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Description

Alix Cosquer, chercheuse au Centre d'écologie fonctionnelle et évolutive, discute dans cette vidéo de la place des arbres en ville. Elle met en lumière la diversité des bénéfices qu'ils apportent aux humains et montre comment, actuellement, tend à se reconfigurer la relation entre citadins et arbres.

Objectifs d'apprentissage :

- Expliquer comment a évolué, au cours des derniers siècles, le regard sur les arbres en ville
- Inventorier les bénéfices des arbres pour la santé des citadins
- Illustrer, par des projets, le changement de regard sur les arbres en ville

État
  • Labellisé
Langues
  • Français
Licence Creative Commons
  • Partage des conditions à l'identique
  • Pas d'utilisation commerciale
  • Pas de modification
Mentions Licence
  • Sciences de la vie
Nature pédagogique
  • Cours
Niveau
  • Bac+2
  • Bac+3
Objectifs de Développement Durable
  • 11. Villes et communautés durables
  • 15. Vie terrestre
Thèmes
  • Ecosystèmes et biodiversité
  • Environnement - Santé
Types
  • Grain audiovisuel
Mots-clés
arbresvilleSanté humaine
La vie animée des arbres : sens, mouvements et exploration
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La symbiose mycorhizienne, une alliance entre les arbres et les champignons
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Les symbioses aériennes des arbres
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L’arbre et la compétition
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Les maladies des arbres
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Qu’est-ce qu’une forêt ?
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L’aménagement au cœur de la gestion durable des forêts
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La "forêt urbaine" : une approche globale du rôle des arbres en ville
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Le rôle des arbres face aux pollutions
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Racines des arbres et aménagements urbains : que de tensions !
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L'arbre, un allié des cultures dans la transition écologique
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Agroforesterie, bien-être et santé mentale
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Contributeurs

Cosquer Alix

chercheuse , Centre d'écologie fonctionnelle et évolutive (CEFE)

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Ce document est la transcription révisée, chapitrée et illustrée d’une vidéo du MOOC UVED « Arbres ». Ce n’est pas un cours écrit au sens propre du terme ; le choix des mots et l'articulation des idées sont propres aux interventions orales des auteurs.

Les arbres, pour repenser la ville

Alix Cosquer, CEFE

1. Evolution de la place de l’arbre en ville

La place de l'arbre en ville a considérablement évolué au cours des siècles dans les sociétés occidentales industrielles. À partir des 17e et 18e siècles, on observe un essor démographique important. L'emprise des villes sur les territoires s'étend au-delà des fortifications et les quartiers intègrent progressivement des espaces végétalisés.

Au 19e siècle, la place des arbres en ville s'inscrit à la fois dans une préoccupation récréative : il s'agit d'offrir des espaces de loisir, de détente et de sociabilité aux citadins, et hygiéniste : la présence de végétation et la fréquentation des espaces verts sont envisagées comme un contrepoint à la pollution des villes. Les travaux d'aménagement urbain au cours du Second Empire, entre 1850 et 1870, comme ceux menés à Paris par le baron Haussmann, intègrent l'arbre dans le bâti urbain. Le maillage urbain intègre des squares, des parcs et jardins et des bois reliés par des promenades et des avenues plantées, où les platanes et les marronniers occupent une place importante. L'arbre est à la fois envisagé de manière individuelle, comme c'est le cas dans des avenues plantées, ou intégré à un milieu paysager, comme dans le bois de Vincennes, par exemple.

Au 20e siècle, les arbres continuent à être intégrés dans l'urbanisme et s'ancrent dans les paysages urbains comme des objets d'aménagement. Ils sont coupés et replantés au gré des visions et des contraintes urbanistiques, par exemple lors des politiques urbaines des années 1960 et 1970. Dans les espaces des villes soumis à de fortes contraintes, pollution, bétonisation, les conditions de vie des arbres en ville sont peu prises en compte.

Au 21e siècle, l'approche de l'arbre en ville tend à évoluer. Il s'agit toujours d'une approche gestionnaire, puisque les espaces urbains demeurent des milieux fortement artificialisés. Néanmoins, cette gestion tend à reposer sur une plus grande attention portée à la santé des végétaux qui passe en partie par une diversification des essences, par une approche plus écosystémique de l'arbre en ville en relation avec son environnement et par une intégration des enjeux socio-environnementaux qui vont au-delà d'une fonction esthétique et récréative.

