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Description

Les découvertes scientifiques de ces dernières décennies ont changé notre regard sur les autres animaux. Il en découle des questionnements sur nos relations avec eux, aujourd'hui et demain. Ce parcours vous apporte des repères pour vous permettre de vous situer sur ces questions de plus en plus discutées et débattues.

Mobilisant une grande diversité d'experts, issus d'horizons variés, il est organisé autour de trois axes :

  • Les animaux : approches des sciences biologiques, humaines et sociales
  • Des animaux et des humains : représentations d'hier et d'aujourd'hui
  • Vivre demain avec les animaux

Deux niveaux de difficulté sont proposés selon les contenus de ce parcours : le niveau "Débutant" s'adresse aux apprenants de niveau Bac à Bac+3 (Licence), tandis que le niveau "Approfondi" est plutôt destiné aux apprenants de niveau Master et +.

Objectifs d'apprentissage : 

- Savoir ce qu'est un animal.
- Situer l’humain par rapport aux autres animaux.
- Comprendre l'évolution de notre regard sur les autres animaux.
- Mieux appréhender la relation des humains aux autres animaux.
- Mieux comprendre ce dont les autres animaux sont capables : pensée, empathie, intelligence, communication,...
- Situer vos connaissances par rapport à un sujet de société complexe et controversé.
- Avoir un point de vue et des éléments de compréhension pour pouvoir mieux orienter vos réflexions et vos échanges.

État
  • Labellisé
Langues
  • Français
Licence Creative Commons
  • Partage des conditions à l'identique
  • Pas d'utilisation commerciale
  • Pas de modification
  • Paternité
Nature pédagogique
  • Cours
Niveau
  • Bac+2
  • Bac+3
  • Bac+4
Thèmes
  • Ecosystèmes et biodiversité
Types
  • Parcours thématique
Mots-clés
anthropologieéthologierelation homme-animalbien-être animal
  • Préserver la biodiversité demain
  • Biodiversité et santé, amies ou ennemies
  • S'inspirer du vivant
  • Introduction à l'éthique animale
  • Bien-être animal : les associations comme acteurs du changement politique
  • Quelle valeur donner aux animaux vivants ?
  • Intégrer l’animal et l’éthique animale à l’école
  • Nous et les autres animaux demain : approche philosophique
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François Moutou, Ancien épidémiologiste à l'ANSES

Je vais évoquer avec vous une question qui m'a pas mal intéressé, qui m'intéresse toujours, sur les relations qui peuvent exister entre biodiversité et santé. Sachant que si on pose la question simplement, puisque les microorganismes, agents de maladies, font partie de la biodiversité, quel regard doit-on avoir sur cette biodiversité ? D'un côté, il faut la conserver, ce que je pense absolument, mais en même temps, si elle contient les microbes, comment conserver, parfois, des organismes qui nous posent quelques soucis ?

Déjà, pour bien situer les choses, sur cette première image, à gauche, vous avez les différents types de microorganismes, certains, d'ailleurs, étant des macroorganismes, qui peuvent parasiter, contaminer les mammifères. Prenons l'exemple des mammifères. Vous avez des virus, vous avez même des prions, vous avez des bactéries, vous avez des champignons et différents modèles de parasites.

Et à droite, vous avez un exemple de troupeau domestique. Ce sont des animaux domestiques, on voit le berger au fond, avec plusieurs espèces. Et certainement, tous les animaux qui sont sur cette image hébergent des champignons, des parasites, différents microbes.

Comment tout ça se passe ? Comment est-ce que nous cohabitons et comment est-ce qu'on peut encourager une cohabitation entre cette diversité sans pour autant mettre notre santé et celles des animaux d'élevage en péril ?

Un petit rappel sur une autre biodiversité. Non pas celle des domestiques, mais des sauvages. Là, vous avez quelques images de mammifères. Chacun appartenant à un ordre différent. Je ne sais pas si vous connaissez tous les ordres représentés ici. Il n'y a pas deux images du même ordre. Mais entre les Dermoptères, les Scandantia et les Macroscélides, je ne sais pas si les noms vous disent grand-chose... Mais imaginez que tous ces animaux-là hébergent également leurs virus, leurs bactéries et leurs parasites. Et croyez-moi, on ne les connaît pas tous. Ma foi, c'est très bien. Apparemment, ils vivent très bien ensemble.

