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Description

François Bousquet, chercheur au CIRAD, présente dans cette vidéo la modélisation d'accompagnement, posture proposant des méthodologies et des outils pour faciliter les interactions entre des acteurs qui ont des représentations et des pouvoirs différents par rapport à un environnement donné. Il décrit l'exemple d'une mise en pratique de cette modélisation d'accompagnement sur le causse Méjean, en France.

Objectifs d’apprentissage :
- Comprendre la nécessité de mettre en place des actions multi-acteurs pour préserver la biodiversité sur un territoire donné.
- Comprendre l’intérêt de l’outil de modélisation pour accompagner cette réflexion multi-acteurs.

État
  • Labellisé
Langues
  • Français
Licence Creative Commons
  • Pas d'utilisation commerciale
  • Pas de modification
  • Paternité
Mentions Licence
  • Sciences sociales
Nature pédagogique
  • Cours
Niveau
  • Bac+2
  • Bac+3
Thèmes
  • Ecosystèmes et biodiversité
  • Enjeux Climat/Biodiversité
Types
  • Grain audiovisuel
Mots-clés
biodiversitéacteurs locauxmodélisationgestion du territoire
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Contributeurs

Bousquet François

CIRAD - Centre de coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement

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François Bousquet, Chercheur au CIRAD

Pour présenter ce qu'est la modélisation d'accompagnement et comment elle peut mener à des actions collectives, je vais vous emmener sur le Causse Méjean, qui est un territoire au sud du Massif central en France où a été menée, en début des années 2000, une opération de modélisation d'accompagnement par Michel Étienne, Christophe Lepage et d'autres collègues.

Sur ce plateau, il y a une grande biodiversité, il y a des animaux de différentes espèces. C'est un plateau, c'est une forme de steppe, sur lequel il y a des exploitations agricoles, qui vont essentiellement vivre du pastoralisme. Des brebis qui vont produire du lait ou de la viande, et des exploitations agricoles qui vont faire des cultures essentiellement pour produire du fourrage pour ces brebis. Et en fait, la biodiversité est aussi fonction de ces pratiques agricoles. Par exemple ici, vous voyez un tas de cailloux, qui s'appelle dans le sud de la France un clapas. Les agriculteurs font un tas de cailloux qu'ils enlèvent des champs lorsqu'ils font des cultures, et ce tas de cailloux est en fait un habitat pour cette chouette.

Donc, la biodiversité est aussi liée aux pratiques des agriculteurs.

Au milieu des années 50, l'ONF a décidé aussi de planter des forêts de pins pour faire de la production de bois. Et ces forêts de pins, qui sont exploitées, diffusent des petits pins, qui vont, au gré du vent, s'installer un peu plus loin et cette dynamique pose un problème. Parce que dans le temps, avec beaucoup de pâturages, les petits pins étaient broutés par les brebis, alors qu'aujourd'hui, avec la réduction du pâturage et des activités plus intensives, ils le sont moins. Donc, on va avoir une diffusion du pin et ce qu'on appelle une fermeture du paysage. Donc on a un problème plutôt d'avoir de plus en plus de forêts. Ce n'est pas un problème de déforestation.

Le travail que nous avons fait a été de travailler avec les différents acteurs, forestiers, éleveurs, états, membres du Parc national, pour voir quelles étaient leurs représentations du territoire. À gauche, vous avez par exemple la représentation du forestier avec les densités d'arbres, à droite la représentation d'une personne qui travaille dans la conservation avec les différents enjeux de biodiversité. Vous avez ici la représentation d'un éleveur qui a différents quartiers dans lesquels il peut poser ses brebis.

Après avoir travaillé avec les différentes représentations des acteurs, nous avons créé un modèle dit modèle multi-agents, qui permet de simuler les actions de ces différents acteurs. Ce qui fait que nous avons des cartes qui évoluent. Ici, la carte du couvert végétal. En bleu, ce sont les forêts de pins. En jaune, c'est la steppe qui fournit du pâturage.

Après avoir fait ces modèles, nous avons voulu les transmettre et les discuter avec les acteurs. Et pour cela, nous avons organisé des séances de jeux de rôle, cinq séances, avec les éleveurs, les forestiers, les naturalistes et l'État, où chacun allait agir sur son territoire et se coordonner, interagir avec les autres acteurs. Cela a permis une compréhension collective du système et d'envisager des actions. On est ensuite revenus au modèle, qui a permis collectivement de faire des simulations sur différents scénarios. Par exemple, laisser complètement faire la diffusion du pin ou par exemple, mettre beaucoup d'efforts à couper les jeunes pousses de pin pour soutenir et maintenir la steppe. Ces scénarios ont été discutés entre les différents acteurs et des agréments ont conduit à des discussions sur une action collective. C'est ainsi que les différents acteurs, à l'initiative de la communauté de communes, ont créé un plan local d'aménagement concerté pour, avec les agriculteurs volontaires, traiter des zones, intervenir tactiquement, c'est-à-dire couper, mettre en commun les efforts pour couper le pin dans les zones les plus opportunes et mettre en commun des moyens financiers à dégager. Voilà donc une opération de modélisation d'accompagnement conduite par Michel Étienne, chercheur à l'Inra, au début des années 2000.

Plus généralement, qu'est-ce que c'est qu'une modélisation d'accompagnement ?

C'est un travail de recherche avec les acteurs, donc transdisciplinaire, qui a été pensé dans les années 90, en considérant qu'un territoire, un système socio-écologique, est constitué de différents acteurs qui ont des représentations et des poids différents. Et ils utilisent les mêmes ressources ou des ressources variées, mais avec différentes représentations. Donc, l'objectif est d'interagir pour essayer de mieux se comprendre et d'envisager des trajectoires en commun.

Donc voilà, sur ce schéma, on voit que les dynamiques écologiques sont elles-mêmes des interactions, interactions entre la fertilité du sol, les dynamiques forestières, les dynamiques pastorales, la faune sauvage. Mais du côté social, il s'agit des interactions entre des acteurs qui ont des poids et des représentations différentes. Il s'agit donc de problèmes d'interactions et de points de vue.

Pour ce faire, nous mettons en place des ateliers, nous mettons en place des modèles que l'on dit d'accompagnement, parce que le savoir scientifique n'est qu'un des savoirs parmi d'autres, qui est mis en jeu lors de ces ateliers et lors de ces modélisations. La deuxième dimension de l'accompagnement est le fait que le système doit évoluer, donc le modèle va évoluer et cette évolution va se faire au rythme des différents acteurs. Il n'y a pas de pilote dans l'avion. Il y a des gens qui s'accompagnent et qui essaient de comprendre ensemble et de décider ensemble.

Au niveau des outils, il y a donc des jeux de rôles, des modèles multi-agents. On peut aussi concevoir d'autres formes de modélisation d'interaction, comme par exemple ici, au Sénégal, où Frédérique Jankowski et des collègues ont travaillé sur des questions de sécurité alimentaire et de conservation de la diversité des semences utilisées par les agriculteurs. Et donc là, c'est une pièce de théâtre qui a été créée avec les acteurs qui sert d'objet médiateur pour discuter et pour définir des futurs.

En conclusion, la modélisation de l'accompagnement est à la fois une posture, une approche. Elle propose des méthodologies et des outils pour faciliter les interactions entre des acteurs qui ont des représentations et des poids, des pouvoirs différents, afin de favoriser une meilleure compréhension et éventuellement de favoriser des actions collectives pour, par exemple, favoriser la biodiversité.