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Description

Dans cette vidéo, Daniel Goetz met en évidence les évolutions climatiques récentes à l'échelle du massif alpin français. Il présente ensuite les résultats de modèles qui simulent les évolutions de plusieurs facteurs comme l'enneigement et le risque d'avalanches à court et à moyen termes.

Objectifs d’apprentissage :
- Comprendre les évolutions climatiques récentes à l'échelle du massif alpin français
- Appréhender les résultats de modèles qui simulent les évolutions de plusieurs facteurs comme l'enneigement et le risque d'avalanches à court et à moyen termes.

État
  • Labellisé
Langues
  • Français
Niveau
  • Bac+2
  • Bac+3
Types
  • Grain audiovisuel
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Contributeurs

Goetz Daniel

Ce document contient la transcription textuelle d’une vidéo du MOOC « Causes et enjeux du changement climatique ». Ce n’est donc pas un cours écrit au sens propre du terme ; le choix des mots, l'articulation des idées et l’absence de chapitrage sont propres aux interventions orales des auteurs.

Le changement climatique dans les Alpes françaises : impact sur le climat, l’enneigement et le risque d’avalanches

Daniel GOETZ
Ingénieur d’étude et de recherche – Centre d’Etudes de la Neige

1. Constats

En ce qui concerne la température au cours du siècle écoulé, on constate une augmentation de la température moyenne annuelle d’1°C sur l'ensemble de la France. Les Alpes n’échappent pas à ce constat, ce qui fait une augmentation moyenne par décennie d'environ 1/10 °C. Dans la période plus récente 1959 - 2009, le réchauffement s'est accéléré puisqu'il est désormais d’1/3°C par décennie et, sur les Alpes, il est compris entre 0,2 et 0,4 °C (figure ci-dessous).

En ce qui concerne les précipitations, on constate à l'échelle de la France plutôt une légère hausse dans les deux tiers ou trois quarts Nord et une stabilisation, une stagnation, voire une légère baisse dans le tiers Sud. En ce qui concerne les Alpes, on constate sur les trois quarts Nord des Alpes que les précipitations sont plutôt stables. C'est seulement dans le quart Sud, les Alpes-Maritimes, que les précipitations mesurées sont en baisse. On peut aussi s'intéresser à des points de mesure ponctuels qui vont permettre de voir également comment l'enneigement réagit à ces variations de températures et précipitations (figure ci-dessous). Tout d'abord à moyenne altitude, la série de 55 années de mesures du Col de Porte situé en Chartreuse à 1300 m d'altitude près de Grenoble permet de faire le même constat : la température est en hausse, les précipitations sont en légère baisse, et en conséquence, la hauteur de neige durant l'hiver est en nette baisse puisque sur ce site on constate une diminution de plus de 50 % de la hauteur moyenne de la neige entre le début des années 60 et actuellement.

A plus haute altitude, à la Plagne, qui est située à 2000 m d'altitude, sur une période presque aussi longue allant des années 70 à maintenant, on constate une augmentation régulière de la température de l'ordre de 1°C sur cette période, ce qui va faire une hausse moyenne par décennie de l'ordre de 0,25 °C. On constate également une légère diminution des précipitations, comme le Col de Porte et en conséquence, la hauteur moyenne du manteau neigeux durant l'hiver est en baisse mais en baisse beaucoup moins marquée qu’au Col de Porte puisque là, elle est de l'ordre de 15 % sur la période d'observation. Pourquoi est-elle moins importante à cette altitude ? Parce que les températures durant l'hiver restent encore négatives et donc l'impact sur les chutes de neige n'est encore pas trop important contrairement au Col de Porte.

2. Projections

2.1. Température

En ce qui concerne la température annuelle à l'échelle de la France, les modèles de Météo France et de l’IPSL (Institut Pierre Simon Laplace) prévoient une hausse générale sur l'ensemble de la France des températures (figure ci-dessous).

Cette hausse est plus importante avec le modèle de Météo France puisqu'elle est comprise, selon les régions, entre 1,5 et 3 °C. Elle est un peu plus faible qu'avec le modèle de l’IPSL. A l'échelle des Alpes, on retrouve la même chose, c’est-à-dire une hausse de température comprise entre 1,5 et 3 °C pour le modèle de Météo France et entre 1 et 2,5 °C avec le modèle de l’IPSL.

