En ligne depuis le 09/10/2018
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Description
Cette deuxième partie de cours sur les Objectifs de Développement Durable (ODD) vous présente ce que sont les ODD, à savoir un agenda pour tous les pays du monde et pour tous les secteurs.
L'une des grandes difficultés pour atteinte ces ODD à l'horizon 2030 est liée au fait qu'il existe de nombreuses interactions entre eux. Aussi, l'ambition du cours est de vous aider à mieux appréhender ces interactions, qui peuvent prendre la forme de synergies ou d'antagonismes, et de vous montrer la diversité des instruments dont disposent les politiques publiques pour tenter de les prendre en compte.
Elle est placée sous la double responsabilité de Jean-Luc Chotte (Institut de Recherche pour le Développement) et d'Hubert de Milly (Agence Française de Développement) et fait intervenir également Sarah Marniesse (AFD), Yacine Badiane Ndour (Institut Sénégalais de Recherches Agricoles), Françoise Rivière (AFD), Philippe Solano (IRD) et Anne-Sophie Stevance (International Science Council).
Elle est composée d'une vidéo introductive, "Le mot de Jean-Paul Moatti", et de 7 vidéos de cours.
Objectifs d’apprentissage :
- Connaître des éléments de cadrage sur ce que sont les 17 ODD.
- Comprendre la nécessité de prendre en compte les interactions entre ces ODD.
État
- Labellisé
Langues
- Français
Licence Creative Commons
- Partage des conditions à l'identique
- Pas d'utilisation commerciale
- Pas de modification
- Paternité
Mentions Licence
- Science politique
Nature pédagogique
- Animation
- Cours
Niveau
- Bac+1
- Bac+2
Objectifs de Développement Durable
- 17. Partenariats pour la réalisation des objectifs
Thèmes
- Les défis
Types
- Grain audiovisuel
Mots-clés
Contributeurs
Moatti Jean-Paul
Professeur Emerite , Université Aix-Marseille
Les ODD : un agenda pour tous les pays et pour tous les secteurs
Jean-Paul Moatti, Président-directeur général de l’IRD
À la différence des Objectifs du Millénaire qui les avaient précédés entre 2000 et 2015 et qui restaient limités à des sujets spécifiés et pour lequel un nombre limité d'indicateurs permettaient d'effectuer le suivi, les Objectifs du Développement Durable se sont voulus exhaustifs de la totalité de l'agenda des menaces qui pèsent sur la planète et des nécessités d'y faire face d'une façon unie, indivisible, cohérente. Et donc, on a 17 objectifs, 169 cibles qui alimentent ces 17 grands domaines, et à l'heure actuelle, 241 indicateurs, dont certains ne sont d'ailleurs pas totalement élaborés, censés permettre de mesurer le succès ou l'échec, en tout cas, l'état d'avancée par rapport à ces ODD.
Mais derrière ce souci de cohérence, d'exhaustivité, il y a de nombreux problèmes qui se posent et dont il faut bien avoir conscience, qui sont que la mise en œuvre des ODD, si en dépit des discours, elle est trop verticale, elle se fait trop en silo, peut générer des contradictions très importantes et aboutir aux effets inverses de ceux qui sont recherchés.
Les exemples — et vous en trouverez beaucoup dans cette semaine de cours qui s'annonce —sont multiples. Si pour assurer la nécessaire sécurité alimentaire, il vous faut comme l'ont fait jusqu'il n'y a pas très longtemps les Chinois, utiliser 70 % de plus à l'hectare d'engrais et de pesticides que la moyenne mondiale, ça peut assurer une augmentation nécessaire de la productivité agricole, mais les conséquences sur l'environnement, sur la pollution, sur l'état aussi, la qualité des terres et leur capacité à long terme, peuvent être extrêmement graves.
Si à l'intérieur d'un même objectif, comme l'objectif d'amélioration de la santé, vous menez légitimement le combat pour l'élimination des grandes pandémies infectieuses qui affectent notamment les pays du Sud, mais pas seulement, le sida, la tuberculose, la malaria et d'autres qui sans cesse sont en train de nous arriver, si vous faites cela, mais que la conséquence en est de désorganiser, par des programmes trop spécifiques, trop verticaux, l'ensemble du système de santé, finalement, ce que vous avez gagné d'un côté, vous allez le perdre de l'autre. Si comme cela s'est passé avec les Objectifs du Millénaire, vous faites des progrès en matière de limitation de la pauvreté absolue, c'est-à-dire le nombre de personnes qui vivent avec moins de 1,9 dollar américain par personne et par jour — ce qui est le seuil actuellement défini —, mais que ça s'accompagne d'une aggravation des inégalités entre les groupes et entre les individus, d'une concentration sans précédent de la richesse mondiale dans le 1% le plus riche de la planète, vous aurez des difficultés pour avoir une acceptabilité et une mise en œuvre de l'ensemble des Objectifs du Développement durable.
Et donc, il faut avoir conscience et mieux comprendre les chaînes complexes qui lient les différents domaines visés par les ODD les uns avec les autres, pour limiter les effets négatifs que la mise en œuvre de l'un d'entre eux pourrait avoir sur les autres. Et puis surtout, à l'inverse, pour inventer des synergies positives. Et là encore, les exemples sont multiples. Si vous mettez en œuvre l'initiative "4 pour 1000" dont on vous parlera, qui consiste à essayer d'augmenter la capacité des sols à stocker du dioxyde de carbone, eh bien vous faites d'une pierre deux coups. Vous limitez, vous atténuez les émissions de gaz à effet de serre qui alimentent le réchauffement climatique, mais en même temps — à condition d'avoir les pratiques agroécologiques appropriées en accompagnement — vous améliorez la productivité agricole et vous faites du bien sur toute une série d'autres ODD.
Si vous préservez la biodiversité et les récifs coralliens dans le cadre des ODD, vous améliorez aussi une gestion plus durable des ressources halieutiques qui, dans beaucoup de pays du monde, constituent la principale source de protéines pour les populations, et souvent, la principale source d'activités économiques dans les zones côtières, et ainsi de suite.
Et donc, il faut à la fois comprendre les risques potentiels de contradiction entre la mise en œuvre des différentes politiques inspirées par les ODD et en même temps rechercher au maximum les synergies entre elles.
Un des derniers exemples qui est très important, et qui d'ailleurs est dans la continuité des Objectifs du Millénaire : si vous permettez aux petites filles et aux jeunes filles d'accéder mieux à l'éducation, d'abord à l'éducation primaire, puis aux autres niveaux d'éducation, non seulement c'est bien pour l'égalité hommes-femmes, mais c'est aussi très bien pour la productivité de l'économie, pour l'amélioration du marché du travail et des activités économiques, y compris dans le secteur informel, et c'est aussi très très bon pour la santé des femmes et de leurs enfants.