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Description

La France a été officiellement nommée pays hôte de la 21e conférence climat en 2015 (Paris 2015/COP21). Selon les experts, «le réchauffement du système climatique est sans équivoque».

Des changements profonds sont désormais inéluctables, bien qu’il existe encore des incertitudes sur leur ampleur. Face à ce changement de climat qui affectera de nombreux secteurs d’activités, l’adaptation de notre territoire et de la planète au changement climatique est devenue un enjeu majeur qui appelle une mobilisation nationale et internationale.

Le MOOC «Causes et enjeux du changement climatique», produit et coordonné par l'Université Virtuelle Environnement et Développement durable (UVED), vise à tracer un tableau général du problème du changement climatique, en donnant aux apprenants des éléments suffisants pour être capables d’opposer une réflexion personnelle aux polémiques multiples qui ont entouré ce problème. Il se développera en trois temps, de durées inégales :

  1. Qu’est-ce que le climat et comment peut-il changer ;
  2. Agir en réduisant les émissions de gaz à effet de serre ;
  3. Agir en s’adaptant aux changements climatiques.

Les parties 2 et 3 s’articuleront avec des éléments plus politiques concernant les négociations internationales, mais en se limitant à décrire l’interface entre diagnostic scientifique et demande sociétale.

Hervé Le Treut, professeur à l'Université Pierre et Marie Curie et à l'École Polytechnique, directeur de l'Institut Pierre-Simon Laplace, en est le référent scientifique et Jean Jouzel (CEA) en est le parrain.

36 experts-scientifiques issus de 17 établissements différents sont impliqués dans ce projet.

Projet labellisé COP21

 

Jean Jouzel - PARRAIN DU COURS

 C'est formidable cette possibilité que nous offrent les MOOCs de porter notre enseignement, nos travaux de recherche, dans le domaine de l'évolution du climat et plus largement du développement durable, bien au-delà de nos universités et de nos instituts. Je suis convaincu que cette expérience mise sur pied par l'UVED sera une pleine réussite et qu'elle ouvrira sur de nombreuses et fructueuses interactions. J'encourage toutes celles et ceux qui ont des connaissances à acquérir et à partager à s'investir dans cette expérience dont le potentiel est énorme et je remercie chaleureusement toutes les personnes qui s'y sont investies et ont rendu possible son succès. 

 

A QUI S’ADRESSE CE COURS ?

Il s’agit d’un MOOC introductif nécessitant peu de prérequis.

Compte tenu de l’ampleur de la problématique «climat» pour l’ensemble des acteurs de la société (citoyens, enseignants, chercheurs, agents et élus des collectivités territoriales et/ou de l’État, dirigeants ou salariés de secteurs d'activités impactés à court et moyen terme pas les changements climatiques: environnement, agriculture, santé, bâtiment, économie, etc.), ce cours est susceptible d’avoir une large audience.

Ce MOOC francophone pourra être suivi par des anglophones car toutes les vidéos diffusées seront traduites en anglais.

To english speaking students : we will pleased to offer you all the videos of this MOOC on climate change in english!

Pour en assurer l’accessibilité la plus large, chacune des vidéos proposera également aux apprenants une transcription textuelle.

Deux niveaux de difficulté sont proposés selon les contenus de ce parcours : le niveau "Débutant" s'adresse aux apprenants de niveau Bac à Bac+3 (Licence), tandis que le niveau "Approfondi" est plutôt destiné aux apprenants de niveau Master et +.

Objectifs d’apprentissage :
- Comprendre les objectifs, acteurs, mécanismes, fondements et enjeux des négociations internationales actuelles en matière de climat
- Appréhender le système climatique et ses évolutions
- Appréhender la transition bas carbone
- Appréhender l'adaptation des sociétés au changement climatique
- Renforcer la capacité à opposer une réflexion personnelle sur ces questions.