2.2. Précipitations

En ce qui concerne les précipitations annuelles (figure ci-dessous), les deux modèles français divergent puisque le modèle de Météo France ne donne pas de tendance nette à l'échelle de la France d’évolution des précipitations annuelles recueillies, tandis que pour le modèle de l’IPSL, la tendance est plutôt à une hausse sur les deux tiers ou trois quarts Nord de la France et plutôt une diminution sur le quart Sud.

A l’échelle des Alpes, le modèle de Météo France donc ne donne pas de tendance très nette, tandis que le modèle de l’IPSL pronostique une augmentation importante des précipitations dans la moitié Nord et une stagnation, voire une petite diminution dans les Alpes du Sud, surtout dans les Alpes-Maritimes. Les deux modèles ne sont donc pas en cohérence. Il y a donc des grandes incertitudes sur ce que vont devenir vraiment les précipitations, quelle va être leur évolution au cours du XXIe siècle.

2.3. Enneigement

Si l'on s'intéresse maintenant au devenir de l'enneigement au cours de ce XXIe siècle, on va voir grâce à un projet qui s’appelle SCAMPEI l'impact de l'évolution des températures et des précipitations au cours du XXIe siècle sur l'enneigement. On voit que les pourcentages de baisse sont très importants puisqu'ils varient selon les massifs entre 40 et 60 %, ce qui veut dire qu'à cette altitude de moyenne montagne, le manteau neigeux va perdre environ la moitié de sa hauteur par rapport à la période de référence. C'est une projection qui est pour le futur proche, c'est-à-dire en gros les années 2030 - 2040, avec un scénario d'émission des gaz à effet de serre intermédiaire. Si maintenant on s'intéresse à une altitude un peu plus élevée, 1800 m, qui est celle de l'altitude de bon nombre de stations de ski, la baisse du manteau neigeux est encore marquée mais elle est moins importante que plus bas en attitude. A une altitude encore plus élevée de 2400 m, qui est, en gros, l'altitude de l'arrivée de bon nombre de pistes des stations, la baisse est modérée, elle se situe autour de -20 ou -25 % et est assez homogène du Nord au Sud des Alpes. Si maintenant on se pose la question en disant : est-ce que les autres modèles sont en cohérence avec ces projections qui ont été présentées ou est-ce qu'il y a des divergences comme on a pu le voir pour les précipitations prévues au cours du XXIe siècle ? On voit que les trois modèles, même si les chiffres ne sont pas tout à fait les mêmes, sont en cohérence, et montrent une baisse qui est marquée et qui est plus importante dans les Alpes du Sud que dans les Alpes du Nord.

2.4. Risque d’avalanches

En ce qui concerne le risque d'avalanches, comment va-t-il évoluer dans ce futur proche des années 2030-2040 ? La fréquence du fort risque d'avalanche naturelle va également diminuer mais selon le scénario et selon le modèle, il y a des différences quand même assez importantes. Certaines simulations voient une baisse très importante de ce fort risque d'avalanche naturelle, alors que d’autres simulations voient une baisse nettement plus modérée. Si on s'intéresse au futur lointain, c'est-à-dire à la fin du XXIe siècle, tous les modèles sont d'accord pour dire que cette baisse de fort risque d'avalanche naturelle va être très importante.

3. Conclusion

Les projections climatiques nous pronostiquent une baisse importante du manteau neigeux au cours du siècle. Elle va être d'abord modérée puis elle va s'accentuer au fur et à mesure que l'on se rapproche de la fin du siècle. Mais il reste quand même deux types d'incertitudes par rapport à ces simulations : la première est liée au fait que tous les modèles climatiques ne sont pas d'accord sur l'intensité de changement des paramètres météorologiques, sur la température et les précipitations ; la seconde est une incertitude de type socio-économique, avec la question de savoir si l'humanité va continuer à émettre des gaz à effet de serre au même rythme qu'actuellement ou si ces émissions vont baisser ou stagner.