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Description

L'objectif de ce parcours est de découvrir les grandes problématiques actuelles en matière d'environnement. Ces problématiques renvoient d'une part aux limites planétaires et à la capacité des écosystèmes à supporter les pressions qui ont pour principale origine les activités humaines. Le changement climatique et l'érosion de la biodiversité sont au cœur de ces questions. Elles renvoient d'autre part à la finitude des ressources naturelles, comme par exemple les ressources minérales et énergétiques. La question posée est alors celle de l'épuisement de ces ressources, qui requiert à la fois de les gérer au mieux et de les substituer par d'autres ressources, plus renouvelables.

Ce parcours entend apporter des connaissances de base, pour tous les étudiants et ce quel que soit le parcours de formation qu'ils suivent. Il propose en complément des ouvertures disciplinaires pour montrer que ces questions engagent tous les domaines de connaissance et tous les secteurs d'activité de nos sociétés.

État
  • Labellisé
Langues
  • Français
Licence Creative Commons
  • Partage des conditions à l'identique
  • Pas d'utilisation commerciale
  • Pas de modification
  • Paternité
Nature pédagogique
  • Cours
Niveau
  • Bac+3
  • Bac+5
Objectifs de Développement Durable
  • 13. Lutte contre le changement climatique
  • 15. Vie terrestre
  • 7. Energie propre et d'un coût abordable
Thèmes
  • Ecosystèmes et biodiversité
  • Enjeux Climat/Énergie
Types
  • Parcours thématique
Mots-clés
biodiversitéchangement climatiqueanimauxdroitprotection de l'environnementsavoirs traditionnelsingénierie écologiquesantéécologie politiquesociétéagroécologiecarbonegaz à effet de serreprojections climatiquesclimatimpactsressources naturellesfinitudeénergieénergies renouvelablestransition énergétiqueimpacts environnementauxpolitiques publiques
  • Définition de la biodiversité
  • Les grandes crises de la biodiversité
  • L'évaluation globale de la biodiversité et des services écosystémiques de l'IPBES (2019)
  • La flexibilité du vivant dans les scénarios de biodiversité
  • Outils et cultures chez les autres animaux
  • L'Humain dans la Biodiversité
  • Les avenirs possibles de la biodiversité
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Yann Laurans, Directeur "Biodiversité" à l'IDDRI

Le problème qui se pose à la biodiversité, son premier problème, son problème majeur, c'est le changement d'occupation des sols planétaires associé à la surexploitation des ressources naturelles. Par exemple, le poisson par la pêche, ou les minerais, ou le bois. Du coup, pour réfléchir à l'avenir de la biodiversité, les scénarios pertinents sont des scénarios qui portent sur ces sujets. Ceux qui portent en particulier sur l'expansion agricole. Comment est-ce que l'agriculture va prendre de la place dans les décennies qui viennent, dans le siècle qui vient ? Et puis, comment les prélèvements, évidemment, vont s'accentuer ? Et les autres facteurs dont j'ai parlé, la pollution, mais, aussi, potentiellement, le changement climatique, etc.

Alors, on va regarder, pour commencer, des scénarios d'évolution tendancielle de l'occupation de la planète par l'agriculture avec, ici, une recherche qui synthétise plein de publications et de scénarios qui globalisent, en particulier, six grands scénarios mondiaux, et qui disent, d'une part : "Voilà quelle est l'extension de l'agriculture en 2000, à-peu-près, selon ces modèles, et on va simuler l'évolution de l'agriculture d'ici la fin du siècle, selon six scénarios et dix décennies." Et ça va donner la carte suivante, qui est là, que je vous mets, et qui donne la manière dont, en théorie, à la fin du siècle, la planète sera occupée par l'agriculture. Si rien ne change. Selon le scénario tendanciel. Plus la couleur est claire, plus c'est tardif, plus ça viendra tardivement. On voit que de manière tendancielle, si rien ne change, à la fin du siècle, il ne restera quasiment plus de grands espaces forestiers, en particulier. Vous voyez que, même l'Amazonie, il restera, certes, des espaces, mais qui seront assez faibles. Le bassin du Congo sera entièrement agricole, lui aussi, ainsi que toute l'Asie, y compris l'Asie du Sud-Est et son grand massif forestier. 

