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Description

Dans cette vidéo, Arnaud Diemer, maître de conférence à l'Université Clermont Auvergne, présente les grands questionnements associés au développement d'une éducation à l'environnement et au développement durable. Il souligne l'importance des valeurs et des compétences, et propose un aperçu des outils pédagogiques qui peuvent être mobilisés.

Objectifs d'apprentissage :
- Comprendre l’importance des valeurs et des compétences quand on parle d’éducation au développement durable
- Avoir un aperçu des outils pédagogiques qui peuvent être mobilisés en EDD.

État
  • Labellisé
Langues
  • Français
Niveau
  • Bac+3
  • Bac+4
Objectifs de Développement Durable
  • 4. Education de qualité
Types
  • Grain audiovisuel
Multi, pluri, inter ou transdisciplinarité pour une éducation en vue d'un développement durable ?
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Principes pour un parcours éducatif scolaire relatif à un développement durable
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Résoudre des problèmes complexes et gérer l'incertitude, un principe d'EDD à intégrer
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La pédagogie de projet au cœur de l'éducation pour un développement durable
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Les cartes mentales en éducation au développement durable
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Les cinq niveaux d'intégration de l’Éducation au développement durable dans les classes
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L'éducation à l'environnement dans la formation des enseignants
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Contributeurs

DIEMER Arnaud

UCA - Université Clermont Auvergne

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Arnaud DIEMER, Maître de conférences – Université Blaise Pascal Clermont-Ferrand 

On ne pourrait pas parler de développement durable sans évoquer la question éducative et forcément la manière de penser au niveau pédagogique, ces savoirs, ces connaissances qui sont transmises, on l'a dit, sur un concept, voire un nouveau modèle de vie en société.

Il faut se rappeler un petit peu l'histoire de l'éducation au développement durable.

En 2002, les Nations unies vont donner à l'Unesco un mandat : réfléchir sur nos modèles éducatifs et réfléchir sur la manière d'intégrer le développement durable dans nos modèles de pensée, nos modèles de réflexion, également la manière de penser l'école.

Ce que l'on va appeler la décennie du développement durable, la décennie de l'éducation au développement durable va commencer en 2004 et cette décennie bien sûr s’est finie en 2014 et, durant cette période de 10 ans, ont été mis en avant différentes dimensions relativement fortes et prégnantes de l'éducation au développement durable.

Il faut se rappeler que le sommet de Nagoya, en novembre 2014, a réfléchi sur quel pourrait être le futur modèle éducatif pour notre société et en quoi ce modèle pouvait changer nos comportements, notre manière bien sûr d'enseigner, notre manière de dispenser des connaissances, et peut-être faire la distinction entre les savoirs d’un côté et puis les compétences de l'autre puisque l'on sait très bien que ce passage est plus ou moins complexe lorsque l'on parle d'emploi ou d'employabilité.

La réflexion sur 10 ans de l'éducation au développement durable renvoie à plusieurs éléments :

•    Le premier élément, c'est de se dire mais qui aujourd'hui réellement enseigne l’éducation au développement durable, qui pense ce concept et qui est amené, bien sûr, à le rendre opérationnel ?

Et on voit tout de suite que l'enseignement formel, tout du moins celui que l’on retrouve dans les écoles, dans les lycées, dans les universités a joué un rôle important mais que l'enseignement informel, celui qui est mis en avant par les O.N.G., par le tissu associatif, joue un rôle important.

Combien de fois l'éducation à l'environnement a été gérée par ce type d'association ? 

Et l'important, c'est de pouvoir formaliser ce qui a été fait, mettre en avant ces compétences.

L'Unesco a réfléchi sur différents types de projets mettant en avant cette réflexion et puis le débat est parti également sur les valeurs, enseigner – et ce n'est pas uniquement du contenu, ce n'est pas des savoirs -, c'est également des valeurs.

Quel type de valeurs on va intégrer dans les modèles éducatifs ? 

Comment penser le collectif, la coopération, la collaboration, la gratuité, le don, l’estime de soi ?

Toutes ces valeurs sont, bien sûr, des savoirs et qui, bien sûr, sont retranscrits à travers des compétences.

Mais, bien sûr, dès qu’on parle de développement durable, on se rappelle les trois sphères : l'économique, le social, l'environnement et on réfléchit sur des modèles éducatifs intégrant cette relation.

Faut-il rendre l'éducation payante ? Faut-il la maintenir gratuite ? Quels types de connaissances on fait circuler ? Quel rapport a-t-on par rapport à la nature, par rapport à l'environnement ? Quelle dimension sociale évoque-t-on dans ce caractère éducatif ? Faut-il une médication pour tous (ce qui est vu par l'Unesco comme un élément important pour l'avenir) ? Ou faut-il au contraire voir un apprentissage qui se ferait tout au long de la vie ?

L’idée, c’est qu'on ait tous un capital, que l'on puisse bien sûr enrichir, accumuler, de connaissances et qu’on puisse valoriser.

Et l'éducation au développement durable peut être effectivement cette forme d'apprentissage.

Alors bien entendu, tous les modèles ne sont pas globaux, ils sont très locaux, chaque société peut développer un modèle éducatif. L'intérêt c'est que cette diversité nous fait réfléchir sur nos pratiques, sur nos manières d'enseigner et de comparer ces modèles.

Finalement, on parle de techniques pédagogiques mais on devrait réfléchir sur la manière de penser ces pédagogies.

