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Arbres
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UVED - Université Virtuelle Environnement et Développement durable
Description

L'arbre, prodige d'architecture, est une créature à la fois extraordinaire et mystérieuse, immobile et inventive, unique et plurielle ! Certains arbres peuvent vivre très longtemps, plusieurs milliers d'années, et tous sont reliés de différentes manières à leur environnement... Nous avons beaucoup à apprendre d'eux.

Sans eux, nous ne serions probablement pas là tant les services qu'ils nous rendent sont nombreux. Dans le contexte actuel, ce sont par exemple des alliés de tout premier plan pour nous aider à lutter contre le réchauffement climatique, la pollution atmosphérique, la perte de fertilité des sols ou encore la diminution de la biodiversité.

L'objectif de ce parcours de vidéos est de vous faire connaître et aimer ces géants, comprendre leur rôle essentiel sur Terre, et de vous inciter à les respecter et à les protéger.

Objectifs d'apprentissage :

- Comprendre la structure et le fonctionnement des arbres
- Appréhender la diversité des interactions que peuvent avoir les arbres avec d'autres organismes de leur environnement
- Appréhender l'évolution des arbres sur le temps long ainsi que leurs dynamiques sur des échelles de temps plus courtes
- Identifier les grandes fonctions qu'assurent les arbres pour les sociétés (santé, matériaux, fruits, dépollution, etc.)
- Appréhender la vulnérabilité et la résilience des arbres dans un contexte de changement climatique.

 

État
  • Labellisé
Langues
  • Français
Licence Creative Commons
  • Partage des conditions à l'identique
  • Pas d'utilisation commerciale
  • Pas de modification
Mentions Licence
  • Sciences de la Terre
  • Sciences de la vie
  • Sciences sanitaires et sociales
  • Sciences sociales
Nature pédagogique
  • Cours
Niveau
  • Bac+2
  • Bac+3
  • Bac+4
Objectifs de Développement Durable
  • 13. Lutte contre le changement climatique
  • 15. Vie terrestre
  • 3. Bonne santé et bien-être
Thèmes
  • Ecosystèmes et biodiversité
Types
  • Parcours thématique
Mots-clés
arbresforêtsécosystèmes forestierschangement climatiquebiologie végétale
  • L'arbre et la santé humaine
  • L'arbre, fournisseur de bois
  • L'arbre, un allié des cultures dans la transition écologique
  • Le rôle des arbres face aux pollutions
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L'arbre, fournisseur de bois
par Meriem Fournier, présidente du centre INRAE Grand-Est-Nancy

Dans cette vidéo, nous allons aborder comment, entre autres services, l'arbre nous fournit du bois, support matériel de nos sociétés. 

1. Le bois, présent dans toutes les activités humaines
Comme l'illustre cette photo, qui reconstitue l'intérieur d'une habitation gauloise, le bois est depuis toujours un matériau d'habitat, pour la construction ou pour le mobilier.
 
C’est également un matériau pour fabriquer des outils : du simple bâton qui aide à marcher, à fouir ou à frapper, jusqu'à des choses bien plus sophistiquées, faites avec du bois durci au feu ou du bois naturellement très dur de certaines espèces qu'on appelle bois de fer dans les langues locales. Une autre activité humaine que le bois a développée est la guerre, illustrée par ces machines de siège.
 
Le bois a surtout été une ressource stratégique pour la marine de guerre, car les bateaux ont d'abord été en bois. Vous voyez, sur ces illustrations, le savoir-faire des forestiers d'antan pour trouver les pièces courbes qui étaient recherchées par les charpentiers de marine. Les arbres de haute futaie sont connus pour donner des longs fûts bien droits, appréciés de la construction habituelle. Là, au contraire, on valorise des arbres plus tordus, des arbres de lisière, des arbres isolés, des arbres de pleine lumière ou battus par les vents.
 
En résumé, le bois est un matériau essentiel, notamment pour la construction, mais aussi pour d'autres usages auxquels on pense peut-être moins. C'est par exemple le matériau des premiers avions, et le bois est toujours présent et inégalé dans les petits avions d'aujourd'hui. Le bois est aussi présent dans notre développement spirituel et culturel. Il permet de construire des temples, des églises, il permet de fabriquer des instruments de musique, et surtout, il est la matière première du papier, qui a permis l'imprimerie et la diffusion de masse des écrits. Enfin, le bois est à l'origine de toute la chimie moderne. La chimie du bois a inspiré la chimie du pétrole. Elle a, par exemple, permis de créer des textiles artificiels pour remplacer la soie naturelle, des tissus qu'on a appelés viscose. Les textiles à base de bois se développent aujourd'hui largement, sous divers procédés, appelés Lyocell ou Tencel.