Domaines
  • Air & Climat
État
  • Labellisé
Langues
  • Français
Licence Creative Commons
  • Pas d'utilisation commerciale
  • Pas de modification
  • Paternité
Nature pédagogique
  • Cours
Niveau
  • Bac+1
  • Bac+2
  • Bac+3
  • Bac+4
Types
  • Parcours thématique
  • Introduction sur les risques régionaux, la vulnérabilité et l’adaptation
  • Sécheresse et ressources en eau à l'échelle de la France
  • Le changement climatique dans les Alpes françaises : impact sur le climat, l'enneigement et le risque d'avalanches
  • Ville et changement climatique
  • Solutions d'aménagements urbains en prévention/adaptation des îlots de chaleur urbains
  • Pluies intenses et crues éclairs en région méditerranéenne
  • Cyclones tropicaux : causes, conséquences et enjeux
  • Adaptation aux changements climatiques en zone côtière
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Ce document est la transcription révisée, chapitrée et illustrée d’une vidéo du MOOC UVED « Causes et enjeux du changement climatique ». Ce n’est pas un cours écrit au sens propre du terme ; le choix des mots et l'articulation des idées sont propres aux interventions orales des auteurs.

Ville et changement  climatique

Aude LEMONSU, Chargée de recherche, CNRS

Je vais vous parler des interactions entre le climat urbain et le changement climatique et des stratégies d'adaptation des villes face à ces effets combinés.

1. Contexte : le phénomène d’îlot de chaleur

La ville modifie l'environnement par un effet d’anthropisation, particulièrement en raison d'une imperméabilisation importante des couverts naturels. Face à cette modification du milieu, la ville est le siège d'un climat local très spécifique que les météorologues appellent le climat urbain. Un des processus les plus connus de ce climat urbain est le phénomène d'îlot de chaleur urbain. Cet îlot de chaleur urbain se traduit par un effet de surchauffe en ville, c'est-à-dire que l'on observe très fréquemment dans les rues d'une ville des températures de l'air qui sont plus chaudes de plusieurs degrés de celles qui peuvent être observées dans la campagne environnante. C'est au cours de la nuit que ce phénomène d'îlot de chaleur urbain est le plus intense et il est encore amplifié lors d'événements météorologiques particuliers. C'est le cas lors de situations météorologiques estivales, chaudes et ensoleillées et plus particulièrement lors de canicules. Ça a été particulièrement le cas lors de la canicule de 2003 sur la région Île-de-France. 

Durant cette période, la canicule a donné lieu à des températures très élevées sur toute la région pendant plusieurs journées. A cela s'est ajouté cet effet d'îlot de chaleur urbain qui a été particulièrement fort puisqu’il a atteint plus de 10°C sur Paris intra-muros. Cet îlot a limité le refroidissement nocturne dans la ville et a contribué à aggraver les impacts sanitaires d'un événement météorologique qui était déjà exceptionnel. Cet exemple illustre bien tout l'enjeu du climat urbain et du problème d'îlot de chaleur urbain mais aussi la question des impacts régionaux du changement climatique puisqu’aujourd'hui, on sait de façon quasi certaine que dans le futur, les événements de canicule deviendront de plus en plus fréquents.

2. Projections
Une étude portant plus spécifiquement sur la région parisienne a été menée sur cette question, à partir de l'analyse d'un grand jeu de projections climatiques issues de modèles régionaux de climat et les résultats montrent qu'à l'horizon 2100, les canicules devraient devenir non seulement plus fréquentes mais également beaucoup plus longues et beaucoup plus intenses. En moyenne, on s'attend à ce qu'en 2100, sur la région Île-de-France, la zone soit affectée par une à deux canicules par an, ce qui représente environ 11 jours de situation de canicule chaque année. Le couplage entre le climat urbain d'une part et le changement climatique d'autre part nous laisse penser que la vulnérabilité de la ville et des villes en général devrait augmenter dans le futur. Un autre enjeu de ces effets du changement climatique en ville est la question énergétique. Sous l'effet du réchauffement global, on s'attend également à ce que l'usage de l'énergie pour le chauffage et pour la climatisation évolue. On a déjà observé une augmentation des équipements en climatisation dans les villes et on pourrait observer dans le futur une augmentation des pics de surconsommation d'énergie en été, liée à l'usage de la climatisation.

