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Description

Dans cette vidéo, Arnaud Diemer discute du positionnement du développement durable par rapport au modèle actuel dominant, reposant sur la recherche de croissance. Il pose la question de savoir si ce développement durable est une étape ou une finalité, et à partir de là tente de situer d'autres concepts comme la croissance verte.

Objectifs d'apprentissage :
- Situer le développement durable dans le modèle actuel dominant de développement
- Situer le développement durable par rapport à d’autres modèles comme la croissance verte.
 

État
  • Labellisé
Langues
  • Français
Niveau
  • Bac+3
  • Bac+4
Objectifs de Développement Durable
  • Les 17 ODD
Types
  • Grain audiovisuel
Modes de production et de consommation
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La décroissance ou les limites du développement durable
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L'économie écologique
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Sustainability Science : de quoi s'agit-il ?
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L'économie sociale et solidaire
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Les monnaies locales
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Contributeurs

DIEMER Arnaud

UCA - Université Clermont Auvergne

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Arnaud DIEMER, Maître de Conférences – Université Blaise Pascal Clermont Ferrand 

S’il y a bien une définition que l'on retient du rapport Brundtland, c'est celle qui rappelle que le développement durable, c'est la capacité des générations présentes à répondre à leurs besoins, sans remettre en cause ceux des générations futures.

Si vous regardez bien cette citation, on insiste sur deux choses :

•    La question des besoins.

Faut-il les définir ? Comment les définir ? Et de quel type de besoins on parle ? De besoins primaires ? 

Quelle différence faites-vous entre des besoins et des désirs ? 

Jusqu'où va le besoin futile ou le besoin ostentatoire ? 

On pourrait se demander, est-ce que nos besoins quotidiens ne sont pas du luxe et faut-il revoir la manière de percevoir ces besoins ?

•    Et l'autre élément, c'est la limitation. 
Comment procéder dans la vie en société à cette forme de limitation ? Ce n'est pas un retour à l'âge de la caverne, mais surtout un débat sur comment mesurer et comment effectivement bien délimiter ces besoins au regard des biens que nous consommons.
Ce qu’il est intéressant de noter, c'est que dès qu'on parle de développement durable, on revient sur deux notions importantes :

•    La notion de développement. 

 Là, on voit bien la difficulté : on ne parle pas de croissance économique, on parle de développement, on parle de mutation, on parle de changement. 

Comment ce changement peut-être structurel ? Autrement dit modifier la société ? Et donc on attend du développement une modification de la vie en société.

•    Et puis l'autre élément, c'est la durabilité.

Quel type de durabilité on souhaite mettre en place ? Est-ce qu'elle est forte ? 

Autrement dit, est-ce que le capital naturel, est-ce que l'environnement doit être défendu bec et ongle ou est-ce qu'on peut admettre, on va dire, un principe clé de distorsion qui pourrait admettre que la faiblesse de la durabilité ou tout du moins la ressource naturelle pourrait être remplacée par une autre ressource et on pourrait admettre effectivement que cette autre ressource participerait à l'évolution de la société.

Donc développement et durabilité. Deux concepts, deux éléments qui jouent un rôle important mais surtout c'est le positionnement du développement durable qui devient intéressant.

Comment doit-on concevoir ce concept et faut-il en faire un modèle ? Vous imaginez bien que dès que l'on parle de modèle, il y a plusieurs visions du modèle : 

•    Est-ce que c’est une vision simplifiée que l'on va modéliser ? 

On voit bien qu'ici ce n'est pas le débat puisqu'on veut complexifier. 

Donc on va chercher à prendre en compte tous les éléments d'un écosystème pour essayer de comprendre son évolution, ses modifications.

En même temps, dès qu'on admet qu'on est sur un modèle, on peut tenter d'idéaliser. 

Est-ce qu'on doit aller vers une forme d'idéal ?
 
On voit bien que la recherche du modèle de référence est entre les deux : complexifier suffisamment nos relations, rendre le réel une image perceptible, compréhensible de tous, et puis en même temps se donner une forme d'utopie, d'idéal puisqu'on a besoin d'utopie dans la construction des modèles.

La difficulté, c'est qu'en fait on pourrait concevoir le développement durable comme un modèle alternatif et mettre dans ce modèle tout ce qui ne rentre pas dans le modèle de référence.

 Autrement dit, si on dit aujourd'hui que le modèle est économique, qu'il est libéral, qu'il est même bâti sur le marché, tout ce qui ne serait pas marché, tout ce qui ne serait pas libéral serait mis dans l'alternatif.

On imagine un petit peu ce qui pourrait se passer : on aurait un modèle dit de développement durable qui serait le réceptacle de tout ce qui ne serait pas homogénéisé par le marché, par les prix, par la concurrence tout bonnement.

