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Description

Dans cette vidéo (8'07), François Mancebo, directeur de l'IRCS à l'Université de Reims Champagne-Ardenne, discute des fondements d'une ville durable, qui ne se réduit pas à une accumulation d'améliorations techniques et paysagères, mais qui est reliée à l'extérieur, qui englobe des notions comme l'habitabilité et l'appropriation par les habitants, et qui tend vers la multifonctionnalité des espaces.

Objectifs d'apprentissage :
- Appréhender la notion de ville soutenable ou de ville durable
- Comprendre les notions d’appropriation, d’habitabilité et de multifonctionnalité liées au développement de villes plus durables.
 

Contexte

Vidéo de la semaine de cours "Les objets du développement durable" du MOOC Environnement et Développement durable.

État
  • Labellisé
Langues
  • Français
Licence Creative Commons
  • Pas d'utilisation commerciale
  • Pas de modification
  • Paternité
Mentions Licence
  • Géographie et aménagement
Nature pédagogique
  • Cours
Niveau
  • Bac+2
  • Bac+3
Objectifs de Développement Durable
  • 11. Villes et communautés durables
Thèmes
  • Les solutions
Types
  • Grain audiovisuel
Mots-clés
développement durablemultifonctionnalitétransitionvillehabitabilité
Agroécologie : translation ou métamorphose ?
Agroécologie : translation ou métamorphose ?
Le tourisme durable
Le tourisme durable
Villes soutenables
Villes soutenables
L'écologie industrielle : un paradoxe ?
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L'eau au coeur de la stratégie du développement durable
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La transition énergétique : pourquoi et comment ?
La transition énergétique : pourquoi et comment ?
La transition énergétique et la géothermie
La transition énergétique et la géothermie
Population, environnement et développement
Population, environnement et développement
Contributeurs

Mancebo François

URCA - Université de Reims Champagne-Ardenne

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François MANCEBO, Directeur de l’IRCS – Université de Reims Champagne-Ardenne 

Près de 70 % de la population mondiale vit aujourd'hui dans des espaces urbains. Mais si elles concentrent les richesses, les villes concentrent aussi pauvreté extrême et dégradation de l'environnement.

La question des transitions urbaines à la durabilité est donc un défi majeur pour le XXIe siècle.

Le problème est que sa réalisation concrète est tout sauf évidente. Trop souvent, cette durabilité est pensée uniquement à travers des solutions techniques exemplaires, parce qu'elles sont plus faciles à mettre en œuvre et parce qu'elles sont politiquement infiniment plus visibles. 

Telles que des smart grids, des bâtiments éco efficients, des dispositifs de circulation douce, végétalisation etc.

Cette approche, lorsqu'elle s'exonère de penser la ville dans son ensemble et de penser son habitabilité réelle, est presque toujours vouée l'échec comme le montre cette sympathique diapositive.

En effet, la durabilité, ce n'est pas seulement de la science, ce sont aussi des idées, des valeurs et des normes. 

L'environnement, loin d'une transcendance qui s'imposerait d'elle-même, est construit par les sociétés. 

Un environnement pollué peut parfaitement constituer un endroit où il fait bon vivre, il suffit de regarder les sommes astronomiques que les gens sont prêts à payer pour vivre au cœur des grandes métropoles mondiales.

À l’inverse, un environnement à l’air pur et à l'eau fraîche peut être complètement invivable.

Certains lotissements de banlieue et certaines cités ou grands ensembles dégradés le montrent pertinemment.

Il en résulte que l'efficacité d'une politique d'aménagement durable réside en grande partie dans son appropriation par les habitants.

Il importe donc préalablement à toute action de définir ce qui constitue le bon environnement pour les sociétés concernées.

Celui dans lequel l'amélioration des conditions environnementales au sens strict (qualité de l'eau, de l'air, biodiversité, gestion économe des ressources, des sols, des énergies) dans lequel cette amélioration des conditions environnementales conduit également à une amélioration réelle des conditions de vie.