3. Stratégies d’adaptation
Les acteurs institutionnels et les professionnels de l'aménagement urbain sont de plus en plus interpellés sur ces problématiques-là. Ils s'interrogent aujourd'hui sur les stratégies d'adaptation des villes face à ces enjeux et sur leur efficacité. La question d'imaginer et d'évaluer des stratégies d'adaptation pour les villes est particulièrement complexe et ardue puisqu'on se place sur des échelles de temps très longues allant jusqu’à la fin du siècle. Sur ces échelles de temps-là, il faut non seulement prendre en compte l'évolution du changement climatique et de ses impacts régionaux mais pas seulement. On doit également tenir compte de l'évolution de la ville elle-même sous l'effet de la pression démographique, l'expansion urbaine mais aussi de l'évolution des méthodes architecturales et des méthodes constructives. Il faut également tenir compte de l'évolution des modes de vie notamment en termes d'usage de l'énergie et en termes de modes de transport. Ce constat nous montre qu'il est impératif, du moins nécessaire, d'aborder cette question des stratégies d'adaptation plutôt par des approches systémiques et interdisciplinaires de manière à prendre en compte l'ensemble des processus ou du moins une grande partie des processus qui interviennent et qui interagissent (figure ci-dessous). C'est ce que font un grand nombre de projets de recherches actuellement qui font appel à des experts de différentes disciplines pour étudier ces processus, notamment des experts en climat, en météorologie urbaine mais également en architecture, en urbanisme, en économie ou encore en géographie et en sciences humaines et sociales. On assiste également à une implication de plus en plus forte des acteurs institutionnels dans ce type de projet.
 
4. Travaux de recherche
Récemment, différents projets de recherches ont été menés sur la région Île-de-France et sur la ville de Paris. Aujourd'hui, une compilation des différents résultats obtenus nous permet de dégager certains résultats particulièrement intéressants. Les premières études se sont intéressées à l'impact des politiques de planification urbaine à l'échelle de la ville entière ou de l'agglomération. En particulier, elles se sont intéressées à l'impact des stratégies d'expansion urbaine des villes. Vous avez sur la figure ci-dessous les résultats qui ont été obtenus pour la ville de Paris à l'horizon 2100 où deux scénarios d'expansion de Paris ont été comparés : 1) un scénario de ville étendue, c'est-à-dire que l'on laisse la ville s'étendre sans contrainte particulière. Dans ce cas-là, cela favorise plutôt le développement des quartiers résidentiels peu denses tout autour de Paris ; 2) un scénario de ville compacte où les politique de planification urbaine vont restreindre l'étalement urbain. Dans ce cas-là, on va plutôt avoir une densification de la ville existante, et on va favoriser des formes architecturales compactes et du logement collectif. La question est de savoir comment ces stratégies vont affecter l'îlot de chaleur urbain et les conditions de confort climatique dans la ville.
 
Les résultats nous indiquent que l’îlot de chaleur urbain lui-même, sur les figures au centre de l'image, est très peu affecté finalement par la forme et la taille de la ville. Cet îlot de chaleur urbain est plus marqué sur les zones centrales, Paris intra-muros et la proche banlieue, et son intensité est tout à fait comparable dans le cas des deux scénarios étudiés. Par contre, si on analyse les résultats sous une perspective différente, notamment en tenant compte de la distribution de la population dans la ville, les résultats peuvent être sensiblement différents. En effet, lorsqu'on est dans le cas d'une ville compacte, la répartition de la population se fait de façon privilégiée vers le centre de la ville. La population est concentrée dans le centre, qui sont aussi les zones les plus vulnérables car les plus affectées par le phénomène d’îlot de chaleur urbain. Sur la figure de droite (ci-dessus), on voit bien que les conditions d'exposition à la chaleur dans le cas d'une canicule sont plus défavorables dans le cas d'une ville compacte que dans le cas d'une ville étendue.