Est-ce que nous, on pourrait faire la même chose comme eux font avec leurs propres microbes ? Ce schéma met en relation, c'est vraiment un schéma, ce n'est plus une photo, à gauche les microbes, à côté d'eux vous avez la faune sauvage, toujours des mammifères dans ce cas-là, au milieu vous avez le porc et la poule qui sont des animaux domestiques qui vivent à côté de l'homme, et le mot domestique veut dire "qui vivent dans la maison de l'homme" et c'est quelque chose qui n'est pas sans conséquences au niveau sanitaire. Après, un peu à droite, vous avez les humains au sens large et la planète sur laquelle tout le monde se trouve. 

Et tout le monde, depuis quelques décennies et quelques siècles, bouge beaucoup et il y a un certain nombre de conséquences à ces mouvements. Mais clairement, la partie importante dans ce schéma-là, pour moi en tout cas, ce sont les animaux domestiques qui font le lien entre ce qui se passait avant dans la sphère sauvage et ce qui se passe aujourd'hui avec nous. Probablement, leur proximité avec les humains pourrait expliquer une partie des mauvaises surprises sanitaires, dont, certainement, vous avez entendu parler, malheureusement en 2020 comme en 2021, nous continuons à parler beaucoup.

Maintenant, quelques exemples ou quelques schémas qui peuvent illustrer des situations sachant que la diversité des situations est également très grande. Mais je prends l'exemple d'une maladie à vecteur, donc qui n'est pas transmise directement de malade à malade, mais il y a, dans ce cas-là, une tique qui fait le lien entre des personnes ou des êtres vivants, des mammifères et des oiseaux, surtout des mammifères, sains, et des êtres vivants malades. Vous avez une bactérie qui est la responsable de la maladie de Lyme. C'est une borréliose. Le schéma continu explique avec les flèches le cycle naturel de la maladie sans intervention, sans participation, sans contamination des êtres humains. Et vous voyez que ça se passe, finalement, entre les tiques avec les œufs, les larves, les nymphes, et les adultes. Vous savez que les tiques ont trois stades de développement et chaque stade a un seul repas sanguin. C'est assez simple comme schéma. Les larves se nourrissent une fois, elles tombent, elles muent, elles deviennent nymphe, un repas, et pareil pour les adultes. Les humains sont en dérivation anecdotique sur le schéma. Le seul problème, c'est que comme c'est nous, ça nous concerne et évidemment, on essaie d'empêcher cela. Et le réservoir de ces bactéries, ce sont les tiques.

Et les tiques se nourrissent sur un certain nombre de mammifères et en fonction de la densité de ces mammifères autour de la sphère dans laquelle habitent les humains, on aura ou pas une amplification et donc une augmentation des risques de transmission depuis le réservoir que sont les tiques vers les humains. Et on sait que les rongeurs, par exemple, sont très, très propices pour l'alimentation des larves et des nymphes de tique, que les cervidés sont également extrêmement propices pour l'alimentation des nymphes et des adultes de tique. Et qu'en fonction des densités de ces différentes espèces, on pourra avoir plus ou moins de risques de contamination des humains et que donc la maîtrise, si on veut maîtriser et diminuer le nombre de cas qui apparaissent chez les humains, va jouer sur l'aménagement du territoire, le rendre plus ou moins favorable d'abord aux tiques et également aux ongulés et aux rongeurs. Par exemple, des études montrent que plus les carnivores sont présents, plus la pression de prédation sur les rongeurs est grande, plus le risque de transmission de la maladie aux humains est faible.

Une maladie que tout le monde connaît qui est la grippe qui est liée à des virus influenza. En haut à gauche, vous avez le cycle avec les oiseaux sauvages qui est le cycle ancestral dans lequel se trouvent tous les virus connus influenza qui circulent dans cette espèce et à nouveau, vous voyez qu'entre les oiseaux sauvages, tout en haut à gauche, et tout en bas, les humains, vous trouvez les animaux domestiques. Et à nouveau, ce qui fait le lien entre les réservoirs sauvages et la faune sauvage au sens large, y compris les microorganismes qu'elle héberge, ce sont nos animaux de compagnie ou d'élevage qui sont à côté de nous et qui font le lien. Et c'est là que se trouvent les probabilités de transmission entre l'extérieur, le sauvage, et l'humain. Et ce ne sont pas les animaux sauvages en tant que tels qui représentent un risque pour les êtres humains. Le plus souvent, l'intermédiaire et le danger est lié à la présence et à la proximité avec les animaux d'élevage. 

