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Description

Question-clé à Wolfgang Cramer, Directeur de Recherche à l'IMBE, pour le projet web Nexus Clés ("SocioEcoSystèmes - Ecosystèmes et sociétés, un futur partagé": su-ite.eu/nexus-videos-cles/plan/ ).

[Réduire les pressions humaines sur les écosystèmes et la biosphère - Quelles pistes pour la transition écologique? ]

Conception et coordination de ce projet web, réalisation des vidéos : Anne Teyssèdre

État
  • Valorisé
Langues
  • Français
Licence Creative Commons
  • Partage des conditions à l'identique
  • Pas d'utilisation commerciale
  • Pas de modification
Nature pédagogique
  • Entretiens et témoignages
Objectifs de Développement Durable
  • 13. Lutte contre le changement climatique
Thèmes
  • Enjeux Climat/Biodiversité
Types
  • Grain audiovisuel
Mots-clés
changement climatiquerégion méditerranéenneniveau de la merressource en eauagricullture
Ecosystèmes sous pression
Ecosystèmes sous pression
Qu’est-ce que l’Anthropocène ?
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Quels changements dans les grands flux biogéochimiques ?
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Quelles pressions sur la biodiversité en Europe ? Quels grands enjeux ?
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Liste Rouge de l’UICN : Quels premiers résultats ?
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Espèces menacées - Quelles principales menaces sur les espèces ? Quel défi pour nos sociétés ?
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Transition écologique - Notre modèle économique est-il durable ?
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Contributeurs

Cramer Wolfgang

Directeur de recherche à , IMBE

Impacts du changement climatique : Quels enjeux, quel défi pour la Région Méditerranéenne ?

Question-clé à Wolfgang Cramer, Directeur de recherche à l’IMBE,

Exposé transcrit et adapté par Anne Teyssèdre, 2020

Les changements de l’environnement méditerranéen sont évidemment d’importance pour une population nombreuse, pour environ 400 millions de personnes qui vivent près de la mer, sur toutes les côtes, c.-à-d. le long des côtes Nord, Sud et Est de la Méditerranée. Le changement climatique est bien sûr une force (un facteur) dans ces changements, mais ce n’est pas la seule. La Méditerranée est aussi une région très touchée par la pollution, et c’est une des régions où nous voyons déjà les premiers
impacts d’une acidification de la mer - suite à l’augmentation de la concentration de gaz carbonique dans l’atmosphère. En outre, l’arrivée d’espèces (nouvelles) venues d’eaux plus chaudes, surtout par le canal de Suez, représente une menace pour la Méditerranée et ses écosystèmes, ainsi que pour le bien-être (humain), pour la possibilité de vivre dans cette région. Également, la surpêche joue un rôle important pour aggraver toutes ces tendances naturelles.

La Méditerranée est directement liée en quelque sorte à l’Antarctique, parce que la perte de glace qui contribue à la montée du niveau de la mer est visible évidemment aussi en Méditerranée, où elle menace une très grande population (humaine) -elle aussi en augmentation- de plusieurs façons. Il y a des villes en Méditerranée, la plus célèbre étant évidemment Venise, qui sont construites très près du niveau de la mer et sont très directement touchées dans leur existence. Mais peut-être plus important encore, les agriculteurs, dans le delta du Nil et dans celui du Pô, ou même en France, en Camargue, ressentent au quotidien l’augmentation du niveau de la mer. Et là encore, les estimations sur lesquelles on travaille sont de grandes sous-estimations. Il est bien possible qu’à la fin du 21e siècle on ait plus qu’un mètre de montée du niveau de la mer. On ne peut pas en être sûr, mais on ne peut pas exclure ce grand risque non plus.

Les zones littorales de la Méditerranée sont menacées par plusieurs enjeux (changements) environnementaux. Et la montée du niveau de la mer est évidemment un forçage important parce qu’elle amène soit à la perte totale d’un territoire (terrestre), soit au moins à la salinisation de la nappe phréatique. Mais ce n’est pas tout, parce que l’augmentation de la température combinée à la réduction des pluies, dans une grande partie de la Méditerranée et surtout dans le sud, nous amène aussi vers une amplification du problème de la disponibilité de l’eau douce. Pour les agriculteurs, c’est également problématique, parce que dans ces zones là l’irrigation est évidemment nécessaire pour assurer une production agricole.

En Camargue, comme dans d’autres estuaires partout dans le monde, les cultures sont très proches du niveau de la mer. Elles sont déjà protégées par des digues, qui sont coûteuses à entretenir et qui requièrent aussi de plus en plus un pompage de l’eau, pour éviter l’arrivée d’eau trop salée dans ces cultures. Même si la culture du riz, par exemple, est adaptée à l’eau, elle n’est pas adaptée à l’eau de mer. Il faut donc s’assurer qu’il y a toujours de l’eau propre et douce disponible pour ces cultures. On comprend aujourd’hui qu’on ne va pas pouvoir garder certaines digues, qu’on ne va pas pouvoir protéger toute la Camargue -pour des raisons économiques mais aussi techniques- contre l’augmentation du niveau de la mer.

Je souligne encore que, si la Camargue est une zone importante en France, il y a des zones ailleurs en Méditerranée -comme le delta du Nil- où une beaucoup plus grande population d’agriculteurs, des gens beaucoup plus pauvres avec une pression démographique de pays en forte augmentation de population -comme l’Égypte- vont être menacées dans leur capacité de produire des produits agricoles. Ils n’ont nulle part où se déplacer et perdent toute leur surface de production agricole.

Il y a certaines possibilités technologiques, telles qu’une désalinisation coûteuse au niveau des installations et de l’énergie, mais actuellement les pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée ne sont pas du tout en mesure d’investir dans ce genre de technologies parce qu’ils sont réellement en train de perdre les revenus qu’ils ont eu pendant un certain temps via l’agriculture et d’autres activités.

Donc soit on donne des aides plus importante, du Nord vers le Sud, soit alors – et c’est plus efficace au niveau des coûts- on doit réduire les émissions de gaz à effet de serre pour éviter le pire avec cette augmentation du niveau de la mer et tout à la fois la réduction des pluies.