En ligne depuis le 23/03/2020
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Description
Les découvertes scientifiques de ces dernières décennies ont changé notre regard sur les autres animaux. Il en découle des questionnements sur nos relations avec eux, aujourd'hui et demain. Ce parcours vous apporte des repères pour vous permettre de vous situer sur ces questions de plus en plus discutées et débattues.
Mobilisant une grande diversité d'experts, issus d'horizons variés, il est organisé autour de trois axes :
- Les animaux : approches des sciences biologiques, humaines et sociales
- Des animaux et des humains : représentations d'hier et d'aujourd'hui
- Vivre demain avec les animaux
Deux niveaux de difficulté sont proposés selon les contenus de ce parcours : le niveau "Débutant" s'adresse aux apprenants de niveau Bac à Bac+3 (Licence), tandis que le niveau "Approfondi" est plutôt destiné aux apprenants de niveau Master et +.
Objectifs d'apprentissage :
- Savoir ce qu'est un animal.
- Situer l’humain par rapport aux autres animaux.
- Comprendre l'évolution de notre regard sur les autres animaux.
- Mieux appréhender la relation des humains aux autres animaux.
- Mieux comprendre ce dont les autres animaux sont capables : pensée, empathie, intelligence, communication,...
- Situer vos connaissances par rapport à un sujet de société complexe et controversé.
- Avoir un point de vue et des éléments de compréhension pour pouvoir mieux orienter vos réflexions et vos échanges.
État
- Labellisé
Langues
- Français
Licence Creative Commons
- Partage des conditions à l'identique
- Pas d'utilisation commerciale
- Pas de modification
- Paternité
Nature pédagogique
- Cours
Niveau
- Bac+2
- Bac+3
- Bac+4
Thèmes
- Ecosystèmes et biodiversité
Types
- Parcours thématique
Mots-clés

