En ligne depuis le 15/04/2025
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Description
Ce parcours vous propose de découvrir les arbres, ce qu'ils sont, comment ils vivent, comment ils s'organisent et fonctionnent à différentes échelles d'espaces et de temps, et quels services ils nous rendent.
Objectifs d'apprentissage :
- Décrire les arbres et les identifier
- Expliquer comment les arbres perçoivent et interagissent avec leur environnement
- Nommer les mécanismes permettant aux arbres de s'adapter au changement climatique
- Identifier des pistes pour protéger ou déployer les arbres dans différents milieux (forêts, villes, champs)
État
- Labellisé
Langues
- Français
Licence Creative Commons
- Partage des conditions à l'identique
- Pas d'utilisation commerciale
- Pas de modification
Mentions Licence
- Sciences de la Terre
- Sciences de la vie
Nature pédagogique
- Cours
Niveau
- Bac+2
- Bac+3
- Bac+4
Objectifs de Développement Durable
- 13. Lutte contre le changement climatique
- 15. Vie terrestre
- 3. Bonne santé et bien-être
Thèmes
- Ecosystèmes et biodiversité
Types
- Parcours thématique
Mots-clés

Connaître et reconnaître les arbres

L’arbre dans son environnement

L'arbre et les changements globaux

Les arbres : questions irrésolues et place dans l’éthique
Ce document est la transcription révisée, chapitrée et illustrée d’une vidéo du MOOC UVED « Arbres ». Ce n’est pas un cours écrit au sens propre du terme ; le choix des mots et l'articulation des idées sont propres aux interventions orales des auteurs.
Agroforesterie, bien-être et santé mentale
Edith Le Cadre, Institut Agro Rennes-Angers
J'effectue mes recherches sur l'agroforesterie, et plus particulièrement sur la résilience du fonctionnement de ses systèmes face aux phénomènes climatiques extrêmes. Le concept de résilience ayant de multiples résonances, notamment en psychologie, je vous invite à réfléchir, cette fois-ci ensemble, dans cette vidéo, au lien entre l'agroforesterie et le bien-être.
1. Introduction
Voici un paysage agricole où l'arbre est présent. Ce paysage est beau. Il a été façonné, maintenu par les agriculteurs et agricultrices qui ont vécu et qui vivent dans ce paysage. Les agriculteurs et agricultrices jouent depuis longtemps un rôle important dans la formation et l'entretien de ces paysages ruraux, et leurs pratiques et leurs connaissances expérientielles, nécessairement incarnées, créent une relation très particulière entre eux et la terre. C'est pourquoi le thème du bien-être des agriculteurs et des agricultrices revêt une importance particulière, en raison de la tendance au vieillissement de la population et à l'abandon des exploitations ou au risque d'abandon.
Selon plusieurs études récentes, les résultats montrent que les risques pour la santé mentale et la qualité de vie sont la charge de travail, les finances, le changement climatique et les phénomènes climatiques extrêmes, les lois et réglementations, les normes masculines, pour les agricultrices, la solitude, l'isolement et le manque de soutien. Par ailleurs, l'écart est parfois important entre les aspirations et les réelles opportunités de trajectoire des exploitations agricoles. En effet, certaines logiques de développement agricole laissent peu de marge de manœuvre.
Métiers de l’agriculture : quels risques pour la santé mentale et la qualité de vie ?
Pris dans leur ensemble, tous ces éléments peuvent contribuer à dégrader la qualité de vie, voire la santé mentale des agriculteurs et agricultrices.
2. Définitions
Le bien-être a été évoqué pour la première fois comme un bien non économique par Pigou en 1924. Depuis, l'Organisation mondiale de la santé, l'OMS, le définit comme : "La perception qu'a un individu de sa place dans l'existence, dans le contexte de la culture et du système de valeurs dans lequel il vit et en relation avec ses objectifs, ses attentes, ses normes et ses inquiétudes." Le bien-être est une ressource pour la vie quotidienne et est déterminé par les conditions sociales, économiques et environnementales. Le bien-être englobe la qualité de vie et la capacité des personnes et des sociétés à contribuer au monde en lui donnant un sens et un but. Le bien-être d'une société peut être déterminé par la mesure dans laquelle elle est résiliente, c'est-à-dire sa capacité d'action, et est prête à transcender les défis.
Voyons une autre définition, maintenant : la santé. La santé est un état de bien-être physique, mental et social complet. La santé mentale est "un état de bien-être dans lequel une personne réalise ses propres capacités, peut faire face au stress normal de la vie, peut travailler de manière productive et est capable d'apporter une contribution à sa communauté." La santé mentale est fondamentale pour notre capacité collective et individuelle en tant qu'humains à penser, à interagir les uns avec les autres et à profiter de la vie.
Deux types de facteurs affectent le bien-être : les capacités de l'individu à faire face à la vie et les caractéristiques de l'environnement social et naturel de l'individu. C'est à ce titre que nous pouvons nous interroger sur la place de l'arbre dans les systèmes agricoles sur la question du bien-être et de la santé mentale.
3. Santé mentale et agroforesterie
Les systèmes agroforestiers sont des écosystèmes et fournissent un bouquet de services aux humains, appelés services écosystémiques, comme la fourniture d'énergie, d'alimentation. Ces catégories de services sont écrites en noir, à gauche, sur cette figure.
