En ligne depuis le 26/11/2015
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Description
Dans cette vidéo, Omer Chouinard discute des risques que fait peser le changement climatique sur la sécurité alimentaire de la population mondiale et met en lumière quelques pistes qui permettraient d'atténuer et de s'adapter à ces changements environnementaux.
Objectifs d’apprentissage :
- Appréhender les risques que fait peser le changement climatique sur la sécurité alimentaire de la population mondiale
- Connaître les pistes pour atténuer et s'adapter à ces changements environnementaux.
État
- Labellisé
Langues
- Français
Niveau
- Bac+1
- Bac+2
Objectifs de Développement Durable
- 13. Lutte contre le changement climatique
- 2. Faim "Zéro"
Types
- Grain audiovisuel
Contributeurs
Chouinard Omer
Professeur titulaire, , Université de Moncton (Canada)
Ce document contient la transcription textuelle d’une vidéo du MOOC « Causes et enjeux du changement climatique ». Ce n’est donc pas un cours écrit au sens propre du terme ; le choix des mots, l'articulation des idées et l’absence de chapitrage sont propres aux interventions orales des auteurs.
Sécurité alimentaire et adaptation de l’agriculture et des pêches aux impacts des changements climatiques
Omer CHOUINARD
Professeur – Université de Moncton
Qu’est-ce que la sécurité alimentaire ?
1. La sécurité alimentaire
Nous allons partir d'une définition du Sommet Mondial de l'Alimentation que l'on nous a léguée en 1996 : « la sécurité alimentaire existe lorsque tous les êtres humains ont, à tout moment, la possibilité physique, sociale et économique de se procurer une nourriture suffisante, saine et nutritive leur permettant de satisfaire leurs besoins et préférences alimentaires pour mener une vie saine et active. ». Soulignons que le premier qui a adressé cette question de la sécurité alimentaire fut Thomas MALTHUS qui, au XIXe siècle, a commencé à nous introduire à la question de l'augmentation de la population par rapport à la disponibilité de nourriture en nous disant : la population augmente à un rythme exponentiel alors que la nourriture augmente à un rythme linéaire. Il est donc inévitable que l'on va avoir un problème à un moment donné.
2. Sécurité alimentaire et agriculture
D'où l'importance qu’on a mis de développer une agriculture plus massive, avec des cultivars plus productifs, avec aussi des produits, des intrants comme des insecticides, des pesticides et également l'accès aux produits énergétiques et l'irrigation qui a augmenté de façon considérable la production agricole au XXe siècle. Même si on a eu une augmentation importante de la population, il y a eu une diminution de la question de l'insuffisance alimentaire. Cependant, cette augmentation-là de l'agriculture au moyen d’intrants nous a causé d'énormes problèmes environnementaux, en particulier par la dégradation de l'environnement et des sols, par la contamination des écosystèmes aux biocides, par toute la question de l'eutrophisation des milieux aquatiques, par la question de la perte de biodiversité, et que ce soit en milieu naturel ou en milieu agricole, par la déforestation à l'échelle mondiale et par l'épuisement de l'eau, tant des eaux de surface que des nappes phréatiques. Également, l'impact des changements climatiques est venu aggraver cette situation-là parce qu'on a à faire à des températures plus élevées, à des précipitations qui ont changé selon les régions du monde, à l'augmentation d'événements extrêmes - que ce soit les inondations, que ça soit les sécheresses, que ce soient des tempêtes de grêle, que ce soient des vents violents -, à la désertification qui actuellement touche 900 millions de personnes à l'échelle planétaire, et à l'intrusion de l'eau salée dans les nappes phréatiques principalement dans les régions côtières.
2. Sécurité alimentaire et océans
Que dire maintenant de la question des océans qui eux, sont responsables de l'alimentation, de protéines alimentaires pour plus d'un milliard de la population à l'échelle planétaire ? Qu'est-ce que ça nous amène comme conséquence ? On a tendance à surpêcher. Il y a aussi une augmentation des températures qui se fait aussi, une augmentation sensible des températures que l'on voit à l'échelle planétaire et dans différentes régions du monde, ce qui entraîne une acidification. L'acidification a un effet sur les coraux qui sont des habitants importants pour les poissons, à des changements de cycle climatique qui a un effet important sur les migrations des espèces par exemple que l’on pense aux anchois au Pérou, que l'on pense aux saumons en Colombie Britannique ou encore au Japon.
4. Solutions
Tout cela nous amène à des solutions qu'il faut envisager. D'un côté, il y a la solution que l'on cherche toujours, celle d'aller du côté des technologies et d'accroître les intrants, les OGM, etc. On sait que ce sont des solutions qui sont très controversées à l'échelle planétaire. Ceci nous amène à un autre élément qui prend de plus en plus d'ampleur, qui est l'importance des connaissances traditionnelles locales pour avoir une agriculture qui est plus centrée sur l'agriculture à l'échelle locale, par exemple la culture supportée par la communauté, également une agriculture davantage biologique et respectueuse de l'environnement, une agriculture aussi urbaine plus près des populations. Il ne faut pas oublier comme solution aussi tout l'accès aux outils d'information qui nous sont donnés pour être en mesure de mieux planifier l'agriculture, de mieux prévoir qu’est-ce qui en vient et d'être en mesure d'avoir un ajustement par rapport au changement climatique qui nous assaille. De nouvelles approches découlent de là, par exemple toute la question du mouvement slow food qui a été développée à partir de l'Italie en 1986 en critique au fast-food. Tout le lien entre les producteurs et les consommateurs, avec les liens entre les villes et les régions rurales pour avoir une agriculture beaucoup plus près des populations et qui réponde aux besoins des populations locales. Une agriculture en circuit fermé qui est moins dommageable et aussi, une préservation des sols, de l'eau et des ressources ainsi qu'un mouvement qui prend racine depuis une dizaine d'années en 2006 et qui a été développé en Angleterre : le mouvement « villes en transition ». Enfin, on ne peut pas passer sous silence toute la question de la situation des femmes qui sont responsables de 80 à 90 % de l'agriculture en Afrique et en Asie et aussi de la transformation des produits agricoles. On le voit que ce soit au Sénégal, au Bénin, ou encore dans les pays que l'on dit développés où ce sont les femmes qui font essentiellement la transformation des produits de la pêche dans des conditions difficiles, qui ont des conditions de travail vulnérables et qui sont plus sujettes à des problèmes de maladies industrielles.
5. Conclusion
Tout ça nous conduit à des changements d'habitudes alimentaires et à des modes de gestion qui nous amènent à avoir une réflexion sur la consommation de viande rouge, sur la question de l'impact de l'utilisation du sushi par exemple qui utilise des espèces comme le thon qui sont des espèces vulnérables, à la question également de l'alimentation axée sur les saisons, de favoriser davantage les produits locaux à l'échelle locale, le respect des quotas de pêche et aussi à une gestion écosystémique et intégrée, que ce soit à l'échelle des bassins versants, que ce soit au niveau forestier ou que ce soit au niveau de l'agriculture.