En ligne depuis le 19/06/2020
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Description
L'objectif de ce parcours est de découvrir les grandes problématiques actuelles en matière d'environnement. Ces problématiques renvoient d'une part aux limites planétaires et à la capacité des écosystèmes à supporter les pressions qui ont pour principale origine les activités humaines. Le changement climatique et l'érosion de la biodiversité sont au cœur de ces questions. Elles renvoient d'autre part à la finitude des ressources naturelles, comme par exemple les ressources minérales et énergétiques. La question posée est alors celle de l'épuisement de ces ressources, qui requiert à la fois de les gérer au mieux et de les substituer par d'autres ressources, plus renouvelables.
Ce parcours entend apporter des connaissances de base, pour tous les étudiants et ce quel que soit le parcours de formation qu'ils suivent. Il propose en complément des ouvertures disciplinaires pour montrer que ces questions engagent tous les domaines de connaissance et tous les secteurs d'activité de nos sociétés.
État
- Labellisé
Langues
- Français
Licence Creative Commons
- Partage des conditions à l'identique
- Pas d'utilisation commerciale
- Pas de modification
- Paternité
Nature pédagogique
- Cours
Niveau
- Bac+3
- Bac+5
Objectifs de Développement Durable
- 13. Lutte contre le changement climatique
- 15. Vie terrestre
- 7. Energie propre et d'un coût abordable
Thèmes
- Ecosystèmes et biodiversité
- Enjeux Climat/Énergie
Types
- Parcours thématique
Mots-clés

