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Arbres

UVED - Université Virtuelle Environnement et Développement durable
Description

Ce parcours vous propose de découvrir les arbres, ce qu'ils sont, comment ils vivent, comment ils s'organisent et fonctionnent à différentes échelles d'espaces et de temps, et quels services ils nous rendent.

Objectifs d'apprentissage :

- Décrire les arbres et les identifier
- Expliquer comment les arbres perçoivent et interagissent avec leur environnement
- Nommer les mécanismes permettant aux arbres de s'adapter au changement climatique
- Identifier des pistes pour protéger ou déployer les arbres dans différents milieux (forêts, villes, champs)

 

État
  • Labellisé
Langues
  • Français
Licence Creative Commons
  • Partage des conditions à l'identique
  • Pas d'utilisation commerciale
  • Pas de modification
Mentions Licence
  • Sciences de la Terre
  • Sciences de la vie
Nature pédagogique
  • Cours
Niveau
  • Bac+2
  • Bac+3
  • Bac+4
Objectifs de Développement Durable
  • 13. Lutte contre le changement climatique
  • 15. Vie terrestre
  • 3. Bonne santé et bien-être
Thèmes
  • Ecosystèmes et biodiversité
Types
  • Parcours thématique
Mots-clés
arbresforêtsécosystèmes forestierschangement climatiquebiologie végétaletransportspêchedroit
  • La vie animée des arbres : sens, mouvements et exploration
  • Les maladies des arbres
  • Qu’est-ce qu’une forêt ?
  • La "forêt urbaine" : une approche globale du rôle des arbres en ville
  • Les arbres, pour repenser la ville
  • L'arbre, un allié des cultures dans la transition écologique
  • Agroforesterie, bien-être et santé mentale
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Ce document est la transcription révisée, chapitrée et illustrée d’une vidéo du MOOC UVED « Arbres ». Ce n’est pas un cours écrit au sens propre du terme ; le choix des mots et l'articulation des idées sont propres aux interventions orales des auteurs.

Les arbres, pour repenser la ville

Alix Cosquer, CEFE

1. Evolution de la place de l’arbre en ville

La place de l'arbre en ville a considérablement évolué au cours des siècles dans les sociétés occidentales industrielles. À partir des 17e et 18e siècles, on observe un essor démographique important. L'emprise des villes sur les territoires s'étend au-delà des fortifications et les quartiers intègrent progressivement des espaces végétalisés.

Au 19e siècle, la place des arbres en ville s'inscrit à la fois dans une préoccupation récréative : il s'agit d'offrir des espaces de loisir, de détente et de sociabilité aux citadins, et hygiéniste : la présence de végétation et la fréquentation des espaces verts sont envisagées comme un contrepoint à la pollution des villes. Les travaux d'aménagement urbain au cours du Second Empire, entre 1850 et 1870, comme ceux menés à Paris par le baron Haussmann, intègrent l'arbre dans le bâti urbain. Le maillage urbain intègre des squares, des parcs et jardins et des bois reliés par des promenades et des avenues plantées, où les platanes et les marronniers occupent une place importante. L'arbre est à la fois envisagé de manière individuelle, comme c'est le cas dans des avenues plantées, ou intégré à un milieu paysager, comme dans le bois de Vincennes, par exemple.

Au 20e siècle, les arbres continuent à être intégrés dans l'urbanisme et s'ancrent dans les paysages urbains comme des objets d'aménagement. Ils sont coupés et replantés au gré des visions et des contraintes urbanistiques, par exemple lors des politiques urbaines des années 1960 et 1970. Dans les espaces des villes soumis à de fortes contraintes, pollution, bétonisation, les conditions de vie des arbres en ville sont peu prises en compte.

Au 21e siècle, l'approche de l'arbre en ville tend à évoluer. Il s'agit toujours d'une approche gestionnaire, puisque les espaces urbains demeurent des milieux fortement artificialisés. Néanmoins, cette gestion tend à reposer sur une plus grande attention portée à la santé des végétaux qui passe en partie par une diversification des essences, par une approche plus écosystémique de l'arbre en ville en relation avec son environnement et par une intégration des enjeux socio-environnementaux qui vont au-delà d'une fonction esthétique et récréative.

2. Arbres en ville et santé humaine

Leur présence en ville contribue à la transformation de l'environnement urbain, notamment à travers des fonctions biogéochimiques et écologiques qui participent à des services écosystémiques d'auto-entretien et de régulation. Les arbres contribuent au cycle biogéochimique. Ils contribuent à l'amélioration de la qualité de l'eau et favorisent l'infiltration, ce qui réduit les risques d'inondation. Ils régénèrent l'air, absorbent les polluants et contribuent à diminuer les températures par l'ombre qu'ils procurent et l'évapotranspiration, ce qui permet une réduction de l'effet d'îlot de chaleur urbain.

Les arbres favorisent également le fonctionnement écologique dans les villes, à travers une diversité de la vie des sols, une continuité écologique, et en permettant l'accueil et le maintien de la biodiversité. La présence d'arbres, et plus largement d'environnements plus végétalisés et de biodiversité, favorise la santé et le bien-être des urbains.

En termes de services écosystémiques, ils contribuent aussi à des services culturels. En termes de santé physique, la présence d'espaces verts favorise la mobilité et l'activité physique, ce qui contribue à une diminution des risques d'obésité et de maladies cardiovasculaires.