Les animaux : approches des sciences biologiques, humaines et…

Des animaux et des humains : interactions d'hier et…

Demain, quelles relations avec les autres animaux ?
Ce document contient la transcription textuelle d’une vidéo du MOOC UVED «Vivre avec les autres animaux ». Ce n’est donc pas un cours écrit au sens propre du terme ; le choix des mots, l'articulation des idées et l’absence de chapitrage sont propres aux interventions orales des auteurs.
S'inspirer du vivant
Gilles Boeuf, Professeur à Sorbonne Université
Nous allons rester dans ces questions de biodiversité et d'interaction animal-humain vivant dans un sens plus large, avec un sujet particulier qui a été mis au goût du jour il y a à peu près une vingtaine d'années, par un livre sorti aux États-Unis qui s'appelait S'inspirer de la nature. Comment va-t-on aller chercher dans ce système vivant une inspiration pour faire en matière de technologie beaucoup mieux que ce qu'on fait aujourd'hui ?
1. La situation
On est aujourd'hui dans une situation plus que préoccupante. On rappelle les deux grandes questions actuelles : l'accélération du changement climatique, accélération beaucoup plus grande que ce que les scientifiques avaient imaginé il y a encore quelques années d'un côté ; et de l'autre l'effondrement du vivant. Je n'aime pas parler d'extinction. On n'est pas en train de vivre une extinction à l'heure actuelle. On vit un effondrement du nombre des individus dans les populations sauvages naturelles à l'heure actuelle. Ça peut se terminer par des extinctions.
Comment peut-on prévoir ce qui va se passer demain ? Comment peut-on imaginer quelque chose en matière de climat, d'accès à l'eau, de gestion des déchets, de stockage de CO2, de l'évolution du vivant... ? Quel mode de gouvernance pour avancer là-dessus ? C'est la question absolument essentielle à l'heure actuelle.
2. Le modèle
Le modèle a été mis en valeur il y a une quarantaine d'années par une approche de la physique et de la biologie du système terre qu'on appelait la bionique. La bionique consistait à aller chercher des éléments dans la nature dont on allait tirer parti pour faire mieux en matière de technologie. Ça a beaucoup intéressé les militaires au début. On n'a pas trop d'informations sur ce qui a été fait, et ça continue à intéresser beaucoup les militaires.
Cette bionique se mue, avec l'ouvrage de Janine Benyus en 1997, en cette bio-inspiration. On emploie aussi le terme de "biomimétisme". Le Muséum d'Histoire naturelle, en France, était un peu moteur parce qu'il avait les collections nationales. Il a lancé des colloques dans les années 70 et 80. Puis on a fait un colloque, un peu fondateur du mouvement français actuel, le 10 décembre 2012 à Paris, organisé entre le CGDD, le Commissariat général au Développement durable du ministère de l'Environnement, et le Muséum National d'Histoire naturelle sur une thématique qu'on appelait à l'époque, "Recherches bio-inspirées".
Ceci a amené à la création du CEEBIOS, Centre d'Études européennes tourné vers le Biomimétisme et la bio-inspiration. Ca sortait en même temps qu'un livre écrit par deux amis qu'on aimait beaucoup dans la communauté de la biodiversité, Robert Barbault, un écologue, et Jacques Weber, un économiste très intéressé dans ces questions-là et qui avait créé aussi un Institut français pour la Biodiversité. Ce livre s'appelle La Vie, quelle entreprise !
Finalement, la R&D d'un système vivant qui vit depuis presque 4 000 millions d'années est géniale. S'inspirer des formes, des mécanismes, des matériaux, des relations durables établies, cela va nécessiter une très grande interdisciplinarité. Il nous fallait de la recherche fondamentale et beaucoup de sciences de l'ingénieur.
3. Les exemples
Vous avez sur l'image ci-dessous quelques exemples de bio-inspiration.
Vous avez l'inspiration du Shinkansen japonais, ce train rapide, à partir de la tête et du bec du martin-pêcheur, par exemple. Mais ce train, s'il allait vite, faisait du bruit. On a donc fait une double bio-inspiration : on est allé chercher les accrochages des plumes du hibou, qui s'il fait du bruit ne mange pas parce que sa proie est partie bien avant qu'il ne puisse l'attraper. Cette double bio-inspiration est un système efficace, pour un train rapide et silencieux.
Vous avez d'autres exemples. Les winglets d'avion ont permis à Boeing, il y a déjà maintenant une bonne trentaine d'années, de gagner du carburant. Moins d'énergie à gaspiller induit aussi moins de pollution. Il y a aussi ces trains espagnols inspirés de têtes de rapaces, ou encore cet escargot qui a été un joli modèle de bio-inspiration. C'était le symbole de ce colloque de l'année décembre 2012.
Il y a l'exemple d'une petite éponge de Méditerranée qui sait faire du béton armé beaucoup plus léger que le nôtre, beaucoup plus résistant, et qui s'ajuste. Ce qui veut dire qu'un bâtiment qui tombe, suite à un tremblement de terre, écrase tout le monde sous les débris de béton et de ferraille. Là non, ça se déforme, mais ça reprend la position initiale. C'est beaucoup plus léger que le béton que l'on fait, et à la fin de l'usage du bâtiment, ça se composte. C'est magique, ça fait rêver.
Un autre exemple est celui d'un ténébrionide, petit coléoptère du désert du Namib, qui est capable tous les jours de faire l'eau dont il a besoin, en fonction de la mise en place du point de rosée. Tout ça va nous servir à réfléchir à un meilleur usage du système.
En exemple tout particulièrement intéressant est celui de la libellule. Ce qu'elle sait faire est incroyable et ça marche depuis 345 millions d'années : elle a neuf techniques de vol, elle peut voler à 90 kilomètres par heure, elle voit à 360 degrés, elle peut encaisser 300 images par seconde, elle a une capacité d'accélération incroyable, elle encaisse 30 G soit 30 fois l'accélération terrestre (un pilote, à 6 G, n'est pas très bien...)… Tout ça pour vous montrer qu’un être vivant qui pèse quelques grammes et qui vole à cette vitesse-là, avec quelques watts, est exceptionnel. Or qu'est-ce qu'on fait ? On a asséché les mares, on les a détruites, on les a polluées, on a fait des parkings par-dessus.
Garder ce vivant avec nous nous permet de pouvoir comprendre comment il fonctionne et s'en inspirer pour faire mieux. C'est comme ça qu'est né justement le CEEBIOS.
4. Les applications
La bio-inspiration peut servir partout (figure ci-dessous) : en énergie, en dynamique des fluides, en gestion des surfaces, en robotiques, en intelligence artificielle, aux capteurs, aux structures liées à la lumière et même en organisation du management d'entreprise et en éducation.
5. Conclusion
Quels sont les avantages du vivant par rapport à nos industries aujourd'hui ? Le vivant innove constamment, depuis la nuit des temps, depuis qu'il existe. L'innovation peut être utilisée par tous. Le vivant fait tout avec une grande parcimonie d'énergie, c'est-à-dire une extraordinaire capacité à ne pas utiliser beaucoup d'énergie. La nature ne fait jamais un produit qu'elle ne sait pas dégrader. Elle peut faire des poisons extrêmement violents, mais elle sait les dégrader. Nous avons pour notre part inventé 100 000 molécules dont on ne sait que faire aujourd'hui. Enfin, le vivant ne maximise jamais, il optimise en permanence.
Il faut stopper l'économie actuelle qui consiste à faire des sous et du profit en détruisant ou en surexploitant la nature et les vivants. Si on y parvient, ça marchera mieux.
Contributeurs
BOEUF Gilles
Sorbonne Université
Dumez Richard
MNHN - Muséum national d'Histoire naturelle
Krief Sabrina
MNHN - Muséum national d'Histoire naturelle
Huchard Elise
CNRS - Centre National de la Recherche Scientifique
Saint-Jalme Michel
MNHN - Muséum national d'Histoire naturelle
Sueur Cédric
Université de Strasbourg (UNISTRA)
Lecointre Guillaume
professeur , MNHN - Muséum national d'Histoire naturelle
Brunois-Pasina Florence
CNRS - Centre National de la Recherche Scientifique
Roulot Justine
Ministère de la transition écologique
Tavernier-Dumax Nathalie
Université de Haute-Alsace (UHA)
Burgat Florence
INRAE - Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement
Lesur Joséphine
MNHN - Muséum national d'Histoire naturelle
Baratay Eric
Université Jean Moulin Lyon 3
Salines Georges
Dardenne Emilie
Université de Rennes 2
Béata Claude
Trinquier Jean
Ecole Normale Supérieure (ENS/PSL)
Césard Nicolas
MNHN - Muséum national d'Histoire naturelle
Dufour Valérie
CNRS - Centre National de la Recherche Scientifique
Beauchaud Marilyn
Université jean Monnet Saint-Etienne
Delahaye Pauline
Société française de zoosémiotique
Meunier Joël
CNRS - Centre National de la Recherche Scientifique
Laffitte Béatrice
Boivin Xavier
INRAE - Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement
Grandgeorge Marine
Université de Rennes
Dugnoille Julien
Université d'Exeter
Moutou François
Anses - Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail
Degueurce Christophe
EnvA - Ecole Nationale Vétérinaire d'Alfort
Espinosa Romain
CNRS - Centre National de la Recherche Scientifique
Laprade Marie-Laure
Éducation Éthique Animale