Ça, c'est le scénario tendanciel qui explique, d'ailleurs, la prédiction qu'ont retenu les titres des journaux de l'IPBES qui disaient qu'on pourrait avoir jusqu'à un million d'espèces menacées d'ici la fin du siècle, ou peut-être même avant, du fait, en particulier, de cette croissance un peu business as usual de l'évolution de l'agriculture. Alors, maintenant, on va regarder quelles sont les possibilités alternatives. Ce n'est pas sûr que la planète va rester à l'avenir comme elle est aujourd'hui, et que les tendances vont se prolonger sans changement. Et même, on est à-peu-près certains que demain ne sera pas comme aujourd'hui. Selon quelles variations, quelles possibilités ? Ça, c'est aussi quelque chose qui a été étudié par le même rapport de l'IPBES, sur lequel je vais m'appuyer pour vous présenter une recherche en particulier, qui fait la synthèse de grandes visions de l'avenir possible.

Avec six visions du monde possibles à l'avenir, selon six grandes hypothèses de changement.

• La première, c'est, bien sûr, une sorte de vision de référence. C'est-à-dire le business as usual. C'est-à-dire le changement, la situation tendancielle, juste avec l'augmentation de la démographie. Mais on ne change rien au système actuel.

• Deuxième possibilité d'évolution, qu'on appelle l'optimisme économique, ou technologique, d'ailleurs, qui suppose qu'on résout nos problèmes grâce à l'évolution de la technologie, de la productivité agricole, en particulier, et de tout ce qui la permet.

• Autre possibilité, ce qu'on va appeler la durabilité mondiale. C'est-à-dire, au fond, l'idée qu'on mettrait en place une sorte de gouvernement mondial, on renforcerait le multilatéralisme, les institutions internationales, de façon à créer une sorte de régulation mondiale de nos problèmes, et d'essayer d'arriver à les régler.

• Autre possibilité, encore une fois, un réformisme économique. C'est-à-dire, la vision alternative économique, la réforme du marché, la réforme des financements, par exemple, ou de la finance, ou des règles concurrentielles, ou des règles du commerce. Voilà. Ça, c'est un autre scénario. 

• Avant dernier scénario, là, en gros, ce qu'ils appellent la compétition régionale. C'està-dire, en fait, le protectionnisme. L'idée que les grandes régions du monde, on le voit avec la Chine, les États-Unis, peut-être un jour l'Europe, ou l'Union africaine, se referment aux échanges, et aux influences.

• Et, enfin, dernière possibilité, comme ça, de futur alternatif, la durabilité régionale. C'est-à-dire, l'idée que c'est à l'échelle des régions du monde, ou des régions, d'ailleurs, en général, qu'on va organiser la durabilité, les solutions, les changements de mode de vie, etc.

Alors, on va regarder maintenant comment ces différents scénarios vont jouer sur l'avenir de la biodiversité, en jouant sur trois grandes dimensions de la biodiversité.

• La dimension matérielle : c'est-à-dire, en gros, ce qu'elle nous fournit comme nourriture, en fait. La nourriture et l'eau. On pourrait dire ça pour simplifier. Le matériel. Comment est-ce que la dimension matérielle va s'en sortir ?

• Ensuite, une deuxième dimension, qui est la dimension qu'on pourrait appeler immatérielle, c'est-à-dire, en gros, tout le reste. Tout ce qui n'est pas utilisé dans la nature : sa beauté, sa diversité, sa richesse, etc.

• Et une troisième, qui est entre les deux, qui sont les services collectifs, le fait que l'environnement, la biosphère, la planète, nous aident à nous prémunir contre les inondations, les sécheresses, permet la résilience des communautés locales à l'égard des grands événements climatiques, par exemple, etc. Ou la disponibilité en eau, en eau d'irrigation, etc.

Et selon ces six scénarios, on va regarder comment la littérature pense que ces trois grandes caractéristiques, dimensions de la biodiversité, matérielle, immatérielle, et services collectifs, vont s'en sortir. Ça, c'est une figure que je vais très rapidement commenter. Vous avez en colonne les différents scénarios. À gauche, business as usual. Ensuite, l'optimisme économique. Ensuite, la soutenabilité mondiale. Ensuite, le repli régional, le protectionnisme. Et tout à droite, la durabilité régionale. 