2. Consommation de bois dans le monde
Cette carte récapitule les quantités de bois consommées dans le monde. La taille des camemberts donne la quantité de bois consommée dans chaque pays. Les proportions séparent bois matériau, en marron, et bois énergie, en jaune. Il saute aux yeux que la planète est coupée en deux. Les pays développés sont de forts consommateurs de bois matériau. À l'opposé, d'autres pays utilisent surtout du bois énergie, là où le bois reste la seule source d'énergie mobilisable. Le développement s'accompagne donc d'un usage accru du bois. 

3. Intérêts du bois
Pourquoi est-ce que l'engouement pour le matériau bois ne faiblit pas ? On ne dit jamais assez que le bois résume, à différentes échelles, les caractéristiques des matériaux les plus high-tech. D'abord, c'est un matériau cellulaire, que les spécialistes des matériaux cherchent à produire. Le bois, comme tous les tissus vivants, fabrique naturellement des cellules. C'est aussi un matériau stratifié, fait de plusieurs couches, comme les matériaux composites sandwiches qui constituent les ailes d'avions et d'autres objets de haute technologie. C'est aussi un matériau fait de polymères, comme les plastiques. Enfin, c'est un mélange de polymères structurés qui apparente le bois aux composites les plus modernes : composites renforcés par des fibres de carbone ou de kevlar. À ce propos, la production industrielle d'instruments de musique, qui sont des objets mécaniquement très performants, très précis, passe facilement du bois à des composites artificiels. Force est de constater que le bois n'est pas si facilement substituable. Pour revenir à notre propos, on peut dire que toute la conception moderne des matériaux ne fait qu'imiter le bois.

4. Le bois, un matériau 5 en 1
Pourquoi autant de performances et d'atouts du bois ? Ces atouts viennent de l'amélioration continue du bois par les arbres. Dans l'arbre, le bois est en effet un tissu cinq en un, c'est-à-dire qu'il remplit de nombreuses fonctions. Par analogie avec la biologie humaine, le même bois est à la fois le matériau du squelette, qui donne sa rigidité et sa résistance mécanique à l'organisme, mais c'est aussi mécaniquement le muscle associé à ce squelette, qui permet des mouvements des tiges d'arbres : des mouvements lents, pour nous, animaux rapides, mais des mouvements néanmoins indispensables pour la vie des arbres. Hydrauliquement, le bois est le système vasculaire qui permet à la sève de monter du sol aux feuilles. Le bois prend aussi sa part dans le système immunitaire de l'arbre, en sachant par exemple synthétiser des substances toxiques pour les animaux xylophages. Enfin, c'est aussi un garde-manger qui stocke, dans ses cellules vivantes, des réserves qui vont permettre à un arbre de pousser même quand il n'a pas de feuilles, et donc quand il n'a pas mis en route sa machinerie photosynthétique. 
 
5. Un matériau hétérogène
Par contre, pour nous, qui sommes des consommateurs exigeants, un gros inconvénient du bois, c'est que ce cinq-en-un dans l'arbre, très adapté à la vie de l'arbre, conduit à une matière première complexe, hétérogène, variable. Un même arbre produit toujours du bois de qualité hétérogène. 
Supposons qu'on veuille alimenter une filière charpente. Une fois l'arbre coupé, seulement 30 à 60 % du volume récolté pourra se transformer en billes de bois capables de fournir la qualité souhaitable, parce que le reste sera trop gros, trop petit, pas assez droit ou pas de la bonne qualité, simplement. Ensuite, seulement entre 15 et 30 % du volume de ces billes va donner des pièces réellement utilisables en charpente, parce que la transformation va générer de la sciure et d'autres qualités de bois impropres à cet usage-là en particulier. Au final, seulement entre 4 et 20 % du bois récolté va pouvoir alimenter une même filière. Mais les 80 à 96 % qu'il reste, on ne va pas les jeter. 
Donc tout l'enjeu et le savoir-faire de la valorisation du bois est d'organiser ces flux de matière entre toutes les chaînes de transformation, depuis la forêt jusqu'à tous les usages finaux. 
 
6. L’hétérogénéité : un atout ou une faiblesse ?
Dans une organisation artisanale primitive, la même communauté villageoise va faire en même temps la récolte, la transformation, et va l'utiliser pour ses propres usages. Dans ce cas, on s'accommode très facilement d'une matière première hétérogène. Au contraire, avoir à sa disposition une grande diversité de propriétés du bois, depuis des bois très légers, comme le peuplier, jusqu'au bois de fer, avoir des fûts tantôt droits, tantôt courbes, c'est un atout, face à la diversité des usages, plutôt qu'un problème. 

