités du bord de mer, sont le plus exposées aux aléas ou aux risques environnementaux comme la submersion marine ou l'érosion. Cependant, les études que l'on a pu mener sur le littoral antillais montrent que la vulnérabilité aux risques y est beaucoup plus forte parce que la bande antillaise est occupée par une population plus pauvre et noire majoritairement. Alors, c'est vrai que ces inégalités, elles se donnent également à lire dans l'Hexagone, même si majoritairement la population est plus aisée et surtout mieux protégée juridiquement. On peut voir des inégalités selon les populations dans les communes, mais selon aussi les groupes sociaux qu'on peut observer sur le littoral.
"The place where we work" pose la question de l'accès à la ressource halieutique, mais aussi la question conjointe de l'effort environnemental, soit l'effort que l'on doit fournir par rapport à la contribution qui est demandée pour protéger les ressources naturelles. Deux exemples peuvent être cités ici. Celui du Parc national des Calanques et celui de Sainte-Rose sur la côte est de La Réunion où ont été créées des zones de non-prélèvement, c'est-à-dire des zones où aucun prélèvement, aucune pêche, aucune cueillette n'est permise. Ces zones de non-prélèvement représentent, a priori, des contributions collectives égales que tout le monde, tous les usagers de la mer doivent respecter pour participer au renouvellement de la ressource.
Pourtant, ces contributions représentent un effort inégal selon que les pêcheurs aient ou non contribué au préalable à la définition de ces zones de non-prélèvement, donc selon qu'ils aient ou non été concertés. Et puis selon aussi leur degré de dépendance économique. Ainsi, les pêcheurs professionnels vont être beaucoup plus sollicités ou vont subir beaucoup plus de conséquences que les pêcheurs plaisanciers ou amateurs, et parmi les premiers, l'effort va être inégal selon les métiers exercés, selon la taille de l'embarcation, ou encore selon qu'elle ait été ou non amortie. Donc les exemples que l'on a cités permettent de mettre en exergue le fait que cet effort est moins proportionnel à l'impact de l'activité sur la biodiversité que, finalement, à la capacité qu'ont les acteurs de s'organiser collectivement pour faire entendre leur voix, ou à trouver des alternatives économiques.
Nous en venons maintenant à "where we play" ou à l'exemple de la récréation. À partir de la récréation, on peut poser la question des inégalités d'accès aux aménités et de la conservation de la nature comme les deux faces d'une même pièce. On prendra ici des exemples plutôt hexagonaux, ceux du nord et du sud-est de la France. Nos études ont montré que la massification contribue, finalement, en augmentant la tension entre attractivité d'une part et vulnérabilité, à faire porter l'effort nécessaire aux usages populaires de la nature et aux populations les plus démunies. Par "usage populaire de la nature", on entend les pratiques telles que les pique-niques ou encore les chalets sur la plage de Calais, ou encore un tourisme de masse, souvent vues comme des pratiques faciles et dévalorisées par rapport à des pratiques de contemplation, vues comme plus respectueuses de la nature et plus méritantes.
Les mesures de régulation mises en place semblent cohérentes avec une logique de conservation. Elles vont consister à essayer de limiter ce qu'on appelle actuellement l'hyper-fréquentation en rendant, par exemple, les parkings des aires protégées payants, ou en développant des pratiques écotouristiques plus élitistes et plus respectueuses de la nature. Mais ce faisant, elles tendent à occulter aussi des pratiques d'attachement à la nature, des pratiques d'attachement plus populaires qui ont contribué dans l'Histoire à protéger également la nature, et elles laissent se développer en parallèle des pratiques d'appropriation beaucoup plus excluantes comme le développement exponentiel de la plaisance ou la gentrification du littoral qui, pourtant, sont contraires aux politiques de préservation et de conservation de la nature.
Pour conclure, la gestion des risques littoraux et la protection de la biodiversité sur le littoral se sont beaucoup appuyées, historiquement et actuellement, sur des publics qui ont été influents, à la fois pour lutter contre les risques comme la submersion marine ou ce qu'on a appelé l'hyper-fréquentation. Ces publics influents, qui sont de plus en plus intégrés dans les politiques environnementales participatives, sont pourtant ceux aussi qui ont le plus d'impact de par leurs pratiques de consommation ou leur manière de résider sur le littoral. À la lumière de nos études, on peut donc poser que ne pas penser les inégalités environnementales dans les politiques littorales pose des questions d'ordre éthique, mais soulève aussi des risques d'impasse dans la lutte contre les changements globaux.
Contributeurs
Grataloup Christian
professeur émérite
BOEUF Gilles
Sorbonne Université
Gaill Françoise
CNRS - Centre National de la Recherche Scientifique
Speich Sabrina
ENS - PSL
Houssais Marie-Noëlle
CNRS - Centre National de la Recherche Scientifique
Castelle Bruno
directeur de recherche , CNRS - Centre National de la Recherche Scientifique
Durand Gaël
directeur de recherche au CNRS
Samadi Sarah
MNHN - Muséum national d'Histoire naturelle
Matabos Marjolaine
chercheuse , IFREMER - Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer
Bertrand Arnaud
IRD - Institut de Recherche pour le Développement
Lévy Marina
CNRS - Centre National de la Recherche Scientifique
Bopp Laurent
directeur de recherche , CNRS - Centre National de la Recherche Scientifique
Beaugrand Grégory
directeur de recherche , CNRS - Centre National de la Recherche Scientifique
Paul-Pont Ika
CNRS - Centre National de la Recherche Scientifique
Massé Cécile
référente Espèces non indigènes au sein de PatriNat
Olivier Frédéric
professeur , MNHN - Muséum national d'Histoire naturelle
David Bruno
ancien Président , MNHN - Muséum national d'Histoire naturelle
Prazuck Christophe
directeur de l'Institut de l'océan , Sorbonne Université
Foulquier Éric
maître de conférences , Université de Bretagne Occidentale (UBO)
Massé Guillaume
CNRS - Centre National de la Recherche Scientifique
Le Pape Olivier
L'institut Agro
Gascuel Didier
Institut agro Rennes Angers
Sadoul Bastien
maître de conférences , Institut agro Rennes Angers
Bas Adeline
Chercheuse , IFREMER - Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer
Thébaud Olivier
IFREMER - Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer
Rivot Étienne
L'institut Agro
Kerbiriou Christian
maître de conférences , Sorbonne Université
De Wever Patrick
MNHN - Muséum national d'Histoire naturelle
Ybert Sébastien
coordinateur France 2030 Grands fonds marins
Chlous Frédérique
MNHN - Muséum national d'Histoire naturelle
Mariat-Roy Émilie
MNHN - Muséum national d'Histoire naturelle
Deldrève Valérie
INRAE - Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement
Queffelec Betty
maîtresse de conférences , Université de Bretagne Occidentale (UBO)
Galletti Florence
IRD - Institut de Recherche pour le Développement
Mongruel Rémi
IFREMER - Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer
Duron Sophie-Dorothée
Directrice du Parc national de Port-Cros
Beuret Jean-Eudes
Professeur , Institut agro Rennes Angers
Richer Jean
laboratoire PoLiCEMIES , Université de La Rochelle
Guillou Elisabeth
Université de Bretagne Occidentale (UBO)
Améziane Nadia
professeure du , MNHN - Muséum national d'Histoire naturelle
Le Viol Isabelle
maîtresse de conférences , MNHN - Muséum national d'Histoire naturelle
Lucas Sterenn
Maître de Conférences , Institut agro Rennes Angers
Becquet Lucas
chef de projet IPOS au sein de la Fondation OSF