5. Végétalisation
Les stratégies d'adaptation aux changements climatiques et les stratégies d'atténuation de l'îlot de chaleur urbain font souvent référence aux stratégies de végétalisation du milieu urbain. Pour évaluer l'effet de telles stratégies à grande échelle, une étude a été menée également sur la région parisienne et on s’est intéressé à différents systèmes végétaux : d’une part des stratégies qui ont favorisé l'implantation de toitures végétales sur une grande partie des bâtiments de la région parisienne ; d’autre part des stratégies où on a favorisé une réintroduction de la végétation de pleine terre sur les surfaces au sol disponibles, sous la forme soit de pelouse, soit d'une végétation mixte qui combine végétation herbacée et végétation arborée. En termes de rafraîchissement sur la température de l'air dans les rues, les résultats nous indiquent que la végétation de pleine terre a un rôle prépondérant. De façon assez intuitive, on se rend compte que plus on ajoute de végétation en ville, plus l'effet de rafraîchissement est efficace. C'est particulièrement le cas lorsque la végétation est une végétation mixte avec de la pelouse et de la végétation arborée. Par contre, en ce qui concerne les toitures végétalisées, l'effet sur la température de l'air dans la rue est relativement marginal. Par contre, cette toiture végétalisée peut avoir un rôle positif en particulier sur la consommation d'énergie (figure ci-dessous). En effet, les toitures végétalisées vont jouer un rôle d'isolant sur les bâtiments et vont également réduire les variations de température des toits structuraux. Par conséquent, cela va permettre une économie non négligeable d’énergie liée à l'usage du chauffage en hiver et à l'usage de la climatisation en été. Comme on peut le voir, les différentes stratégies de végétalisation peuvent avoir un effet positif sur le microclimat urbain et sur le confort, sans parler également des aspects positifs en termes de biodiversité ou également d'amélioration des ambiances urbaines. Toutefois, il est important de souligner qu'on ne peut pas imaginer des stratégies de végétalisation sans prendre en compte la question de la ressource en eau associée au fonctionnement de cette végétation et à son efficacité.
 
Sur le graphique ci-dessus, les barres représentent la consommation d'eau associée aux différentes stratégies de végétalisation qui ont été testées. On imagine bien que dans le futur, on peut se trouver rapidement confronté à une problématique d'usage de l'eau, en particulier en contexte estival et en contexte de sécheresse, notamment lorsque l'on observe un abaissement du débit des rivières.

6. Conclusion
Pour terminer, au vu des différents résultats de ces études mais également de notre connaissance actuelle du changement climatique et du réchauffement global, il apparaît difficile aujourd'hui d'envisager les villes du futur sans climatisation afin que les habitants puissent assurer leur confort intérieur dans les bâtiments. Malgré tout, un usage massif et sans restriction de la climatisation pose forcément de sérieux problèmes, d'une part en termes de consommation d'énergie mais aussi en termes d'aggravation des îlots de chaleur urbains. En effet, les climatiseurs rejettent de l'air chaud vers l'extérieur, ce qui va avoir tendance à augmenter de façon significative la température de l'air dans la rue. On a pu voir que certains leviers d'action permettent de réduire cette demande en énergie, c'est le cas de la végétation, c'est aussi le cas de l'amélioration des performances énergétiques des bâtiments. Malgré tout, les résultats nous montrent que le comportement des habitants dans la ville et de leurs usages énergétiques peut jouer un rôle prépondérant sur l'efficacité des stratégies qui peuvent être mises en œuvre. Des gestes simples comme l'usage de protection solaire en fermant ses volets pendant la journée ou un usage plus raisonné de la climatisation en régulant la température de consigne dans les bâtiments peuvent véritablement jouer un rôle prépondérant sur les consommations d'énergie. Il apparaît aujourd'hui essentiel de réfléchir à une sensibilisation de la population et à une information de la population sur ces problématiques et à inciter les gens à sensiblement adapter leur comportement quotidien dans leur logement et dans leur lieu de travail.

Contributeurs

Weissenberger Sebastian

Professeur/chercheur associé , Université de Moncton (Canada)

BRACONNOT Pascale

TULET Pierre

Chouinard Omer

Professeur titulaire, , Université de Moncton (Canada)

BOUSQUET Philippe

LE TREUT Hervé

MAIZI Nadia

JOUSSAUME Sylvie

Vanderlinden Jean-Paul

Professeur en études de l'environnement et économie écologique , UVSQ - Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines

Li Laurent

Planton Serge

climatologue et membre de l'association Météo et Climat

Jouzel Jean

Climatologue

Ghil Michael

Saunois Marielle

Vogel Félix

Peylin Philippe

Bopp Laurent

directeur de recherche , CNRS - Centre National de la Recherche Scientifique

Vuichard Nicolas

Boucher Olivier

Vautard Robert

Paillard Didier

Mignot Juliette

Hourcade Jean-Charles

CNRS - Centre National de la Recherche Scientifique

Martin Eric

Lemonsu Aude

Goetz Daniel

Delrieu Guy

Barthe Christelle

David Fabienne

Guegan Jean-François

Colette Augustin

Giraud Gaël

Leadley Paul

Simonet Guillaume