Certains paramètres physiologiques observés, par exemple, la baisse de la fréquence cardiaque, de la tension artérielle, des niveaux de cortisol, lors de la fréquentation de parcs en ville traduisent un processus de régulation du système nerveux autonome. En termes de santé mentale, la réduction physiologique du stress s'accompagne d'une diminution des facteurs de risque psychologique et de la charge de certaines maladies, telles que les troubles anxieux et la dépression. La fréquentation des parcs alimente également favorablement les liens sociaux en favorisant les rencontres et la cohésion sociale.

La présence d'arbres en ville peut aussi contribuer à l'alimentation à travers des vergers urbains et à l'appréciation globale du cadre de vie. Plus largement, l'intégration d'une plus grande diversité biologique en ville rejoint des enjeux sociétaux de santé publique et favorise l'attractivité des territoires. Ces diverses contributions apparaissent d'autant plus impactantes dans un contexte de modification profonde des modes de vie, de travail, d'habitat, de déplacement, marqué par l'urbanisation, une plus grande sédentarité au quotidien et par une diminution des contacts avec une diversité d'espèces et d'espaces naturels. Ces conclusions s'appuient sur un ensemble de recherches menées autour de la santé et des espaces naturels urbains ou forestiers. En ville, les arbres sont une dimension importante des espaces naturels, même s'ils ne relèvent pas toujours de milieux forestiers. Soulignons également que les effets observés varient selon les profils des individus ou des groupes suivis, selon les profils socio-démographiques, les représentations, les perceptions et en fonction des contextes d'expérience, des types de milieu, d'activité.

3. Mieux vivre en ville : quelle place pour les arbres ?

L'importance et la complémentarité des services directs ou indirects apportés par les arbres et, plus largement, par la biodiversité en ville amènent à s'interroger sur la place de l'arbre en ville. Pourrait-on considérer celui-ci non plus comme un objet d'aménagement urbain mais comme un sujet qui participe positivement au fonctionnement des socio-écosystèmes urbains ?

Ces dernières années, plusieurs réflexions sont menées pour repenser la présence des arbres en ville dans une approche intégrée, c'est-à-dire en cherchant à répondre, à travers l'aménagement urbain et des solutions basées sur la nature, à des besoins sociaux et environnementaux. Ces démarches s'organisent dans un contexte de forte pression immobilière dans les milieux urbains et de crise environnementale globale. Cela nécessite, par exemple, de penser l'adaptation des essences au regard du changement climatique, mais aussi de questionner la contribution des expériences de nature en ville à la sensibilisation et à l'action environnementale.

Des démarches en cours sont à souligner car elles proposent une diversité de pistes pour croiser la question des arbres et de la nature en ville avec les expériences quotidiennes. Des structures de soins et de santé, dans des hôpitaux, des maisons de retraite, aménagent ainsi des jardins thérapeutiques afin d'améliorer le bien-être des patients. Dans de nombreux établissements scolaires, des démarches de végétalisation des cours d'école, de potager pédagogique, sont menées. Les arbres ont aussi une place dans des espaces sociaux du quotidien, par exemple, des jardins collectifs ou lors de la restructuration de places urbaines.

Comme vous le voyez, les contributions des arbres à la santé des urbains sont nombreuses. Ces réflexions nécessitent une interdisciplinarité et un croisement de perspectives entre urbanisme, architecture, sciences écologiques, humaines et sociales. De plus, l'implication des usagers apparaît comme une piste importante pour comprendre et prendre en compte les perceptions et les usages présents et à venir.

Contributeurs

Munzinger Jérôme

chercheur

Boura Anaïs

maître de conférences , Sorbonne Université

Pilate Gilles

directeur de recherche , INRAE - Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement

Caraglio Yves

Ingénieur chercheur , CIRAD - Centre de coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement

Atger Claire

chargée d'études à Pousse Conseil

Barbier Nicolas

chargé de recherche , IRD - Institut de Recherche pour le Développement

Trouy Marie-Christine

maître de conférences , Université de Lorraine

Gerber Sophie

chercheuse , INRAE - Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement

Lepaul-Picolet Shaan

Doctorante , Université de Bordeaux

Mariette Stéphanie

chargée de recherche , INRAE - Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement

Derroire Géraldine

chercheuse , CIRAD - Centre de coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement

Isnard Sandrine

chargée de recherche , IRD - Institut de Recherche pour le Développement

Moulia Bruno

directeur de recherche , INRAE - Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement

Martin Francis

directeur de recherche émérite , INRAE - Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement

Selosse Marc-André

professeur , MNHN - Muséum national d'Histoire naturelle

Frey Pascal

directeur de recherche , INRAE - Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement

Blanc Lilian

chercheur , CIRAD - Centre de coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement

Legay Myriam

directrice du campus AgroParisTech de Nancy

Muller Serge

Cosquer Alix

chercheuse , Centre d'écologie fonctionnelle et évolutive (CEFE)

Dumat Camille

professeure , ENSAT - Ecole Nationale Supérieure Agronomique de Toulouse

Le Cadre Édith

professeure , Institut agro Rennes Angers

Lenne Catherine

enseignante chercheuse , UCA - Université Clermont Auvergne

Dreyer Erwin

directeur de recherche , INRAE - Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement

Maury Stéphane

professeur , Université d'Orléans

Kremer Antoine

directeur de recherche , INRAE - Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement

Heuret Patrick

chargé de recherche , INRAE - Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement

Massonnet Catherine

Chargée de recherche , INRAE - Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement

Musch Brigitte

coordinatrice nationale des ressources génétiques forestières à l'ONF

Hallé Francis

Botaniste

Hiernaux Quentin

professeur à l'Université libre de Bruxelles