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Description

Cette partie de cours porte sur l'appropriation des Objectifs de Développement Durable par les États et par les collectivités territoriales. Son objectif est double : vous apporter des exemples issus de contextes variés et vous faire réfléchir aux différentes étapes et aux différentes modalités de cette appropriation.

Elle est placée, pour la partie "États" sous la responsabilité de Julie Vaillé (Institut du développement durable et des relations internationales - IDDRI) et fait intervenir Laura Brimont (IDDRI), Céline Charveriat (Institute for European Environmental Policy), Serge Michailof (Institut des relations internationales et stratégiques - IRIS), Laurence Monnoyer-Smith (Déléguée interministérielle et Commissaire générale au développement durable de la France), et Magda Elena Toma (Forum international des plateformes nationales d'ONG).

La partie "locale" est quant à elle placée sous la responsabilité de Vaia Tuuhia (Association 4D) et fait intervenir Julie Chabaud (Département de la Gironde, France) et Amandine Crambes (ADEME).

Elle est composée d'une vidéo introductive, "Le mot de Jean-Paul Moatti", et de 8 vidéos de cours.

Objectifs d’apprentissage :
- Connaître des éléments de cadrage sur l'appropriation des ODD par les Etats et par les collectivités territoriales.

État
  • Labellisé
Langues
  • Français
Licence Creative Commons
  • Partage des conditions à l'identique
  • Pas d'utilisation commerciale
  • Pas de modification
  • Paternité
Nature pédagogique
  • Animation
  • Cours
Niveau
  • Bac+1
  • Bac+2
Objectifs de Développement Durable
  • 16. Justice et paix
Types
  • Grain audiovisuel
Mots-clés
ODDobjectifs de développement durableaction publique
Les ODD sont-ils adaptés aux pays les plus fragiles ?
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Mise en œuvre des ODD par les Etats : un panorama général
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Dynamiques d'acteurs autour de l'élaboration de la feuille de route de la France pour la mise en œuvre de l’Agenda 2030
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Contribution du Global Compact France à l'élaboration de la feuille de route de la France pour la mise en œuvre de l’Agenda 2030
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Appropriation des ODD par les États : le point de vue de la société civile
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La territorialisation des ODD : vers l'Agenda 2030 local
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Des outils pour accompagner la transition des villes et des territoires
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Contributeurs

Moatti Jean-Paul

Professeur Emerite , Université Aix-Marseille

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Ce document contient la transcription textuelle d’une vidéo du MOOC UVED « Objectifs de développement durable ». Ce n’est donc pas un cours écrit au sens propre du terme ; le choix des mots, l'articulation des idées et l’absence de chapitrage sont propres aux interventions orales des auteurs.

Les ODD : un défi pour l’Action publique

Jean-Paul Moatti,
Président-directeur général de l’IRD

Les ODD fournissent le cadre de la discussion et de la coopération multilatérale puisqu'ils ont été négociés et qu'ils sont portés par les Nations-Unies. Cela crée immédiatement un paradoxe : ce cadre multilatéral tel qu'il est organisé aujourd'hui n'est pas forcément le seul lieu, voire le meilleur lieu, pour réaliser ces objectifs.

1. Un paradoxe « westphalien »

Les ODD souffrent de ce que les politologues appellent classiquement le paradoxe "westphalien" par référence au traité de Westphalie qui, au dix-septième siècle, a mis fin à un des conflits les plus longs qui ravageait l'Europe, la guerre de Trente Ans. Ce traité base l'ordre international dans le respect, par les uns et les autres, de la souveraineté des États. Les ODD n'ont pas de caractère contraignant et sont dépendants de la bonne volonté des différents gouvernements, qui peuvent d'ailleurs changer d'une période à l'autre, pour leur mise en œuvre.

2. Un cadre précieux

Il est clair à quiconque regarde les informations quotidiennement à l'heure où je vous parle (en 2019) qu'il y a eu des évolutions récentes du cadre multilatéral qui font que, très certainement, si on renégociait aujourd'hui les Objectifs de Développement Durable, on n'y parviendrait pas. On ne parviendrait pas à des compromis aussi avancés que ceux qui figurent dans l'agenda. Mais dans une large mesure, c'est ce qui fait leur prix : il faut s'accrocher à ce cadre de référence pour garder sa puissance transformatrice.

3. Quelle action des pouvoirs publics ?

Ce n'est pas seulement au niveau des gouvernements et de la puissance publique que les ODD peuvent être réalisées. En effet, les masses financières d'investissement qu'ils impliquent ne sont pas ou plus à la disponibilité des États dans un contexte souvent de nécessité de réduire les déficits publics et les dépenses publiques. Il faut faire appel à d'autres sources de financement, notamment au secteur privé, au secteur de la société civile, au secteur de l'économie sociale.

Mais le rôle des gouvernements reste très important et il est très important que ce rôle ne se limite pas à ce qu'on pourrait appeler, pour paraphraser une expression qui se dit beaucoup dans les couloirs de l'ONU depuis qu'on parle des ODD, un concours de beauté où chaque gouvernement, chaque année, vient faire état du fait qu'il a bien suivi 167 des 169 cibles des 17 Objectifs et que sur l'écrasante majorité d'entre eux, il a accompli des avancées significatives. Il ne faut pas que l'action des gouvernements soit une action de propagande mais il faut qu’elle soit une action de transformation, avec des ODD mis au cœur de toutes les politiques publiques.

On peut espérer que ce sera le cas au niveau de l'Union européenne dans les années qui viennent mais il faut que cette action de l'État :

  • intègre dans toutes les politiques publiques les Objectifs de Développement Durable,
  • supprime ce qui dans ces politiques, par exemple les subventions aux énergies fossiles ou une certaine façon pas très humanitaire de gérer les problèmes de migration et de flux de population, limite la réalisation des ODD,
  • favorise les politiques intégratrices qui permettent d'avancer dans la bonne direction.

4. L’importance des territoires

Les limites et en même temps le rôle essentiel de l'action des États, des gouvernements, des pouvoirs publics, apparaissent clairement dès lors que l'on comprend que l'un des niveaux essentiels de mise en œuvre des Objectifs de Développement Durable est celui du territoire. Bien sûr, les limites spatiales, les configurations spatiales de ces territoires doivent être définies selon les pays, selon les régions, selon les découpages politiques et institutionnels, selon les traditions culturelles, mais une fois ceci établi, il est clair que c'est au niveau des territoires que la concrétisation la plus opérationnelle, la plus immédiate des ODD doit se jouer. À ce niveau, le rôle des pouvoirs publics est essentiel pour faciliter la mise en œuvre des ODD et faire sauter les blocages qui peuvent le limiter. Par exemple, si on a une politique systématique de subvention des énergies fossiles, on retarde d'autant la possibilité de transition énergétique vers des énergies renouvelables. Aussi, si on a des politiques fiscales qui limitent toute forme de redistribution et de transfert de richesses vers les plus pauvres, ça va être assez difficile de résoudre par un coup de baguette magique la question des inégalités à l'intérieur des groupes sociaux.

5. Conclusion

Le niveau du territoire implique l'ensemble des acteurs de la société, l'ensemble des acteurs économiques, l'ensemble des acteurs politiques et culturels, aux côtés des pouvoirs publics. Il s'agit de les faire converger. Il peut impliquer d'assumer les contradictions, voire les conflits que cela peut générer par rapport à des intérêts qui freinent par rapport au développement durable. Intérêts qui ont une appétence au maintien du statu quo existant et à des modes de production et de consommation qui sont clairement une catastrophe potentielle pour la planète.