La biodiversité : définition, état, scénarios

Regards croisés sur l’enjeu biodiversité

Le climat : définition, état, scénarios

Regards croisés sur l’enjeu climatique

Les ressources naturelles (biologiques, minérales et…

Regards croisés sur la transition énergétique
Catherine LARRERE, Professeur – Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Protéger la nature, en mettant des espaces naturels à l'abri des interventions humaines, à l'abri du développement industriel, c'est un souci qui apparaît en Europe du Nord et en Amérique du Nord dans la deuxième moitié du XIXe siècle et qui depuis s’est généralisé au monde entier.
Il y a un vaste réseau de parcs naturels, tout à travers le monde, qui sont pris en charge par les autorités locales mais aussi par tout un réseau d'associations gouvernementales et non-gouvernementales dont la plus connue est l’UICN, l'Union Internationale de Conservation de la Nature.
Mais s’il y a comme ça une unité mondiale sur la protection de la nature, il y a cependant au moins deux conceptions très différentes de la protection de la nature et comme ces deux conceptions sont apparues aux États-Unis dans la deuxième moitié du XIXe siècle, il est bon d'y revenir pour comprendre en quoi elles consistent et ce qu'elles impliquent.
On va prendre deux personnages qui sont emblématiques de ces deux conceptions :
• Le premier, John MUIR, est un Écossais, arrivé aux États-Unis dans la deuxième moitié du XIXe siècle alors qu'il est enfant, élevé dans une atmosphère très religieuse et qui, en devenant adulte, va se prendre de passion pour la nature sauvage américaine dont il va faire découvrir les aspects - pas forcément les plus attirants -, au public américain.
En particulier, il va être le chantre des Everglades, ces marais de Floride qu'il parcourt en risquant sa vie, être dévoré par un crocodile ou être piqué par un serpent et il devient ainsi le défenseur de ce qu'il appelle la wilderness, enfin ce qu'il appelle… ce que les Américains et les anglophones appellent à la wilderness, une nature sauvage non touchée qu’il veut protéger.
Il a donc pour la nature une admiration religieuse, métaphysique, philosophique, il l’aime en elle-même.
• L’autre personnage, qui est un peu plus jeune que lui, il y a une génération de différence mais ils vont se rencontrer, c'est Gifford PINCHOT.
Lui, c'est un homme riche, d'une famille riche, qui s'est enrichie dans la vente de bois, ce sont des marchands de bois et ces marchands de bois qui ont un hôtel particulier à New York ont envoyé le petit-fils de la famille, Gifford, faire ses études en Europe, en France et en Allemagne où il fait des études de foresterie.
À son retour aux États-Unis, on lui fait rencontrer John MUIR qui est connu et les deux hommes s'apprécient, ils aiment tous les deux la forêt. Ils font des grandes marches en forêt, ils admirent la forêt et tous les deux s'opposent - à ce que faisaient par exemple les grands-parents de Gifford PINCHOT -, à ce qu'on fasse des coupes à blanc, que l'on détruise la forêt pour construire l'Amérique qui est en train de se faire.
Et s’ils sont donc unis par un amour commun de la nature sauvage dont le modèle exemplaire est la forêt, ils ont quand même deux conceptions très différentes de la raison pour laquelle on peut protéger la forêt et la nature sauvage, la wilderness.
• Pour John MUIR, ce sont des raisons métaphysiques, religieuses.
Il a une comparaison éclairante à un moment où il lutte contre un barrage qu'on cherche à implanter au-dessus de San Francisco et donc qui aurait recouvert d'eau des zones protégées, il dit : faire ça, ce serait comme transformer une cathédrale en silo à blé.
Donc, il veut qu'on protège la nature pour la nature, sans que l’homme y soit présent.
• PINCHOT lui, il a une conception utilitariste dans tous les sens du terme, y compris morale, une conception d'efficacité.
Il ne veut pas qu'on détruise la forêt mais pourquoi ne veut-il pas qu'on la détruise ? C'est parce qu'il veut qu'il y ait encore de la forêt pour les générations à venir et c'est pour ça qu'on l'a envoyé faire ses études en Europe, parce que les Européens, ça fait au moins depuis, en France depuis le XVIIe siècle, qu’ils sont confrontés à la disparition des forêts et qu'ils ont pris des mesures pour faire en sorte qu'une plantation à visée d'arbres (c'est ça la forêt historique), permette de conserver l'usage de la forêt.
Donc, PINCHOT, lui, il se réclame non pas de la valeur métaphysique de la nature mais de son wise use, de son usage raisonnable, avisé.
Donc autour de là va se faire, l'opposition entre deux conceptions, les deux conceptions différentes de la protection :
• Celle de John MUIR qui est celle de la preservation, préservation.
Il s'agit de maintenir une nature sauvage, à l'écart des actions humaines, en faisant que l'homme y aille le moins possible, tout au plus en la visitant de temps en temps mais laisser la nature à elle-même.