Avec l'industrialisation et le besoin de beaucoup de matière homogène pour des chaînes de production standardisées, ça devient un problème. Surtout qu'homogénéiser la forêt ne permet pas complètement d'homogénéiser les arbres. Penser l'usage du bois, c'est d'abord se préoccuper d'organiser des chaînes de valeur imbriquées, sans se limiter à un seul usage et un seul marché, même s'il est très demandeur, comme l'énergie, la construction, ou très rémunérateur pour le forestier, comme la fabrication de tonneaux ou de violons.

7. Conclusion
Le bois nous est indispensable. Il est produit naturellement par les arbres. Néanmoins, l'usage du bois nécessite la récolte des arbres. Cette récolte, qu'on appelle par des mots horribles, "abattage des arbres", "exploitation des forêts",  est souvent perçue comme une menace. On peut voir ça autrement. 
Le professeur Julius Natterer, récemment décédé, disait au contraire que seule l'utilisation accrue du bois dans les constructions permettrait de sauver les forêts dans le monde. Ce monsieur ne disait pas cela par provocation ou corporatisme, il portait une réelle vision des relations entre développement, architecture et nature. Comment tirer parti durablement de ce service de production de bois que nous procurent, depuis toujours, les arbres ? Il ne faut pas bloquer sur le fait que récolter un arbre, c'est le tuer. Rappelez-vous que tout être vivant finit par mourir, et il faut renouveler les arbres et les forêts lorsqu'on profite de leur bois. Attention, ça ne règle pas tout, et il faut donc se poser de nombreuses questions. 

Première question : pour lutter contre le réchauffement climatique, est-ce qu'il vaut mieux arrêter d'utiliser le bois et stocker du carbone en forêt ? Ou au contraire, est-ce qu'il faut augmenter la récolte de bois pour substituer le bois à des matières plus nocives pour le climat et l'environnement, ce qu'on appelle la bioéconomie ? 

Quelles forêts et quels arbres doit-on mettre en place pour répondre durablement à une demande de bois en masse pour la construction, l'énergie ? Comment améliorer le recyclage pour utiliser mieux les arbres récoltés ? Est-ce qu'il faut faire des forêts simplifiées, dédiées à la production et même à certains usages particuliers ? Ou au contraire, faut-il partir du principe que la récolte de bois se fera sur les mêmes espaces que les forêts dédiées à d'autres services ? 

À toutes ces questions, il y a toujours une solution simple, caricaturale et fausse. De mon point de vue de chercheur, pour répondre, il faut d'abord comprendre : comprendre les écosystèmes forestiers, comment ils donnent le bois, mais aussi les socio et techno-systèmes qui transforment et qui utilisent le bois, comprendre qui influence, qui décide, qui finance et qui profite du service. Tout ça dans un contexte mouvant de changement climatique et de crise de la biodiversité, vertigineux mais indispensable.
 

Contributeurs

Hallé Francis

Botaniste

Isnard Sandrine

chargée de recherche , IRD - Institut de Recherche pour le Développement

Pilate Gilles

directeur de recherche , INRAE - Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement

Lenne Catherine

enseignante chercheuse , UCA - Université Clermont Auvergne

Caraglio Yves

Ingénieur chercheur , CIRAD - Centre de coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement

Atger Claire

botaniste et directrice de Pousse Conseil

Heuret Patrick

chargé de recherche , INRAE - Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement

Barbier Nicolas

chargé de recherche , IRD - Institut de Recherche pour le Développement

Martin Francis

directeur de recherche émérite , INRAE - Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement

Selosse Marc-André

professeur , MNHN - Muséum national d'Histoire naturelle

Frey Pascal

directeur de recherche , INRAE - Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement

Morel-Rouhier Mélanie

professeure , Université de Lorraine

Dubuisson Jean-Yves

professeur , Sorbonne Université

Boura Anaïs

maître de conférences , Sorbonne Université

Riéra Bernard

attaché honoraire , MNHN - Muséum national d'Histoire naturelle

Frascaria-Lacoste Nathalie

professeure , AgroParisTech

Chuine Isabelle

directrice de recherche , CNRS - Centre National de la Recherche Scientifique

Kremer Antoine

directeur de recherche , INRAE - Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement

Maury Stéphane

professeur , Université d'Orléans

Dreyer Erwin

directeur de recherche , INRAE - Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement

Tassin Jacques

chercheur , CIRAD - Centre de coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement

Fournier Meriem

présidente du centre INRAE Grand-Est-Nancy

Le Cadre Édith

professeure , Institut agro Rennes Angers

Guillermin Pascale

maître de conférences , Institut agro Rennes Angers

Massonnet Catherine

Chargée de recherche , INRAE - Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement

Eude Marie

maîtresse de conférences , Université Sorbonne Paris Nord