Par ailleurs, de récents travaux s'intéressent aux liens entre la biodiversité comme un des leviers d'adaptation face à des imprévus, autrement dit de résilience. Ce point est déterminant, car l'impact des pratiques agroforestières sur le bien-être humain est un facteur important dans la volonté d'adopter l'agroforesterie. Ces études, moins nombreuses, sont indiquées en bleu, à gauche, sur la figure suivante.
Vous pouvez constater que certains auteurs et autrices ont regardé le lien entre l'agroforesterie et la spiritualité, les interactions physiques, ou le bien-être comme notion subjective. Il existerait donc des liens entre le bien-être et l'agroforesterie.
Cependant, beaucoup de preuves existantes sont basées sur des observations et études d'enquête ou de perception. Dans cette figure, vous avez une analyse des indicateurs utilisés dans 92 autres études pour évaluer le bien-être des agriculteurs et des agricultrices. De ces 92 articles, les auteurs et autrices ont obtenu cette représentation en forme de réseau. Les nœuds, les cercles, représentent des domaines. Ces domaines sont l'agrégation de contenus, d'enquêtes et d'analyses de conversations. La taille du nœud indique le classement global des domaines parmi toutes les études. Les relations sociales sont très fréquentes, tandis que la gouvernance l'est beaucoup moins. Une fois les domaines étudiés, les indicateurs peuvent être décidés pour permettre l'évaluation du bien-être. Les traits représentent les liens présents entre les domaines. Par exemple, entre le domaine économique et la production, qui est relié fortement au domaine pratique. La fréquence des liens dans la même étude est indiquée par l'épaisseur du trait. Ici, très fréquent, dans notre exemple.
Vous pouvez lire comment est évaluée la multidimensionnalité du bien-être à l'aide de la figure en entier. Nous pouvons remarquer que les domaines de santé mentale et attachement sont très faiblement représentés, alors que des liens existent, ce qui revient à dire que ces domaines sont sous-représentés dans les études sur le bien-être et l'agroforesterie. Une des explications serait que les indicateurs ne sont pas adaptés, car ils ne prennent pas en compte des aspects plus subjectifs d'expression des valeurs des agriculteurs et agricultrices, qui peuvent être ancrées dans une tradition et un savoir transmis.
4. Conclusion
Les exploitations agricoles enchevêtrent des relations entre les acteurs humains et non humains dans des réseaux dynamiques et contextuels de pouvoir et de responsabilités. Ce sont des entités économiques qui doivent être conceptualisées dans une dimension élargie à ces rapports humains, non humains et d'attachement. Cette notion d'attachement peut encourager un sentiment positif de connexion et de garde, mais cela peut également avoir pour effet de limiter le changement, avec le récit commun de continuité, agissant parfois pour cimenter des valeurs socio-économiques et environnementales conservatrices.
Repositionner les arbres dans les espaces agricoles, quand cela est possible, peut contribuer à augmenter la résilience de ces espaces et des personnes qui y vivent, mais cela suppose peut-être d'accompagner le développement d'indicateurs et d'approches participatives à la bonne échelle.
Contributeurs
Munzinger Jérôme
chercheur
Boura Anaïs
maître de conférences , Sorbonne Université
Pilate Gilles
directeur de recherche , INRAE - Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement
Caraglio Yves
Ingénieur chercheur , CIRAD - Centre de coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement
Atger Claire
chargée d'études à Pousse Conseil
Barbier Nicolas
chargé de recherche , IRD - Institut de Recherche pour le Développement
Trouy Marie-Christine
maître de conférences , Université de Lorraine
Gerber Sophie
chercheuse , INRAE - Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement
Lepaul-Picolet Shaan
Doctorante , Université de Bordeaux
Mariette Stéphanie
chargée de recherche , INRAE - Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement
Derroire Géraldine
chercheuse , CIRAD - Centre de coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement
Isnard Sandrine
chargée de recherche , IRD - Institut de Recherche pour le Développement
Moulia Bruno
directeur de recherche , INRAE - Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement
Martin Francis
directeur de recherche émérite , INRAE - Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement
Selosse Marc-André
professeur , MNHN - Muséum national d'Histoire naturelle
Frey Pascal
directeur de recherche , INRAE - Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement
Blanc Lilian
chercheur , CIRAD - Centre de coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement
Legay Myriam
directrice du campus AgroParisTech de Nancy
Muller Serge
Cosquer Alix
chercheuse , Centre d'écologie fonctionnelle et évolutive (CEFE)
Dumat Camille
professeure , ENSAT - Ecole Nationale Supérieure Agronomique de Toulouse
Le Cadre Édith
professeure , Institut agro Rennes Angers
Lenne Catherine
enseignante chercheuse , UCA - Université Clermont Auvergne
Dreyer Erwin
directeur de recherche , INRAE - Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement
Maury Stéphane
professeur , Université d'Orléans
Kremer Antoine
directeur de recherche , INRAE - Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement
Heuret Patrick
chargé de recherche , INRAE - Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement
Massonnet Catherine
Chargée de recherche , INRAE - Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement
Musch Brigitte
coordinatrice nationale des ressources génétiques forestières à l'ONF
Hallé Francis
Botaniste
Hiernaux Quentin
professeur à l'Université libre de Bruxelles