En ligne depuis le 01/04/2025
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Description
Ce parcours porte sur la dynamique actuelle de l'océan et sur ce que cela implique pour les activités humaines qui lui sont liées. Il propose tout d'abord, sur la base des connaissances scientifiques les plus récentes, un panorama des bouleversements que connaissent les milieux marins, que ce soit sur le plan physique ou écologique. Puis il explore les démarches qui sont en cours dans les grands secteurs d'activité liés à l'océan pour à la fois réduire les impacts écologiques et s'adapter à ces bouleversements. Il examine enfin différents leviers pour parvenir à ces transitions.
Objectifs d’apprentissage :
- Identifier les multiples bouleversements que connaît aujourd'hui l'océan et expliquer pourquoi nous devons nous en inquiéter
- Présenter les dynamiques de transition enclenchées dans les principaux secteurs d'activité liés à l'océan (ex : transport, pêche, énergie)
- Justifier de l'importance du droit, de la formation et de la sensibilisation pour atténuer ces bouleversements, voire s'y adapter
État
- Labellisé
Langues
- Français
Licence Creative Commons
- Partage des conditions à l'identique
- Pas d'utilisation commerciale
- Pas de modification
Mentions Licence
- Géographie et aménagement
- Sciences de la Terre
Nature pédagogique
- Cours
Niveau
- Bac+1
- Bac+2
- Bac+3
- Bac+4
Objectifs de Développement Durable
- 13. Lutte contre le changement climatique
- 14. Vie aquatique
Thèmes
- Ecosystèmes et biodiversité
Types
- Parcours thématique
Mots-clés