2. Arbres en ville et santé humaine

Leur présence en ville contribue à la transformation de l'environnement urbain, notamment à travers des fonctions biogéochimiques et écologiques qui participent à des services écosystémiques d'auto-entretien et de régulation. Les arbres contribuent au cycle biogéochimique. Ils contribuent à l'amélioration de la qualité de l'eau et favorisent l'infiltration, ce qui réduit les risques d'inondation. Ils régénèrent l'air, absorbent les polluants et contribuent à diminuer les températures par l'ombre qu'ils procurent et l'évapotranspiration, ce qui permet une réduction de l'effet d'îlot de chaleur urbain.

Les arbres favorisent également le fonctionnement écologique dans les villes, à travers une diversité de la vie des sols, une continuité écologique, et en permettant l'accueil et le maintien de la biodiversité. La présence d'arbres, et plus largement d'environnements plus végétalisés et de biodiversité, favorise la santé et le bien-être des urbains.

En termes de services écosystémiques, ils contribuent aussi à des services culturels. En termes de santé physique, la présence d'espaces verts favorise la mobilité et l'activité physique, ce qui contribue à une diminution des risques d'obésité et de maladies cardiovasculaires.

Certains paramètres physiologiques observés, par exemple, la baisse de la fréquence cardiaque, de la tension artérielle, des niveaux de cortisol, lors de la fréquentation de parcs en ville traduisent un processus de régulation du système nerveux autonome. En termes de santé mentale, la réduction physiologique du stress s'accompagne d'une diminution des facteurs de risque psychologique et de la charge de certaines maladies, telles que les troubles anxieux et la dépression. La fréquentation des parcs alimente également favorablement les liens sociaux en favorisant les rencontres et la cohésion sociale.

La présence d'arbres en ville peut aussi contribuer à l'alimentation à travers des vergers urbains et à l'appréciation globale du cadre de vie. Plus largement, l'intégration d'une plus grande diversité biologique en ville rejoint des enjeux sociétaux de santé publique et favorise l'attractivité des territoires. Ces diverses contributions apparaissent d'autant plus impactantes dans un contexte de modification profonde des modes de vie, de travail, d'habitat, de déplacement, marqué par l'urbanisation, une plus grande sédentarité au quotidien et par une diminution des contacts avec une diversité d'espèces et d'espaces naturels. Ces conclusions s'appuient sur un ensemble de recherches menées autour de la santé et des espaces naturels urbains ou forestiers. En ville, les arbres sont une dimension importante des espaces naturels, même s'ils ne relèvent pas toujours de milieux forestiers. Soulignons également que les effets observés varient selon les profils des individus ou des groupes suivis, selon les profils socio-démographiques, les représentations, les perceptions et en fonction des contextes d'expérience, des types de milieu, d'activité.

3. Mieux vivre en ville : quelle place pour les arbres ?

L'importance et la complémentarité des services directs ou indirects apportés par les arbres et, plus largement, par la biodiversité en ville amènent à s'interroger sur la place de l'arbre en ville. Pourrait-on considérer celui-ci non plus comme un objet d'aménagement urbain mais comme un sujet qui participe positivement au fonctionnement des socio-écosystèmes urbains ?

Ces dernières années, plusieurs réflexions sont menées pour repenser la présence des arbres en ville dans une approche intégrée, c'est-à-dire en cherchant à répondre, à travers l'aménagement urbain et des solutions basées sur la nature, à des besoins sociaux et environnementaux. Ces démarches s'organisent dans un contexte de forte pression immobilière dans les milieux urbains et de crise environnementale globale. Cela nécessite, par exemple, de penser l'adaptation des essences au regard du changement climatique, mais aussi de questionner la contribution des expériences de nature en ville à la sensibilisation et à l'action environnementale.

Des démarches en cours sont à souligner car elles proposent une diversité de pistes pour croiser la question des arbres et de la nature en ville avec les expériences quotidiennes. Des structures de soins et de santé, dans des hôpitaux, des maisons de retraite, aménagent ainsi des jardins thérapeutiques afin d'améliorer le bien-être des patients. Dans de nombreux établissements scolaires, des démarches de végétalisation des cours d'école, de potager pédagogique, sont menées. Les arbres ont aussi une place dans des espaces sociaux du quotidien, par exemple, des jardins collectifs ou lors de la restructuration de places urbaines.

Comme vous le voyez, les contributions des arbres à la santé des urbains sont nombreuses. Ces réflexions nécessitent une interdisciplinarité et un croisement de perspectives entre urbanisme, architecture, sciences écologiques, humaines et sociales. De plus, l'implication des usagers apparaît comme une piste importante pour comprendre et prendre en compte les perceptions et les usages présents et à venir.