En ligne depuis le 09/10/2014
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Description
Denis Couvet présente les raisons pour lesquelles la préservation de la biodiversité a du sens : sa valeur intrinsèque, la fonctionnalité des écosystèmes et son potentiel évolutif. Dans un second temps, il propose une compartimentalisation de ces objectifs de préservation : espèces menacées, biodiversité ordinaire, espèces exploitées, en lien avec différents territoires de gestion, des espaces protégés aux villes.
Objectifs d'apprentissage :
- Comprendre les raisons pour lesquelles la préservation de la biodiversité a du sens
- Appréhender la compartimentalisation des objectifs de préservation
État
- Labellisé
Langues
- Français
Licence Creative Commons
- Pas d'utilisation commerciale
- Pas de modification
- Paternité
Nature pédagogique
- Cours
Niveau
- Bac+2
- Bac+3
Thèmes
- Les enjeux environnementaux
Types
- Grain audiovisuel
Contributeurs
COUVET Denis
Ce document contient la transcription textuelle d’une vidéo du MOOC UVED « Biodiversité ». Ce n’est donc pas un cours écrit au sens propre du terme ; le choix des mots, l'articulation des idées et l’absence de chapitrage sont propres aux interventions orales des auteurs.
Différents enjeux de préservation de la biodiversité
Denis Couvet
Professeur - Muséum d'Histoire Naturelle
Lorsque l'on se préoccupe de gestion de la biodiversité, il nous faut d'abord savoir pourquoi on veut préserver la biodiversité. A ceci, on peut apporter trois types de réponses.
1. La valeur intrinsèque
Le premier type de réponse correspond à ce que l'on appelle la valeur intrinsèque de la biodiversité. Nous accordons une valeur et une importance en soi à cette biodiversité, qui participe à l'histoire évolutive dont nous faisons partie depuis plus de 2 milliards d'années. Cette raison va au-delà de notre empathie pour les autres espèces.
2. Le potentiel d’évolution et d’adaptation
Le deuxième type de raison correspond à ce que l'on appelle le potentiel évolutif de la biodiversité. Cette biodiversité a beaucoup évolué depuis plus de 2 milliards d'années. La plupart des espèces qui sont documentées sont des espèces qui ont maintenant disparu. Cette biodiversité a montré, par le passé, des facultés remarquables d’adaptation aux changements environnementaux. Si nous voulons que cette biodiversité puisse répondre aux changements globaux que nous impulsons actuellement, il faut qu'elle maintienne ce potentiel évolutif. On ne peut pas maintenir la diversité biologique si on ne maintient pas son potentiel évolutif.
3. Les fonctionnalités des écosystèmes
Le troisième type de raison correspond aux fonctionnalités des écosystèmes. Ces fonctionnalités des écosystèmes sont tout à fait indispensables aux sociétés humaines. Les espèces que nous domestiquons et que nous exploitons, ainsi que les écosystèmes que nous utilisons doivent fonctionner. Ce bon fonctionnement dépend du maintien de la biodiversité.
4. Le cas des espèces menacées
Quand on parle de biodiversité à préserver, le premier type de compartiment correspond à ce que l'on peut appeler grosso modo les espèces menacées. C'est le compartiment qui est le mieux connu en ce qui concerne la biodiversité. Un certain nombre d'espèces, si nous n'agissons pas rapidement, disparaîtront très rapidement et le tigre en est un exemple éloquent.
Vis-à-vis de ces espèces menacées, il s'agit de développer ce qui s'appelle l’écologie de la conservation et de la restauration. Une de ses mesures phares est la création d'espaces protégés. Ces espaces peuvent représenter entre 10 et 20 % de la planète. Au sein de ces espaces, on va mettre en place des mesures spécifiques de préservation de la biodiversité qui passeront par le contrôle d'un certain nombre d'activités humaines.
Actuellement, le réseau d'espaces protégés reste encore dramatiquement insuffisant. On considère qu'on a à peu près 20 % des espèces menacées qui sont représentées de manière adéquate par le réseau d'espaces protégés.
5. Le cas de la biodiversité ordinaire
Un autre compartiment très important de la biodiversité est ce que l'on appelle la biodiversité ordinaire. La biodiversité ordinaire est celle qui nous entoure. Cette biodiversité ordinaire est celle qui est présente dans quelques 80 % des écosystèmes qui sont les écosystèmes qui ne sont ni des espaces protégés – où se trouve une biodiversité remarquable -, ni les villes ou les villages ou les espaces où les hommes sont présents de manière intense. Ça concerne une grande partie des campagnes, des forêts, de l’océan. Dans ce compartiment de la biodiversité, il y a des choses essentielles pour l'avenir de la biodiversité et le maintien de son potentiel évolutif et de ses fonctionnalités.
6. Le cas des espèces exploitées
Un troisième compartiment concerne les espèces domestiquées et les espèces exploitées. Ces espèces évidemment sont tout à fait indispensables et c'est le cadre de la gestion des pêches, de l'agronomie, des forêts, en tout cas en ce qui concerne les espèces qui sont exploitées de manière intensive.
7. Le cas de la biodiversité en ville
Un autre type de territoire est tout à fait important. Il s’agit des espaces qui sont très habités par les humains comme les villes et les villages où l'on trouve des densités humaines très importantes. Dans ces espaces, la biodiversité est présente de manière plutôt marginale, même si de plus en plus, on essaie de « verdir » les villes. On s'aperçoit en effet que la biodiversité est importante dans ces villes, et qu’elle participe à la qualité de la vie.
On se dirige vers une majorité d'humains, bientôt 80%, qui seront présents dans les villes. Ces humains, ces citadins à travers leur consommation, leur consommation en protéines animales, en divers produits issus de l'agriculture et de l’agro-industrie, vont déterminer la pression qui pèse sur ces écosystèmes, sur la biodiversité ordinaire et sur les espaces protégés.
8. Conclusion
Nous avons trois types de territoires dans lesquels les enjeux de biodiversité sont tout à fait importants et aucun n’est à négliger. Selon les écosystèmes auxquels on va s'intéresser, et selon qu'on est dans une région tropicale avec une faible densité humaine, dans une grande métropole dans un pays du Nord, ou encore dans un paysage d'agriculture intensive, on comprend que les enjeux de biodiversité ne vont pas forcément être les mêmes. Pour autant, dans ces trois types d'écosystèmes, il y aura des enjeux de biodiversité tout à fait importants.