En ligne depuis le 20/05/2015
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Description
Dans cette vidéo, Fabienne Raffin discute des apports de la géographie dans la lecture du développement durable. Elle examine cette question à l'échelle des territoires et à l'échelle planétaire, en soulignant l'importance des autorités publiques, de l'éducation, et aussi de la mémoire.
Objectif d'apprentissage :
- Comprendre les apports de la géographie pour le développement durable.
État
- Labellisé
Langues
- Français
Mentions Licence
- Géographie et aménagement
Niveau
- Bac+2
- Bac+3
Objectifs de Développement Durable
- 4. Education de qualité
Types
- Grain audiovisuel
Contributeurs
Raffin Fabienne
Fabienne RAFFIN, Observatoire des représentations du développement durable
Quelle connaissance, quelles compétences la géographie peut-elle apporter à l’étude du développement durable ?
Le développement durable est une idée nouvelle mais qui s’appuie sur un paradigme géographique ancien qui est le rapport homme - société.
Du coup, on peut se demander de quels outils dispose le géographe pour appréhender le développement durable.
On a l'habitude de représenter le développement durable par ces trois sphères : social, économie et écologie et on admet aujourd'hui la définition du rapport Brundtland de 1987 qui est :
Le développement durable est « le développement qui répond aux besoins des générations actuelles sans compromettre ceux des générations futures ».
Or, le géographe place son étude dans l'espace et du coup il aborde ces trois sphères.
Mais la société va être regardée comme l'ensemble des acteurs d'un territoire, l’économie est l’ensemble des activités développées par les acteurs de ce territoire et l'écologie est les ressources disponibles d'un territoire et les risques inhérents à ce territoire.
Le temps est le paramètre incontournable.
On va d'abord voir, du coup, quel est le territoire pertinent de l'action, comme le dit François MANCEBO. Ensuite, nous verrons quels sont les acteurs qui sont présents sur le territoire et ensuite, nous montrerons que les territoires sont porteurs de mémoire.
L’analyse géographique met en évidence le jeu des acteurs dans la gestion actuelle des territoires et elle présente les choix possibles pour le futur.
On acceptera comme définition de territoire celle de Guy DI MEO qui dit que le territoire est une appropriation à la fois politique, économique, idéologique d'un espace par des groupes qui se donnent une représentation particulière d'eux-mêmes.
Le territoire est également un espace multiscalaire. Il faut donc analyser le territoire à différentes échelles.
Si on reprend l'exemple des risques, on peut analyser le territoire à l'échelle d'un bassin versant pour une inondation, on peut l'analyser à l'échelle d'une ville pour les risques technologiques ou bien on peut également avoir une échelle transfrontalière si on étudie les risques de pollution chimique (par exemple, le risque de pollution du Danube qui va traverser plusieurs pays).
Du coup le territoire est un lieu d’interdépendances renforcées. Il est nécessaire d'en avoir une approche systémique puisque les actions sur une zone donnée vont forcément avoir des répercussions sur les territoires voisins.
A l'échelle planétaire, l'analyse semble avoir certains obstacles, notamment d’inadaptation aux réalités du terrain puisqu'en fait, si on décide de gérer des ressources à l'échelle planétaire, il peut y avoir certains obstacles pour certains pays.
Si on pense à la gestion des forêts éco-certifiées, ça peut pénaliser certains pays du Sud et du coup les priver d'une source de revenus importante.
On peut se demander alors, s'il est nécessaire que les politiques de développement durable s'appliquent à l’échelle planétaire ou si l'implication de l'individu à l'échelle locale n'est pas la plus pertinente.
Sur ce territoire, il y a de multiples acteurs, des organismes internationaux tels que les Nations Unies en passant par les pays du Nord, les pays du Sud – quand ils sont consultés -, les organismes non gouvernementaux (les O.N.G.), mais aussi les grandes firmes internationales.
Cette multitude fait qu’une gestion du développement durable semble difficile puisqu'il faut des politiques concertées et elles ne sont pas forcément acceptées par tous les acteurs.
Du coup, est-ce qu’il est nécessaire d'avoir une autorité politique qui imposerait sur un territoire une gestion durable ?
Parfois, pourtant, l'autorité politique est nécessaire. Si on pense à la gestion des transports propres à l'échelle d'une ville ou la gestion des déchets à l'échelle d'une communauté des communes, c'est bien l'imposition d'une autorité politique qui va permettre de gérer durablement un territoire.
Mais, le choix individuel d'agir sur son territoire part véritablement du citoyen puisque c'est le citoyen qui se sent concerné par les problèmes qui peuvent exister par rapport au développement durable et si l'initiative vient de lui, si son action est visible sur le terrain et si elle est efficace, les citoyens pourront plus facilement participer à une politique de développement durable.
La géographie peut préparer à ces choix individuels et collectifs, cependant il est nécessaire d'avoir une éducation au développement durable pour justement pouvoir choisir de façon pertinente des politiques de développement durable.
Cela semble possible, cette éducation au développement durable dans un pays démocratique. De plus, il existe de forts clivages entre les pays du Nord et les pays du Sud et le développement durable passe aussi par la réduction des inégalités pour être réellement efficace.
Ces territoires sont porteurs de mémoire, la mise en place de stratégies durables peut être le résultat de résilience, d'acteurs visibles sur les territoires, comme on peut le voir au Japon.
Les anciens japonais avaient installé des stèles après chaque tsunami, certaines stèles datent du XIVe siècle et sont présentes en fait sur les versants boisés du territoire japonais et on s'est rappelé après coup, après le tsunami de 2011, l'existence de ces stèles. Or, dans certains villages, les dernières stèles dataient de 1933 et il était inscrit dessus qu'on ne devait pas construire au-delà de ces repères géographiques et spatiaux pour ne pas être atteint par la vague et les habitants n'ont pas construit en fait à plus de 800 mètres du territoire du littoral justement pour ne pas être atteints par ces vagues qui avaient été inscrites en fait sur les territoires.
La géographie concourt aussi à produire des connaissances scientifiques, techniques qui permettent de mieux cerner certains phénomènes naturels sur des temps longs, comme les inondations ou étiages dus à des sécheresses et à une meilleure évaluation et une prévention des risques naturels.
Comme on peut le voir sur ce schéma, dans le cadre des commissions du Comité national de géographie, des cartes ont été établies en fait sur la reconstitution de l'histoire et de la constitution des plaines alluviales puisque le plancher d'une plaine alluviale est constitué d'une succession de paliers et de formes et on peut s'apercevoir en fait que le niveau le plus bas va correspondre à la crue la plus fréquente mais la moins forte alors que le niveau le plus haut (qui est sur le schéma la crue centennale), va correspondre à une faible fréquence mais à une forte intensité.
Donc du coup, en conclusion peut dire que la géographie étudie depuis longtemps le rapport homme-nature. Elle a toute sa place dans une réflexion sur le développement durable.
L'espace n'est pas qu'un support de l'activité humaine, il est également l'acteur de son organisation.
La géographie utilise des savoirs très diversifiés et elle peut comprendre l'espace avec d'autres sciences.
La géographie peut aborder du coup dans toute sa complexité spatiale et temporelle le développement durable.