• Pour PINCHOT au contraire, l'idée c'est d’assurer du bois pour les générations futures et donc d'avoir des arbres qui aient le temps de pousser et PINCHOT, reprenant la formule de la morale utilitariste qui est « le plus grand bonheur du plus grand nombre », y ajoute pour la plus longue durée possible et PINCHOT est quelqu'un qui va fortement insister en disant : ce qui est important dans le mot de conservation, de conservation, c'est qu'il signifie le développement.
De ce point de vue-là, on peut dire que PINCHOT est un des premiers à formuler l'exigence de développement durable comme mise à la disposition des ressources naturelles pour les générations futures.
Alors, est-ce que ça veut dire qu'il faut opposer protection de la nature (preservation) et développement durable (conservation) et que donc se rallier au développement durable c’est renoncer à la protection de la nature ?
Ça dépend essentiellement de l'idée scientifique, du modèle scientifique que l'on a de la protection de la nature.
Tant qu’on s'en tient et c'était l'idée dominante à l'époque de MUIR et ça reste - alors même que l'écologie se développe -, ça reste l’idée dominante jusqu'à disons au dernier tiers du XXe, tant qu'on en reste – et c’est encore une idée très forte -, à l’idée des équilibres de la nature, on pense que la nature n'atteint vraiment son plein équilibre que quand l'homme en est absent.
C'est justement cette idée des équilibres de la nature qui a été remise en cause dans le dernier tiers du XXe siècle par le développement de ce que l'on a appelé l'écologie des perturbations et surtout d'une écologie historique qui a pris en compte le long terme et prendre en compte le long terme c’est montrer des transformations et c'est montrer que dans ces transformations, les hommes peuvent jouer leur rôle sans être nécessairement destructeurs.
Alors, la grande référence, c'est la forêt amazonienne qui peut apparaître comme la wilderness par excellence, or elle ne l'est pas.
On a des écologues qui ont mis en évidence la contribution, on peut dire que c'est une co-évolution, entre les populations autochtones de l'Amazone et ce qu’est l’Amazone maintenant.
Donc il n'y a pas de raison de chasser les populations pour maintenir, préserver, protéger plutôt la nature, on peut faire les deux à la fois et d'autant plus qu’un autre concept est venu s'ajouter qui est celui de biodiversité ou de diversité biologique et qui montre qu'il n'y a pas nécessairement opposition entre intervention humaine et diversité biologique, que certaines activités humaines peuvent non pas détruire la biodiversité (ce que peuvent beaucoup d'activités) mais peuvent la renforcer.
On donne souvent l'image du bocage, comme le bocage normand, co-construction connue, et où la biodiversité est à son maximum.
Donc on a quelque chose qui n'est ni vraiment naturel ni vraiment artificiel, qui est une co-action entre l'homme et son environnement et où il y a une diversité biologique plus importante que s'il n'y avait aucune intervention humaine dans la nature.
L'important de cette conception, c'est que non seulement on n'oppose pas protection de la nature et développement mais qu’en plus, on peut intégrer d'autres conceptions de la nature que la conception occidentale, qu'on n'est pas obligés d'en rester à la vision très occidentale d'une nature séparée de l'humanité et en ce sens, on peut protéger la nature sans s'opposer à des formes de développement respectueuses de la nature.
Contributeurs
BOEUF Gilles
Sorbonne Université
David Bruno
ancien Président , MNHN - Muséum national d'Histoire naturelle
Shin Yunne
IRD - Institut de Recherche pour le Développement
Ronce Ophélie
CNRS - Centre National de la Recherche Scientifique
Krief Sabrina
MNHN - Muséum national d'Histoire naturelle
Laurans Yann
IDDRI (Institut du développement durable et des relations internationales)
Sueur Cédric
Université de Strasbourg (UNISTRA)
Tavernier-Dumax Nathalie
Université de Haute-Alsace (UHA)
Larrere Catherine
Marniesse Sarah
AFD - Agence française de développement
Henin Jeanne
AFD - Agence française de développement
Roturier Samuel
Swynghedauw Bernard
Chartier Denis
Demeulenaere Elise
CNRS - Centre National de la Recherche Scientifique
HAINZELIN Etienne
CIRAD - Centre de coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement
Gignoux Jacques
CNRS - Centre National de la Recherche Scientifique
Peylin Philippe
LE TREUT Hervé
Jouzel Jean
Climatologue
Bousquet François
CIRAD - Centre de coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement
Planton Serge
climatologue et membre de l'association Météo et Climat
Bopp Laurent
directeur de recherche , CNRS - Centre National de la Recherche Scientifique
Watkinson Paul
Ribera Teresa
Lammel Annamaria
Université Paris 8
Guegan Jean-François
Leadley Paul
Roué Marie
CNRS - Centre National de la Recherche Scientifique
BRACONNOT Pascale
Hourcade Jean-Charles
CNRS - Centre National de la Recherche Scientifique
TULET Pierre
Fleury Cynthia
Bourg Dominique
philosophe et professeur , Université de Lausanne
Bourges Bernard
IMT Atlantique
BLANC Philippe
FILIPOT Jean-François
SCHMITTBUHL Jean
VAITILINGOM Gilles
Cemagref
CURY Philippe
OLIVES Régis
GRIJOL Karine
Véron Jacques
Ined - Institut National d'Études Démographiques
PRADILLON Jean-Yves
Lévêque François
Mines Paris-PSL
Brodhag Christian
Mines Paris-PSL