•    L’autre vision serait de dire : mais si on tend vers l'idéal, est-ce que le développement durable est une phase de transition ou est-ce qu’il est l’idéal par essence ? 

Autrement dit, est-ce qu'on s'arrête au développement durable ou est-ce qu’il y a une autre étape et quelle serait cette autre étape ? 

Est-ce que ça serait une croissance verte : on va verdir l'économie par exemple, ou est-ce que ce serait un nouveau modèle qui mettrait la collaboration, la coopération au centre de nos relations ?

Alors bien sûr, quand on parle de modèle, on pourrait imaginer un nouveau modèle économique et imaginer que ce modèle renvoie peut-être à une autre forme de vie en société. Une autre manière de penser aujourd'hui notre relation à la production, la consommation.

On pourrait réfléchir sur l'éco conception, comment faire des produits qui pourraient être recyclés à 100 % ? Comment faire en sorte que ces produits ne soient pas rares mais plutôt abondants dans la société ? 

Peut-on imaginer les nouveaux secteurs de demain ? Quels seront ces secteurs ? Est-ce que le bâtiment va jouer un rôle important ? Est-ce que l'éco efficacité pourra devenir un paramètre important de ces bâtiments ? 

Également réfléchir sur notre rapport à la consommation, notre rapport aux biens, doit-t-on matérialiser ? 

 Je vous rappelle que très souvent on a besoin d'être propriétaire du bien que l'on consomme. 

Peut-on imaginer une consommation uniquement faite de services ? 

Aller au théâtre, au cinéma, peut être et peut remplacer carrément un besoin matérialisable.

En fait, peut-être la dernière chose qu'il faudrait évoquer dans les modèles économiques, c'est : est-ce qu'on est capable de découpler aujourd'hui la relation entre croissance économique et aspect négatif ?

Quand je parle de découplage, ce serait réfléchir sur les conséquences évidentes que pourrait générer une croissance économique trop forte sur l'environnement ou sur la société. 

On pourrait prendre l'exemple de la Chine aujourd'hui qui connaît des taux de croissance de 8 à 15 % et imaginer les conséquences que ça peut générer notamment sur les dysfonctionnements, sur les inégalités sociales ou environnementales.

Mais, au-delà du modèle économique, on peut carrément imaginer un modèle de société. Est-ce qu'on n'est pas en train aujourd'hui d'aller vers un modèle qui remet en cause le rapport à la société ?

Alors, il y a plusieurs modèles alternatifs qui pourraient rendre compte du développement durable.
 
•    L'économie sociale et solidaire est un modèle qui effectivement remet en cause la concurrence, remet au cœur du problème la collaboration, la coopération, le respect d'autrui et on peut estimer qu'il y a aujourd’hui un grand nombre d'acteurs qui dans le tissu social revendiquent un tel modèle. 

•    On pourrait évoquer également la croissance verte. Est-ce qu’il suffit de verdir l'économie pour faire du développement durable ?

On pourrait imaginer ici que tous les grands groupes agrochimiques pourraient parrainer effectivement une course à la voile ou imaginer un produit qui intégrerait des conditions moins néfastes sur l'environnement pour faire partie de cette croissance verte.

Donc quel modèle souhaitons-nous et peut-on imaginer des solutions techniques voire innovantes ? 

•    L'écologie industrielle réfléchit sur le métabolisme des écosystèmes et est-ce qu'on pourrait entrevoir une correspondance entre l'écosystème industriel (autrement dit l'entreprise) et l'écosystème naturel, l'environnement ? 

Quelle pourrait être cette symbiose, ce métabolisme ? 

Quels sont les flux de matières, d'énergie qui rentrent dans l'entreprise, qui rentrent dans l'environnement ?

Mais tous ces modèles que j'évoque ici ne sont pas forcément en rupture avec la société d'aujourd'hui. Certains modèles vont beaucoup plus loin. 

•    L'écologie politique se met en rupture par rapport au modèle de croissance et revendique un espace pour l'environnement, un espace pour l'écologie et surtout une sphère économique qui dépendrait de l'écologie, une symbiose autrement dit où l'écologie reprendrait les rênes du modèle économique.

•    Et puis, plus loin de chez nous, buen vivir, ce courant de pensée qui vient d'Amérique latine, a un intérêt puisqu'il remet en cause l'idée même de développement. 

Ce courant de pensée part du principe que les traditions locales, le savoir-faire local, les connaissances locales sont importantes, qu’elles font partie de la culture, qu'elles évoquent une diversité, une richesse qui doit permettre de mettre en avant des projets de société.

Et on pourrait admettre que nos modèles, aussi différents soient-ils, proposent différents aspects, différentes directions dans le futur pour le développement durable.