Ce qu'on peut en dire, c'est que, en gros, dans le scénario business as usual, à la fin, on aura une nature, des services écosystémiques, une biodiversité, qui ne sera utilisée quasiment que pour produire la nourriture et l'eau. Et tout le reste en pâtit. C'est-à-dire qu'on n'a plus de service immatériel. Toute la nature, en gros, est utilisée pour produire le soubassement matériel de l'humanité, sa nourriture. Et en particulier sa viande. On fait disparaître l'ensemble de la diversité biologique. Et les services collectifs, aussi, pâtissent beaucoup. L'autre scénario qui permet un certain maintien de la situation, au moins sous l'angle matériel et sous l'angle, aussi, de la régulation, c'est le scénario d'optimisme économique, par définition, puisqu'il suppose que la productivité permet de concentrer la production sur une partie de l'espace, ce qu'on appelle le land sparing. On partage l'espace, on le spécialise, et, du coup, on laisse de la place pour la biodiversité, pour exister à côté. Du point de vue des services immatériels de la diversité, dans ce scénario-là, on suppose qu'on peut, globalement, conserver une certaine richesse. Et puis, évidemment, le seul autre scénario qui permettrait, selon la littérature, encore une fois, d'obtenir un progrès, ou, en tout cas, une moindre dégradation sur l'ensemble des dimensions, en particulier matériel, et collectif, parce que l'immatériel, là, n'est pas évalué, c'est le scénario de durabilité régionale qui, encore une fois, suppose qu'on fait évoluer nos modes de vie, nos modes de consommation, de transporter notre alimentation, par des actions qui sont discutées, une gouvernance discutée, à l'échelle régionale, locale. C'est le localisme.

Et, en conclusion, sur quoi va reposer l'avenir de la biodiversité ? Soit, en tendanciel, quelque part, sur une poursuite de l'appauvrissement général de la biodiversité, dans l'indifférence presque totale, à moins que des conséquences matérielles se manifestent et fassent que nous réagissions, ce qui n'est pas, pour l'instant, le cas. À moins qu'elles se manifestent suffisamment tôt pour qu'on prenne conscience. Soit, sur une réaction qu'on pourrait appeler techniciste, à base d'amélioration technique et économique, et d'un partage net entre l'espace réservé pour l'alimentation, et celui qu'on garde pour la nature. Ou alors, troisième possibilité, vers un retour à la gouvernance et aux solutions pensées localement, régionalement, revenant sur les ressources, quelque part, locales, qu'apporte chacun des territoires.

Contributeurs

BOEUF Gilles

Sorbonne Université

David Bruno

CNRS - Centre National de la Recherche Scientifique

Shin Yunne

IRD - Institut de Recherche pour le Développement

Ronce Ophélie

CNRS - Centre National de la Recherche Scientifique

Krief Sabrina

MNHN - Muséum national d'Histoire naturelle

Laurans Yann

IDDRI (Institut du développement durable et des relations internationales)

Sueur Cédric

Université de Strasbourg (UNISTRA)

Tavernier-Dumax Nathalie

Université de Haute-Alsace (UHA)

Larrere Catherine

Marniesse Sarah

AFD - Agence française de développement

Henin Jeanne

AFD - Agence française de développement

Roturier Samuel

Swynghedauw Bernard

Chartier Denis

Demeulenaere Elise

CNRS - Centre National de la Recherche Scientifique

HAINZELIN Etienne

CIRAD - Centre de coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement

Gignoux Jacques

CNRS - Centre National de la Recherche Scientifique

Peylin Philippe

LE TREUT Hervé

Jouzel Jean

Climatologue

Bousquet François

CIRAD - Centre de coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement

Planton Serge

climatologue et membre de l'association Météo et Climat

Bopp Laurent

directeur de recherche , CNRS - Centre National de la Recherche Scientifique

Watkinson Paul

Ribera Teresa

Lammel Annamaria

Université Paris 8

Guegan Jean-François

Leadley Paul

Roué Marie

CNRS - Centre National de la Recherche Scientifique

BRACONNOT Pascale

Hourcade Jean-Charles

CNRS - Centre National de la Recherche Scientifique

TULET Pierre

Fleury Cynthia

Bourg Dominique

philosophe et professeur , Université de Lausanne

Bourges Bernard

IMT Atlantique

BLANC Philippe

FILIPOT Jean-François

SCHMITTBUHL Jean

VAITILINGOM Gilles

Cemagref

CURY Philippe

OLIVES Régis

GRIJOL Karine

Véron Jacques

Ined - Institut National d'Études Démographiques

PRADILLON Jean-Yves

Lévêque François

Mines Paris-PSL

Brodhag Christian

Mines Paris-PSL