Faut-il les rendre actives, proactives, faut-il interférer avec les apprenants, doivent-ils intervenir, doivent-ils faire des cours, penser les savoirs ? 

Et on voit bien ici que sur un sujet de vie en société, le développement durable, on peut imaginer effectivement un grand nombre de dimensions intéressantes.

Chaque pays, aujourd'hui, s'est investi dans l'éducation au développement durable. La France en 2004, bien sûr, a joué son rôle, a mis en place une réflexion.

Un décret de 2004 évoque clairement la question des enseignements : quel type d'enseignement disciplinaire on doit mobiliser ?

Il faut rappeler qu'en France, le développement durable a été et a commencé par des cours d'histoire-géographie, et puis c'est passé tranquillement aux sciences et vies et de la Terre, en sciences économiques et sociales, et aujourd'hui, toutes les grandes disciplines sont traversées par le développement durable.

Mais il faut aller plus loin, il faut être dans l'interdisciplinaire, autrement dit croiser les disciplines.

On voit ici la difficulté, le rôle d'expert joue un rôle important, mais surtout le partage des connaissances, la réflexivité qu'on va avoir entre chaque discipline, l'acceptation et les connaissances qui vont graviter autour de l'échange.

Et puis, si on peut, bien sûr, aller vers le transdisciplinaire. Autrement dit, comment une discipline peut nous aider à comprendre notre histoire - celle de notre discipline - et puis modifier nos outils, nos comportements, nos pédagogies. 

On voit que la transversalité a besoin de contenu mais d'un espace particulier.

L'exemple des classes inversées par exemple est un bon débat : comment aujourd'hui rompre effectivement le cycle éducatif et la manière de penser les savoirs ?

Le développement durable, les gestes de tous les jours sont un élément de transversalité et on voit bien comment le débat que l'on peut avoir avec les apprenants devient un débat synonyme de savoirs, de compétences, autrement dit : on rentre dans un cycle d'autoformation, les gens apportent tous leurs compétences, un lycéen, un étudiant peut apporter sa propre compétence et bâtir lui-même, avec d'autres un ensemble d'éléments qui vont constituer un corps, un corps que l'on pourra utiliser dans un modèle, voire dans une pédagogie utilisatrice.

Alors, on pourrait se demander mais est-ce qu'il existe un modèle d'éducation au développement durable ?

Certains ont cherché à essayer de transposer les trois sphères dans le parcours éducatif, et de dire que :
-    dans la sphère sociale on peut imaginer que le développement humain joue un rôle très important  - s'épanouir, avoir des compétences, avoir des connaissances - ;
-    doit enrichir ce capital puisque nous avons tous une forme de capital à développer, à accumuler ;
-    et puis de réfléchir également sur les ressources environnementales que l'on mobilise : sous quelle forme, de quelle manière, quel rapport va-t-on entretenir dans l'éducation avec la nature ? 

Il ne s'agit pas de sanctuariser la nature mais au contraire de montrer quel rapport on peut avoir entre culture-nature par exemple.

Donc autant d'éléments qui vont faire que le développement durable, l’éducation au développement durable devient un élément intéressant et mis en pratique par bon nombre d'enseignants.

Finalement, on pourrait se demander s'il n'y a pas une méthode, une méthodologie intéressante qui pourrait nous aider avec nos apprenants, avec nos élèves mais également avec des adultes - je rappelle que l’andragogie, c’est de la formation pour les adultes -, comment pouvoir rentrer simplement dans l'éducation au développement durable ?

On a mis en place un modèle qui s'appelle REDOC, pour Représentations, Démarches pédagogiques, Outils didactiques et Compétences. 

L’idée est la suivante, c'est que l'on a tous des représentations différentes de ce qu'est le développement durable, certains mettent en avant l'environnement, d'autres la question des inégalités, d'autres le modèle économique et que nos représentations vont nous amener à partager quelque chose, à faire émerger une forme de consensus - non pas un compromis, véritablement de la collaboration -, pour imaginer effectivement un modèle.

Et une fois que l'on a compris ces représentations, on peut imaginer une forme de pédagogie. 

Ça peut être une pédagogie critique : on va critiquer les savoirs, les connaissances, les transposer, les contextualiser.

Mais on peut également avoir une pédagogie de l'enquête, amener les apprenants à construire eux-mêmes, a tracer un petit peu ce qu’est le développement durable, à comprendre ses tenants et aboutissants.

On a ici à résoudre une énigme par exemple.

Et puis les outils, sont très larges, très hétérogènes : on peut enseigner l’EDD (l’éducation au développement durable) dans le cycle maternel, les contes, la photo formation, jouent un rôle très important mais on peut complexifier les cartes de controverses.

Montrer à un étudiant la complexité de l'observation d'un phénomène, aller chercher l'information, décrypter des sources.

C'est un outil extrêmement intéressant et formateur.

Finalement, tous ces outils pédagogiques nous ramènent indéniablement vers les compétences. 

Quel type de compétences on souhaite faire émerger à travers cette éducation au développement durable ? 

Les savoirs sont importants mais les valeurs également, le savoir agir.

Comment être un bon citoyen si on n’est pas capable d'agir dans la vie en société ? 

On a ici une forme de compétence à débattre, la volonté d'agir est une autre compétence. Autant d'éléments qui montrent bien que ce type de réflexion peut nous faire entrevoir un changement de comportement. 

C'est le propre de l'éducation au développement durable.