En ligne depuis le 17/04/2017
0/5 (0)

Description
Quelles principales pressions sur la biodiversité en Europe ? Quels grands enjeux ?
Question-clé à Romain Julliard, Professeur d'Ecologie au MNHN,
pour la série vidéo "SocioEcoSystèmes - Ecosystèmes et sociétés, un futur partagé"
(Réduire les pressions humaines sur les écosystèmes et la biosphère - Quelles pistes pour la transition écologique?)
État
- Valorisé
Langues
- Français
Licence Creative Commons
- Partage des conditions à l'identique
- Pas d'utilisation commerciale
- Pas de modification
Mentions Licence
- Sciences de la vie
Nature pédagogique
- Entretiens et témoignages
Objectifs de Développement Durable
- 15. Vie terrestre
Thèmes
- Ecosystèmes et biodiversité
Types
- Grain audiovisuel
Mots-clés
Contributeurs
Julliard Romain
MNHN - Muséum national d'Histoire naturelle
Institutions secondaires
Romain Julliard, professeur d’Ecologie au MNHN
Question-clé transcrite et éditée par Anne Teyssèdre
Quelles principales pressions sur la biodiversité en Europe? Quels grands enjeux ?
Quels sont les grands enjeux autour de la biodiversité ? Je vais y répondre à l’échelle de la France métropolitaine. Quand on parle de biodiversité en France, l’enjeu principal c’est la polique agricole, les praques agricoles. On est dans une France qui est encore très rurale, où les deux ers du territoire sont couverts par ces praques. Des praques qui dépendent beaucoup de la biodiversité : les agriculteurs ont bien conscience que la qualité des sols, les auxiliaires de culture, et même ce e biodiversité qui va vivre autour des exploitations participent à la pratique de l’agriculture, sont partie intégrante de l’agriculture.
Et tous les constats convergent vers le fait que l’évoluon des praques agricoles depuis l’intensificaon qui a suivi les « trente glorieuses » a contribué à une érosion massive de cette biodiversité, quelle que soit la manière de la mesurer, que ce soit en quanté -en diversité, en nombre d’espèces-, ou en qualité des espèces – les paysages agricoles sont peuplés de plus en plus d’espèces généralistes. Au point qu’on constate de plus en plus des dysfonconnements : il n’y a plus vraiment de « services » fournis par la biodiversité en termes de qualité des sols, de ferlisation naturelle ou de referlisation naturelle. On a un problème autour de la pollinisation, des pollinisateurs, de la biodiversité des pollinisateurs et du service de pollinisation associé, pour les cultures qui en dépendent ; on a également des services rendus par les auxiliaires des cultures contre des ravageurs qui sont de plus en plus réduits et compensés du coup par des praques intensives. Et dans une sorte de cercle vicieux, ces praques intensives, ces produits chimiques, diminuant de plus en plus ces « services » rendus par cette biodiversité.
Les auxiliaires des cultures, ce sont tous ces organismes qui vont perme re à l’agriculture de mieux fonconner. Cela va être les prédateurs des pucerons ou des campagnols ; cela va être les insectes pollinisateurs, qui vont parciper à la ferlisaon des fleurs de pommiers et permettre à l’agriculteur d’avoir des pommes ; donc tous ces animaux ou ces plantes qui vont être en relation directe avec la producon agricole, dont dépend la producon agricole.
Et l’une des questions c’est : est-ce qu’on va dans une espèce de mur ? C’est-à-dire qu’un jour on pourrait sortir d’une certaine capacité de la biodiversité à soutenir ce e agriculture. Et est-ce qu’il y a une réversibilité, ou d’autres modèles qui pourraient mieux prendre en compte cette biodiversité et les services rendus, et du coup améliorer à la fois la qualité de l’agriculture et la qualité de la biodiversité qui dépend de cette agriculture ?
Alors, pour la France métropolitaine, les principales pressions sur la biodiversité peuvent être listées comme ça :
i) l’agriculture, la polique agricole qui sous-tend cette agriculture et son intensification ;
ii) l’arficialisation des sols, liée à une polique d’aménagement du territoire, l’extension urbaine, et toute la fragmentation du paysage qui est liée aux infrastructures notamment.
iii) C’est aussi le réchauffement climaque, dont l’impact est assez ambigu puisque pour la France, de climat tempérée, c’est plus d’humidité et de chaleur qui sont en général liés à plus de diversité, mais c’est la vitesse à laquelle ce réchauffement climaque a
lieu qui pose problème, et comment ce réchauffement interagit avec les deux autres pressions que sont les praques agricoles –l’intensificaon de ces praques- et l’urbanisation, la fragmentation des habitats et donc la capacité des espèces à se déplacer.
Donc on a une sorte de cocktail, mulfactoriel, de pressions et d’impacts sur cette biodiversité, qui forment ce qu’on appelle les changements globaux – qui affectent cette biodiversité y compris à l’échelle métropolitaine.
Alors ça, c’est vrai pour la France métropolitaine, mais c’est vrai aussi pour tous les pays occidentaux en milieu tempéré – européens, ou d’Amérique du Nord, ou d’Asie du Nord – qui finalement subissent ce même « cocktail » de pressions.