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Description

Dans cette vidéo (7'49), François Léger, enseignant chercheur à AgroParisTech, discute de l'agroécologie, de son origine et de l'importance qu'elle prend aujourd'hui. Il en montre les principes dans une perspective pluridisciplinaire et distingue sur cette base une agroécologie que l'on pourrait qualifier de forte d'une agroécologie qualifiée de faible.

Objectifs d'apprentissage :
- Comprendre l’émergence et les principes de l’agroécologie
- Identifier plusieurs visions de l’agroécologie, entre durabilité faible et durabilité forte.

Contexte

Vidéo de la semaine de cours "Les objets du développement durable" du MOOC Environnement et Développement durable.

État
  • Labellisé
Langues
  • Français
Licence Creative Commons
  • Pas d'utilisation commerciale
  • Pas de modification
  • Paternité
Nature pédagogique
  • Cours
Niveau
  • Bac+2
  • Bac+3
Objectifs de Développement Durable
  • 15. Vie terrestre
  • 2. Faim "Zéro"
Thèmes
  • Finitude des ressources
Types
  • Grain audiovisuel
Mots-clés
histoireagroécologieprincipesdurabilité faibledurabilité forte
Le tourisme durable
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Villes soutenables
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Population, environnement et développement
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Contributeurs

Léger François

AgroParisTech

Institutions secondaires

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François LEGER, Enseignant-Chercheur – AgroParisTech 

L’agroécologie apparaît en 1928 chez un universitaire américain travaillant sur la sélection du maïs qui s’appelle BENSIN. 

Il va défendre l'idée qu'il faut sélectionner les plantes non pas sur leur potentiel maximal de production comme le veulent les modèles de l'époque, mais sur leur adaptation aux conditions locales.

Adaptation aux conditions locales qui va permettre de disposer de variétés cultivées plus adaptées et plus faciles à cultiver par les paysans dans les conditions locales, moins coûteuses en produits, en engrais etc.

Et donc, l’adaptation va être l'objet premier de l’agroécologie parce que parler d'adaptation c'est nécessairement dans une approche écologique.

Le terme agroécologie va disparaître de l'horizon scientifique pendant pas loin de 50 ans pour réapparaître dans les années 70 en Amérique latine.

Et là, la question qui est posée c'est celle de l'inadéquation d'un modèle de développement prôné par les Nations Unies, par les grandes agences internationales etc. qui est le modèle de la révolution verte.

La révolution verte, c'est la mécanisation, plus les variétés améliorées, plus les engrais, plus les pesticides.

Et ces chercheurs universitaires mexicains vont se rendre compte qu'en fait ce modèle-là n'est absolument pas approprié à des sociétés paysannes qui n'ont pas les moyens financiers d’accéder à ces ressources que sont les engrais, que sont la mécanisation.

Et donc, ils vont proposer, pour finalement contrer cette mécanique de la révolution verte, un autre schéma de pensée du développement agricole dans les sociétés paysannes qui est le schéma de l’agroécologie.

Il s'agit de promouvoir l'autonomie des communautés paysannes, autonomie économique, autonomie par rapport aux nécessités d'aller chercher à l'extérieur des ressources et une autonomie qui va être fondée sur une vision écologique de leur intégration au vivant qui les entoure aux écosystèmes.

Donc, l’agroécologie, c'est d'abord une approche d'écosystème dont l'objet va être justement cet agroécosystème, cet écosystème transformé par l'homme pour subvenir à ses besoins.

Pour arriver à un niveau de production satisfaisant, qu'est-ce qu'on va devoir faire dans cette perspective écologique ? On va devoir d'une part protéger les ressources : le sol, l'air, l'eau, la terre, la biodiversité, la biodiversité domestique, ce qu'on appelle l’agrobiodiversité.

Il va falloir pour cela arriver à boucler les cycles de matière, les cycles d'énergie le plus possible de façon à avoir le moins besoin possible de faire venir des ressources de l’extérieur. 

Il va falloir enfin favoriser l'ensemble des interactions entre les composantes vivantes de l'écosystème qui rendent celui-ci stable sur le long terme et résilient.

Et donc, promouvoir ce que l'on appelle le système immunitaire de l'écosystème, c'est-à-dire l'ensemble des interactions entre ces composantes qui concourent à sa stabilité.

Donc ces principes écologiques sont assez différents des principes prônés par l'agronomie classique, l'agronomie universitaire dominante.

Ils sont éloignés pour deux raisons :

-    La première, c'est qu'effectivement, l'agronomie dit : il faut produire le maximum à tout prix et en allant chercher à l'extérieur ce dont on a besoin ; l’agroécologie dit : il faut être le plus autonome possible.

-    L'agronomie dit : il ne faut s'intéresser qu'à la production ; l’agroécologie nous dit : il faut s'intéresser aux sociétés paysannes et à l'ensemble des valeurs qu’elles portent et qu'elles entendent défendre.

Donc, on a une opposition nette entre un monde de la production industrielle, on pourrait dire, en agriculture, et un monde tourné vers les sociétés paysannes.

Cette opposition va rester extrêmement vive jusqu'au début du XXe siècle et clairement, l’agroécologie va devenir le cadre de pensée technique des mouvements paysans défendant les petites agricultures dans les pays du tiers-monde en Amérique latine mais également en Inde ou en Asie du Sud-Est.

Et donc, défense des paysans contre l'agriculture industrielle.

Et puis, à partir de 2000, on va voir un phénomène relativement étonnant d'explosion des travaux scientifiques se revendiquant de l’agroécologie et donc de travaux qui sont portés par des agronomes qui jusqu'ici étaient dans le modèle standard.

Pourquoi cette revendication de l’agroécologie par cette agronomie standard ?

•    La première raison est évidente, c'est la prise de conscience définitive de l'impact extrêmement négatif de certaines formes d'agriculture intensive sur l'environnement. 
On connaît les algues vertes, la pollution des eaux par les nitrates etc.

•    La deuxième raison, c'est la montée en puissance dans les sociétés d'inquiétudes relatives aux effets sanitaires de cette agriculture intensive.
Est-ce que ces produits agricoles sont bons pour la santé ?

•    La troisième, et ça n'est pas la moindre, c'est qu'on a effectivement atteint un stade de développement de l'écologie qui va permettre de penser cette question de la mobilisation des services écosystémiques au service de la production agricole, ce que l'on était difficilement mesure de faire sur la base des connaissances scientifiques existantes 20 ou 30 ans avant.

Donc, c'est la conjonction du projet très scientifique et d'une certaine forme de pression sociale qui explique cette conversion de l'agronomie standard à l’agroécologie aujourd'hui.
Pour autant, peut-on dire qu'il y aurait eu une réunification des pensées ? Clairement pas.

Le modèle de l’agroécologie porté dans les grandes institutions de recherche, voire dans les projets politiques ou les projets de certaines entreprises agricoles correspond plus à une résolution technologiste habituelle, je dirais, à laquelle nous avons procédé depuis très longtemps, des problèmes de la production agricole.

Donc, il s'agit de substituer à des intrants, en particulier des intrants chimiques, des services écosystémiques s’appuyant sur une meilleure intelligence du fonctionnement des écosystèmes.

À l'inverse, on pourrait parler d’agroécologie forte concernant cette agroécologie en lien très fort des sciences et du mouvement social se revendiquant comme une approche interdisciplinaire, non seulement de la question agricole mais aujourd'hui de plus en plus de la question alimentaire dans sa globalité et interrogeant donc non seulement la production agricole, mais également nos modes de consommation.