En ligne depuis le 08/10/2014
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Description
Nathalie Machon s'appuie sur l'approche des services écosystémiques pour mettre en évidence l'intérêt de préserver et de promouvoir la nature en ville. Service d'approvisionnement, service de régulation, service culturel et enfin service de support avec un large focus sur la pollinisation, en lien avec le programme de sciences participatives Sauvages de ma rue.
Objectifs d'apprentissage :
- Appréhender l'intérêt de préserver et de promouvoir la nature en ville par l'approche des services écosystémiques
- Comprendre les différents services rendus par la biodiversité en ville
- Avoir un exemple de programme de sciences participatives basé sur la pollinisation
État
- Labellisé
Langues
- Français
Licence Creative Commons
- Pas d'utilisation commerciale
- Pas de modification
- Paternité
Mentions Licence
- Sciences de la vie
Nature pédagogique
- Cours
Niveau
- Bac+2
- Bac+3
Objectifs de Développement Durable
- 11. Villes et communautés durables
- 15. Vie terrestre
Types
- Grain audiovisuel
Contributeurs
MACHON Nathalie
Ce document contient la transcription textuelle d’une vidéo du MOOC UVED « Biodiversité ». Ce n’est donc pas un cours écrit au sens propre du terme ; le choix des mots, l'articulation des idées et l’absence de chapitrage sont propres aux interventions orales des auteurs.
Les services rendus par la biodiversité urbaine
Nathalie Machon
Professeur, Muséum national d’Histoire naturelle
Les services écosystémiques sont les services rendus aux humains par les écosystèmes. Même en ville, ces services sont indispensables à la vie des citadins. Les écosystèmes sains sont la base des villes durables parce qu'ils jouent un rôle très important pour le bien-être des citadins et participent à beaucoup de leurs activités économiques.
1. Les différents services
Le premier service est le service d'approvisionnement. La nature en ville peut produire des espèces de légumes ou de fruits pour l'alimentation des citadins. Pour que ce service puisse avoir lieu, il faut un sol sain, de l'air et de l'eau de bonne qualité.
Le deuxième service est le service de régulation. La végétation en ville est capable d'absorber une partie des gaz qui sont polluants dans l'atmosphère. Elle peut également assainir les sols et améliorer la qualité de l'eau qui est filtrée à travers les sols. Un autre service de régulation est l'atténuation de la température qui peut être produite par les espaces végétalisés. En ville, on a ce qu'on appelle le phénomène d'îlot de chaleur. Ce phénomène est dû au fait que les bâtiments restituent la température qu'ils emmagasinent pendant la journée du fait du rayonnement solaire. Les espaces verts atténuent ce phénomène. Quand on se promène dans des rues qui sont bordées d'arbres d'alignement, on peut se promener à l'ombre de ces arbres ce qui occasionne une température beaucoup plus douce. Si on regarde une photo aérienne de Paris prise un soir d'été, on voit à quel point la différence de température est forte entre les espaces de bâtiments et les espaces végétalisés comme les simples pelouses. Cela souligne l’intérêt d'avoir beaucoup d’espaces verts en ville. On sait aussi que durant les phénomènes de canicule, la mortalité a été beaucoup plus sévère dans les quartiers très urbanisés par rapport aux quartiers où il y avait des espaces verts.
Un service extrêmement utile en ville est le service culturel que produit la biodiversité. Il est beaucoup plus agréable de faire du sport, de se reposer, ou de se promener dans des espaces où la biodiversité est importante par rapport à des espaces complètement bétonnés.
Le dernier service écosystémique utile dans les villes et auquel il faut faire attention est le service de support. Il permet en effet la réalisation de tous les autres services. Par exemple, en accueillant des populations d'oiseaux, les espaces verts urbains permettent à ces oiseaux de réguler les populations de petits mammifères, d'insectes. Ils empêchent donc les pullulations. Un autre service de support est la pollinisation qui est indispensable pour le service de production de légumes ou de fruits.
2. Zoom sur le service de pollinisation
Ce service de pollinisation varie selon les différents types de quartiers. Pour étudier cela, nous avons utilisé les données d'un programme de sciences participatives qui s’appelle Sauvages de ma rue. Il demande aux citadins d'envoyer des données sur la flore qui pousse dans leur rue.
Pour bien comprendre les observations, il faut d'abord revenir sur la reproduction des plantes. Certaines plantes sont autogames, c'est-à-dire qu’elles peuvent, toutes seules, se reproduire elles-mêmes. Elles produisent leur pollen, leurs ovules et elles s’auto-fécondent. C'est le cas des pâquerettes par exemple. D'autres plantes sont obligatoirement allogames, c'est-à-dire qu'il faut au moins deux plantes pour que la reproduction puisse avoir lieu. Le pollen d'une plante fertilise les ovules d'une autre plante et les vecteurs de pollen peuvent être le vent ou les insectes. Enfin, il y a des plantes qui ont un régime mixte : elles favorisent en principe l’allo-fécondation (c'est-à-dire la reproduction entre individus différents) mais s’il n'y a pas les vecteurs qui permettent au pollen de passer d'une plante à l'autre alors elles font de l'autofécondation.
Grâce à nos données de sciences participatives, nous avons pu établir que dans le cœur des villes, les plantes sont beaucoup plus autonomes pour leur reproduction qu’un peu plus loin en banlieue. Ça veut dire que la pollinisation se fait beaucoup mieux dans les villes de banlieue que dans le centre de Paris. Cela signifie que si on veut par exemple de la production maraîchère, il vaut mieux installer ses petits jardins en banlieue qu’au centre de Paris.