En ligne depuis le 08/10/2014
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Description
Nathalie Machon nous emmène à la découverte de la biodiversité en ville. Elle propose pour cela un zonage de villes en fonction de l'importance des espaces verts, puis précise les caractéristiques écologiques propres à ce milieu. Elle termine par un aperçu des différents groupes d'espèces qui peuvent y être observés.
Objectifs d'apprentissage :
- Découvrir ce qu'est la biodiversité en ville
- Comprendre le zonage de villes en fonction de l'importance des espaces verts
- Appréhender les caractéristiques écologiques propres à ce milieu
- Avoir un aperçu des différents groupes d'espèces qui peuvent y être observés
État
- Labellisé
Langues
- Français
Licence Creative Commons
- Pas d'utilisation commerciale
- Pas de modification
- Paternité
Mentions Licence
- Sciences de la vie
Nature pédagogique
- Cours
Niveau
- Bac+2
- Bac+3
Objectifs de Développement Durable
- 11. Villes et communautés durables
- 15. Vie terrestre
Types
- Grain audiovisuel
Contributeurs
MACHON Nathalie
Ce document contient la transcription textuelle d’une vidéo du MOOC UVED « Biodiversité ». Ce n’est donc pas un cours écrit au sens propre du terme ; le choix des mots, l'articulation des idées et l’absence de chapitrage sont propres aux interventions orales des auteurs.
La biodiversité en ville
Nathalie Machon
Professeur, Muséum national d’Histoire naturelle
1. La ville
Une ville est un espace bâti avec des immeubles, des routes, des parkings, etc. On estime qu'on peut appeler « ville » un territoire où la distance entre les bâtiments est inférieure à 200 mètres. Une ville n'est jamais complètement homogène. Il y a différents types de quartiers et on identifie quatre zones en fonction de la proportion de surface végétalisée qu'il y a dans ces quartiers : le centre-ville (surface végétalisée inférieure à 15%), le péricentre (entre 15% et 40%), le suburbain (entre 40% et 70%), le périurbain (supérieur à 70%).
2. Caractéristiques écologiques
On sait que pour qu’une population d'êtres vivants fonctionne bien, elle doit être composée d'un grand nombre d'individus relativement diversifiés sur le plan génétique. Surtout, il doit y avoir des connexions entre les populations, des échanges d’individus ou des échanges de gènes. En ville, on n’est pas dans cette situation : on a des populations plus petites. Surtout, les flux de gènes entre populations sont gênés par la présence des bâtiments. Mais il se peut que la structure de la ville ou des rues permette quand même les connexions entre les populations. C’est par exemple le cas des pieds d'arbres qui peuvent établir des corridors entre les populations.
La superficie des espaces qui peuvent accueillir la biodiversité est important pour cette biodiversité/ Plus les espaces verts sont grands, plus ils peuvent accueillir d’espèces.
Un autre effet important sur la biodiversité est l'effet îlot de chaleur. Cet effet est dû au fait que les bâtiments réfléchissent de la chaleur contrairement aux espaces verts qui eux, absorbent la chaleur. Cet effet îlot de chaleur fait qu'il y a parfois 10°C de plus en centre-ville que dans les espaces périphériques. Cela a bien sûr une incidence sur les espèces qui peuvent vivre en centre-ville.
La pollution est un autre facteur important. Beaucoup d'espèces ne supportent pas la pollution. Même les espèces qui vivent en ville peuvent subir la pollution. Par exemple, l'ozone occasionne des lésions sur les feuilles des végétaux. On sait aussi que dans le sang des animaux, on trouve des taux de métaux lourds importants ce qui les rend plus vulnérables à un certain nombre de maladies.
La lumière et le bruit sont des phénomènes qui dérangent beaucoup d'espèces. Cela agit par exemple sur leur domaine vital, en particulier la lumière qui perturbe le cycle des animaux diurnes et nocturnes. Les chauves-souris sont perturbées par la lumière. Certaines viennent chasser sous les lampadaires tous les insectes qui volent dans la lumière mais d'autres sont très perturbées, et éblouies par la lumière.
Le bruit effraie également beaucoup d'animaux. Il couvre les signaux sonores entre les organismes de la même espèce. Par exemple, chez les oiseaux, la mésange charbonnière a un chant différent en ville que le chant qu’elle a à la campagne où c'est plus calme.
3. Biodiversité
Les espèces qui vivent en ville sont très diverses. Il y a d'abord les humains qui sont très présents en ville et qui développent des activités qui sont très impactantes sur les autres espèces. On a aussi les espèces sauvages, domestiques, cultivées,, etc., qui sont essentiellement des espèces tolérantes aux perturbations trouvées en ville. On trouve aussi beaucoup d'espèces envahissantes car les villes sont des carrefours de voies de communication qui apportent un certain nombre d'espèces (ex : ragondin).
Les animaux domestiques ont une grosse influence sur le reste de la biodiversité. On sait par exemple que les chats sont des prédateurs très importants des oiseaux et des petits mammifères.
Les plantes cultivées sont les plantes qui sont choisies par les humains pour orner leurs villes, soit dans les parcs, soit sur les murs et les toitures. On peut aussi penser aux arbres d'alignement dans les rues qui servent notamment à faire de l'ombre aux citadins.
Il y a également des animaux sauvages, mais ils ne sont pas très bien répertoriés. On sait qu'il y a assez peu de vertébrés. Ces vertébrés sont essentiellement des oiseaux en ville. Il y a aussi des petits mammifères. Il y a très peu - voire pas - d'amphibiens et de reptiles. Il y a des poissons quand les rivières ne sont pas trop polluées. Pour ce qui est des invertébrés, on ne sait très peu de choses. On a généralement connaissance de ceux qui sont considérés comme nuisibles (ex : blattes, termites). Enfin, il y a un certain nombre de micro-organismes.
Pour ce qui est des plantes, on a surtout des plantes sauvages. La plupart sont généralistes et tolèrent la pollution, le piétinement, des conditions hydriques fluctuantes : quand on arrose le trottoir, on les arrose beaucoup, puis à d’autres moments c'est très sec. Elles ont un régime de reproduction plutôt autogame, c'est-à-dire qu'elles arrivent à se reproduire toutes seules. Ce sont essentiellement des astéracées et des poacées qui ont des caractéristiques biologiques qui correspondent bien à la vie en ville.
4. Conclusion
La biodiversité existe bien en ville. Les espèces des villes sont tolérantes aux activités humaines et on peut les classer en différentes catégories en fonction des perceptions que les citadins ont de ces espèces. Il y a les espèces choisies qui ont été importées ou qui sont protégés dans les villes, les espèces tolérées qu’on côtoie quotidiennement sans même s'en apercevoir, et enfin les espèces subies (certaines étant même proliférantes) qui nous dérangent et pour lesquelles des campagnes d'éradication sont souvent mises en œuvre.