Introduction sur l'Océan

L'océan : un bouleversement des équilibres de plus en plus…

De nombreuses transitions pour un océan durable

Les leviers pour l’engagement et l’action
Arnaud Bertrand, Directeur de recherche à l'Institut de Recherche pour le Développement (IRD)
Je vais vous parler d'un écosystème marin très particulier, le système du courant de Humboldt. Ce système, situé dans l'est de l'océan Pacifique, le long des côtes péruviennes et chiliennes, est l'écosystème marin de tous les extrêmes et paradoxes. Avec les courants de Californie, des Canaries et du Benguela, c'est en effet un des quatre grands systèmes d'"upwelling" de la planète. Au total, ces quatre systèmes produisent près de 20 % des captures mondiales de poissons.
Le système du courant du Humboldt est, par ailleurs, la zone océanique mondiale où les fluctuations climatiques sont les plus fortes. On le voit sur cette figure qui représente la variabilité interannuelle de la température de surface. Cette région est, en effet, directement affectée par les événements El Niño et La Niña qui bouleversent durant des mois le régime des vents, des pluies ou des courants, et par conséquent la productivité halieutique. Ces bouleversements ont causé la disparition de certaines civilisations précolombiennes. Et plus récemment, ils ont durement impacté l'activité halieutique certaines années.
Bien que dans ce système, la normalité, ce soit la variabilité, ces dernières années, le Humboldt est le champion du monde de la productivité halieutique. En effet, alors qu'il ne représente que 0,1 % de la surface des océans, certaines années, il s'y pêche plus de 10 % des captures mondiales de poissons. Comme on le voit sur cette figure, comparé aux autres systèmes d'"upwelling", le Humboldt a une production primaire moyenne. Pourtant, il produit dix fois plus de poissons. Au Pérou, le poisson roi, c'est l'anchois. Environ cinq millions de tonnes d'anchois sont pêchées chaque année, mais ces captures ne sont pas destinées à la consommation humaine directe. Ces anchois sont presque intégralement transformés en farine de poisson. Ces farines sont exportées dans le monde entier pour nourrir saumons, poulets ou cochons.
Dans les systèmes d'"upwelling" en général, et au Pérou en particulier, ce sont les vents qui soufflent parallèlement à la côte qui provoquent une remontée d'eau profonde riche en sels nutritifs. Lorsqu'ils arrivent dans la couche superficielle, ces sels nutritifs permettent le développement d'une grande quantité de phytoplancton. Ce phytoplancton alimente d'énormes populations de zooplancton, qui sont ensuite consommées par les poissons, et notamment les anchois. Ces derniers servent de nourriture à de nombreux prédateurs, principalement des oiseaux et des lions de mer, mais également, bien entendu, les pêcheurs. Autre singularité, le système du courant de Humboldt renferme une des zones de minimum d'oxygène la plus intense et la plus superficielle du monde. En effet, si la couche de surface est oxygénée, la tranche d'eau entre quelques mètres et plus de 600 m de profondeur ne renferme pratiquement pas d'oxygène. Cependant, durant la journée, de nombreux organismes sont capables de s'y réfugier pour échapper aux prédateurs. Enfin, pas tous, car certains prédateurs, comme le calmar géant du Humboldt, sont capables de chasser leurs proies dans cette zone anoxique. La nuit, tous ces organismes doivent remonter en surface pour s'oxygéner. D'énormes biomasses de plancton, de poissons et d'autres organismes sont alors concentrées dans une couche très fine, ce qui facilite les interactions trophiques. La présence de la zone de minimum d'oxygène est, par conséquent, un des facteurs expliquant la productivité exceptionnelle actuelle du Humboldt.
Par ailleurs, l'absence d'oxygène sur le fond préserve des organismes morts, qui sédimentent. En extrayant des carottes sédimentaires, on peut ainsi reconstruire les conditions climatiques et de productivité passées sur des milliers, voire plusieurs centaines de milliers d'années. En effet, comme on le voit sur cette figure, on y retrouve des écailles ou des vertèbres de poissons. Mais, on extrait également des informations sur la température, la teneur en oxygène ou la productivité passées. Les résultats issus de ces études de paléoécologie sont édifiants. Nous avons ainsi appris que l'extraordinaire productivité halieutique de cet écosystème est une anomalie, en regard des dizaines de milliers d'années passées.
Ainsi, il apparaît que ce système n'a jamais été aussi productif en poissons que depuis le début du XXe siècle. Sur cette figure, on voit la quantité d'écailles de tous les poissons confondus et des anchois durant les derniers 25 000 ans. On voit que le système du courant du Humboldt produit actuellement au moins dix fois plus de poissons que par le passé. L'activité de pêche industrielle s'est donc développée dans les années 1950, durant une des périodes tout à fait exceptionnelles de l'histoire du courant du Humboldt.
Au vu des niveaux de productivité observés dans le passé, dans des conditions climatiques très différentes et des projections du climat du futur, tout amène à penser que la productivité va s'effondrer. La question qui se pose n'est pas si la productivité halieutique va s'effondrer, mais quand. Avec des conséquences potentiellement dramatiques. Ces études nous amènent donc à repenser la filière halieutique locale afin de la préparer à pêcher moins, mais à mieux valoriser les captures.
Contributeurs
Grataloup Christian
professeur émérite
BOEUF Gilles
Sorbonne Université
Gaill Françoise
CNRS - Centre National de la Recherche Scientifique
Speich Sabrina
ENS - PSL
Houssais Marie-Noëlle
CNRS - Centre National de la Recherche Scientifique
Castelle Bruno
directeur de recherche , CNRS - Centre National de la Recherche Scientifique
Durand Gaël
directeur de recherche au CNRS
Samadi Sarah
MNHN - Muséum national d'Histoire naturelle
Matabos Marjolaine
chercheuse , IFREMER - Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer
Bertrand Arnaud
IRD - Institut de Recherche pour le Développement
Lévy Marina
CNRS - Centre National de la Recherche Scientifique
Bopp Laurent
directeur de recherche , CNRS - Centre National de la Recherche Scientifique
Beaugrand Grégory
directeur de recherche , CNRS - Centre National de la Recherche Scientifique
Paul-Pont Ika
CNRS - Centre National de la Recherche Scientifique
Massé Cécile
référente Espèces non indigènes au sein de PatriNat
Olivier Frédéric
professeur , MNHN - Muséum national d'Histoire naturelle
David Bruno
ancien Président , MNHN - Muséum national d'Histoire naturelle
Prazuck Christophe
directeur de l'Institut de l'océan , Sorbonne Université
Foulquier Éric
maître de conférences , Université de Bretagne Occidentale (UBO)
Massé Guillaume
CNRS - Centre National de la Recherche Scientifique
Le Pape Olivier
L'institut Agro
Gascuel Didier
Institut agro Rennes Angers
Sadoul Bastien
maître de conférences , Institut agro Rennes Angers
Bas Adeline
Chercheuse , IFREMER - Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer
Thébaud Olivier
IFREMER - Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer
Rivot Étienne
L'institut Agro
Kerbiriou Christian
maître de conférences , Sorbonne Université
De Wever Patrick
MNHN - Muséum national d'Histoire naturelle
Ybert Sébastien
coordinateur France 2030 Grands fonds marins
Chlous Frédérique
MNHN - Muséum national d'Histoire naturelle
Mariat-Roy Émilie
MNHN - Muséum national d'Histoire naturelle
Deldrève Valérie
INRAE - Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement
Queffelec Betty
maîtresse de conférences , Université de Bretagne Occidentale (UBO)
Galletti Florence
IRD - Institut de Recherche pour le Développement
Mongruel Rémi
IFREMER - Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer
Duron Sophie-Dorothée
Directrice du Parc national de Port-Cros
Beuret Jean-Eudes
Professeur , Institut agro Rennes Angers
Richer Jean
laboratoire PoLiCEMIES , Université de La Rochelle
Guillou Elisabeth
Université de Bretagne Occidentale (UBO)
Améziane Nadia
professeure du , MNHN - Muséum national d'Histoire naturelle
Le Viol Isabelle
maîtresse de conférences , MNHN - Muséum national d'Histoire naturelle
Lucas Sterenn
Maître de Conférences , Institut agro Rennes Angers
Becquet Lucas
chef de projet IPOS au sein de la Fondation OSF