Et simplement, pour les gens qui s'intéressent à la virologie des virus influenza, c'est un virus ARN chez lequel l'ARN est coupé en 8 segments indépendants et il se peut qu'un animal, là c'est un petit cochon qui est dessiné, soit contaminé par plusieurs souches de virus différentes et dans la multiplication virale du virus dans les cellules de cet animal, de ce porc, il peut y avoir des recombinaisons et le virus qui va sortir, qui est tout en bas, entouré de vert, peut être un virus dont l'ARN mélange plusieurs segments de plusieurs souches virales. C'est ce qui explique, à chaque année, à chaque saison, que le virus de la grippe soit différent des précédents. Il peut évoluer naturellement par mutation, mais également par recombinaison. Ce qui explique la difficulté d'avoir, pour l'instant, un vaccin universel. Il faut refaire en permanence, tous les ans, des nouvelles souches de virus.

Et pour terminer, si on a beaucoup parlé des microbes, j'aimerais quand même rappeler qu'évidemment, l'espèce humaine, dans toutes ces histoires-là, n'est pas simplement victime. Ce n'est pas "On n'a pas de chance", "C'est la fatalité", "On a été attaqués par des méchants microbes qui nous veulent du mal". Je pense que c'est un peu plus compliqué.

C'est vrai que nous sommes malades, parfois, et parfois c'est même très désagréable. Mais en même temps, nous sommes acteurs dans l'histoire de ces maladies. Imaginez qu'au début de l'année 2020, avant qu'on parle de Covid, il venait toutes les semaines 90 vols commerciaux d'avions, 200-300 passagers, depuis les différents aéroports de Chine jusqu'à Paris-Charles-de-Gaulle. C'est quand même assez considérable. En 2019, dernière année normale, d'avant, on estime que les avions, sur Terre, ont transporté, autour de la Terre, même, 4 milliards de passagers alors que la population humaine totale est d'à peu près 7,5 ou 7,6 milliards d'individus. Comment pouvez-vous imaginer que dans ces conditions-là, on n'offre pas la planète à n'importe quel microbe qui débarque chez quelqu'un. La ville de Wuhan, dans le Hubei, en Chine, est-ce que c'est là qu'a vraiment démarré la Covid ? Je n'en sais rien. En tout cas, il y a eu des gens malades là-bas. Mais à Wuhan, vous avez le fameux marché où on vend sans doute, on vendait, des animaux un peu bizarres de différentes régions du monde, et vous aviez un aéroport international. Et donc, dans la même journée, une personne pouvait traverser le marché, croiser un animal et donc un virus, prendre l'avion et être quelques heures plus tard à l'autre bout du monde. C'est tout ce qu'il faut pour les virus pour, à partir d'une émergence, c'est vraiment l'accident, c'est l'étincelle, devenir un incendie. Et l'incendie, c'est nous qui avons créé les conditions de son développement. Le virus, il fait l'étincelle, au départ. Mais si on n'est pas capables de le repérer et de l'éteindre tout de suite, avec nos avions, avec nos moyens de transport, avec nos échanges, la planète est aux virus.
 

Contributeurs

BOEUF Gilles

Sorbonne Université

Dumez Richard

MNHN - Muséum national d'Histoire naturelle

Krief Sabrina

MNHN - Muséum national d'Histoire naturelle

Huchard Elise

CNRS - Centre National de la Recherche Scientifique

Saint-Jalme Michel

MNHN - Muséum national d'Histoire naturelle

Sueur Cédric

Université de Strasbourg (UNISTRA)

Lecointre Guillaume

professeur , MNHN - Muséum national d'Histoire naturelle

Brunois-Pasina Florence

CNRS - Centre National de la Recherche Scientifique

Roulot Justine

Ministère de la transition écologique

Tavernier-Dumax Nathalie

Université de Haute-Alsace (UHA)

Burgat Florence

INRAE - Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement

Lesur Joséphine

MNHN - Muséum national d'Histoire naturelle

Baratay Eric

Université Jean Moulin Lyon 3

Salines Georges

Dardenne Emilie

Université de Rennes 2

Béata Claude

Trinquier Jean

Ecole Normale Supérieure (ENS/PSL)

Césard Nicolas

MNHN - Muséum national d'Histoire naturelle

Dufour Valérie

CNRS - Centre National de la Recherche Scientifique

Beauchaud Marilyn

Université jean Monnet Saint-Etienne

Delahaye Pauline

Société française de zoosémiotique

Meunier Joël

CNRS - Centre National de la Recherche Scientifique

Laffitte Béatrice

Boivin Xavier

INRAE - Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement

Grandgeorge Marine

Université de Rennes

Dugnoille Julien

Université d'Exeter

Moutou François

Anses - Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail

Degueurce Christophe

EnvA - Ecole Nationale Vétérinaire d'Alfort

Espinosa Romain

CNRS - Centre National de la Recherche Scientifique

Laprade Marie-Laure

Éducation Éthique Animale