De quels habitants parle-t-on en fait quand on parle de ça ? Pour le dire autrement, cet urbain, il commence où et il s'arrête où ? Deux points :

•    Le premier est que si depuis un demi-siècle tous les efforts déployés pour limiter la dynamique urbaine continuent à être marqués par la fragmentation et par l'étalement, et ce quel que soit la configuration institutionnelle, la configuration politique, la dynamique économique de l'endroit, les dynamiques démographiques, c'est qu'il doit bien y avoir une raison.

•    La deuxième, c'est que si dans l'imaginaire collectif le modèle de la ville historique avec son centre dense et ses faubourgs fait référence lorsqu'il s'agit de promouvoir une urbanisation durable, ces centres ne peuvent exister qu'en important d'ailleurs les ressources dont ils ont besoin, tout en exportant ailleurs leurs déchets, leurs activités polluantes et même si j'ose m’exprimer ainsi, une grosse partie de leur population, celle qui n'a plus les moyens de vivre en centre-ville.

 Les villes sont donc, pour reprendre les termes de David PEARCE, en situation de durabilité importée. 

Il est donc essentiel d'envisager la durabilité sur des territoires suffisamment vastes pour être inclusifs de cette durabilité importée.

C’est pourquoi, pour chaque ville, il convient de penser la transition urbaine et la durabilité sur un ensemble incluant les centres urbains, les aires urbanisées adjacentes mais aussi les zones périurbaines et les espaces naturels ou ruraux avoisinants.

Et me direz-vous, comment penser la durabilité d’un tel ensemble qui fait quand même un peu bric-à-brac ?

Prenons le cas des espaces naturels forestiers et agricoles qui sont ceux qui paraissent les plus exotiques dans cet ensemble.

Et bien, ne peuvent-ils former une sorte d’ossature verte dépassant le clivage urbain - rural qui n'a plus beaucoup de sens aujourd'hui ?

Les forêts peuvent constituer un lien entre les espaces urbains fragmentés, comme au Danemark où ils sont un liant entre espaces construits, un liant qui possède par ailleurs une valeur environnementale et récréative réelle sous forme de puits carbone, de réduction de la pollution atmosphérique ou des nitrates dans les eaux souterraines, sous forme d'augmentation de la biodiversité, sans compter les aspects espaces de loisirs.

Comme je le précisais précédemment, un aspect fondamental de la durabilité est la relation des résidents à leur environnement au sens large.

Une urbanisation durable suppose donc d'inventer des formes spécifiques de sociabilité et d’organisation spatiale. Tout l'enjeu est celui de la constitution d'un tissu multifonctionnel, associant dans des mêmes lieux, habitats, commerces et services, agriculture, industries et activités récréatives. 

Combiner les intérêts des différents acteurs et des résidents, par exemple en favorisant l'implantation de micro-entreprises et de logements dans les friches industrielles, par exemple en soutenant l'agriculture de proximité à travers des modes de production à forte valeur ajoutée et de filières bio, qui par ailleurs ont un impact pratiquement toujours positif sur le paysage.

En fait, l'idée est de desserrer le carcan réglementaire pour sortir d'un zonage mono fonctionnel mortifère qui est en vigueur depuis plus de 50 ans.

Considérer par exemple les disponibilités foncières et les friches agricoles, industrielles ou autres comme autant de terrains ouverts à des réaffectations, à des usages nouveaux, quitte à laisser s'instaurer des usages temporaires pour mieux les pérenniser.

D'ailleurs, déjà aujourd'hui, dans les espaces mono zone que sont les centres commerciaux avec leurs parkings ou les lotissements de banlieue où vous avez à l'écran en ce moment un exemple particulièrement accueillant n'est-ce pas ? Les campagnes de monoculture intensive également, et bien, dans tous ces espaces, les habitants subvertissent par des usages temporaires les dispositifs qui étaient imposés.

On peut citer les aires de covoiturage sauvage dans des parkings, des parkings utilisés en lieu de rencontre ou de rassemblement, les vendeurs ambulants, les festivals alternatifs techno dans les champs, les casses automobiles illégales tenues par des agriculteurs, les ateliers d'artisanat ou les bureaux improvisés dans les garages (on en a eu des célèbres).

Tous ces exemples témoignent d'une belle capacité de résistance aux règles artificielles imposées.

Il serait quand même temps de tenir compte de ces dynamiques autos organisatrices, certes bancales, c'est vrai, mais qui fonctionnent.