En ligne depuis le 28/09/2015
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Description
Amener les apprenants à mieux comprendre les grands enjeux du 21ème siècle en matière de transition énergétique ainsi que les moyens d'exploiter les différentes sources d'énergies renouvelables (soleil, vent, eau, chaleur du sol, biomasse), tel est l'objectif du MOOC "Énergies renouvelables".
La vocation de ce cours en ligne, réalisé et coordonné par l'Université Virtuelle Environnement et Développement durable (UVED) en partenariat avec l'Université Perpignan Via Domitia (UPVD), est de renforcer les connaissances générales d'un large public sur la question des énergies renouvelables, d'accroître les capacités d'implication des personnes dans les grandes décisions relatives à la production et/ou à l'utilisation d'énergies renouvelables et de susciter l'émergence de nouveaux projets.
Xavier Py, Professeur à l'Université de Perpignan Via Domitia, en est le référent scientifique. 32 experts-scientifiques, issus de 15 établissements différents, sont impliqués dans ce projet.
Deux niveaux de difficulté sont proposés selon les contenus de ce parcours : le niveau "Débutant" s'adresse aux apprenants de niveau Bac à Bac+3 (Licence), tandis que le niveau "Approfondi" est plutôt destiné aux apprenants de niveau Master et +.
Domaines
- Energies renouvelables
État
- Labellisé
Langues
- Français
Licence Creative Commons
- Pas d'utilisation commerciale
- Pas de modification
- Paternité
Mentions Licence
- Physique
- Sciences pour l'ingénieur
Niveau
- Bac+1
- Bac+2
- Bac+3
- Bac+4
Thèmes
- Finitude des ressources
Types
- Parcours thématique

Energies renouvelables : la transition énergétique (8 vidéos)

Energies Renouvelables : l'énergie solaire (7 vidéos)

Energies Renouvelables : l'énergie éolienne (8 vidéos)

Energies Renouvelables : l'énergie hydraulique (9 vidéos)

Energies Renouvelables : les énergies marines (10 vidéos)

Energies renouvelables : géothermies (12 vidéos)

Energies renouvelables : la biomasse (11 vidéos)

Energies renouvelables : le mix énergétique (9 vidéos)
Ce document contient la transcription textuelle d’une vidéo du MOOC UVED « Énergies renouvelables ». Ce n’est donc pas un cours écrit au sens propre du terme ; le choix des mots, l'articulation des idées et l’absence de chapitrage sont propres aux interventions orales des auteurs.
Géopolitique des énergies renouvelables
Marie-Anne LEFEVRE, Géographe – Université de Perpignan Via Domitia
Les énergies renouvelables représentent de lourds enjeux, avec un besoin croissant d'énergie d'une population mondiale en augmentation et en développement dans un contexte d'urgence climatique planétaire. Ce sont des énergies d'appoint qui induisent des choix de société, sources de tensions et de conflits dans les pays industrialisés et dans les pays émergents. Les chocs pétroliers, l’irruption des hydrocarbures non conventionnels, la catastrophe de Fukushima, la crise économique, ont modifié leur représentation et leur situation géopolitique.
1. Les dilemmes liés aux ENR
Dans une première partie, nous allons analyser les dilemmes énergétiques qui impliquent les énergies renouvelables et qui entretiennent des rivalités de pouvoir sur des territoires, du local au planétaire. Voici un exemple de dilemme à court terme entre énergies fossiles et énergies renouvelables : les États-Unis ont fait le choix du gaz de schiste qui garantit leur révolution énergétique tandis que la France interdit le procédé de fracturation hydraulique. Les énergies fossiles sont sources de pollution et représentent un risque sanitaire au point de pouvoir déstabiliser des régions comme en Chine où se sont multipliées les émeutes vertes. Un exemple de dilemme à moyen terme est lié à l'urgence climatique qui induit une entrée en transition énergétique des états. Les conférences de Rio, de Kyoto et de Paris ont mis en évidence la prise de conscience à échelle planétaire des états de la nécessité de réduire les gaz à effet de serre. La planète est un bien commun d'où une solidarité planétaire qui devient indispensable mais qui est très difficile quand il faut harmoniser plus de 190 états. Enfin, un dilemme à long terme concerne le choix entre énergies renouvelables et énergie nucléaire pour lutter contre les émissions de gaz à effet de serre. Pour cela, des états ont changé leur mix énergétique. On peut citer l'exemple de l'Allemagne qui sous la pression du parti des verts et de son opinion publique hostile au nucléaire a décidé de remplacer le nucléaire par du renouvelable. Il faut souligner la représentation spécifique de l'hydroélectricité qui est dissociée des autres énergies renouvelables en raison de sa compétitivité, de sa rentabilité et de son ancienneté. Les grands barrages sont tantôt considérés comme des leviers de développement, tantôt comme des catastrophes écologiques et humaines. Si on prend le barrage des Trois Gorges qui est considéré comme une fierté en Chine, symbole de la puissance politique de la Chine, cet ouvrage a été remis en cause par les lobbies nord-américains écologistes, par la presse occidentale et par la banque mondiale qui a décidé en cours de construction d'en abandonner le financement. Il y a de très nombreux acteurs privés, publics qui interviennent dans les énergies renouvelables. Elles sont décentralisées, privées et sont sujettes à des politiques d'aménagement du territoire qui peuvent entraîner certaines tensions et conflits du fait qu’aujourd'hui le concept de développement durable devient un impératif.
2. Les ENR, un enjeu conflictuel au niveau mondial
En second lieu, nous allons analyser les énergies renouvelables en tant qu'enjeu conflictuel - à échelle planétaire -, avec le réchauffement climatique et le développement durable. Trois groupes de pays peuvent être délimités car ils réagissent très différemment aux défis énergétiques du fait de leur niveau de développement, de leurs ressources énergétiques et de leur politique passée en matière énergétique. Un premier groupe est constitué par l'Union Européenne qui a toujours affirmé sa volonté politique de développer les énergies renouvelables, de développer leur technologie, comme en témoigne la création de l’IRENA à l'initiative de l'Allemagne, soutenue par l'Espagne et le Danemark, la première association internationale d'énergie renouvelable dont le but est de promouvoir à échelle européenne d'abord, puis à échelle mondiale, ce type d'énergie.
Il est intéressant de noter que son scénario de développement de la croissance africaine à partir des énergies renouvelables et qui concerne tout le continent africain occulte complètement la dimension géopolitique des états africains. Cela peut peut-être expliquer l'échec de Desertec, un projet initié par des entrepreneurs industriels et financiers allemands qui voulaient établir une coopération énergétique solaire principalement entre l'Union Européenne, l’Afrique du Nord et le Proche-Orient. Ce projet a échoué suite à l'instabilité politique des états du Maghreb et en particulier lors des printemps arabes. Un deuxième groupe est constitué par les pays émergents dont les deux grands géants démographiques chinois et indien qui estiment que le droit au développement est inaliénable et qui pensent que sont responsables de la pollution mondiale tout d'abord les pays riches industrialisés, d'où leur revendication d'un transfert des technologies renouvelables des pays du Nord vers les pays du Sud. Enfin, il y a les Etats-Unis qui ont signé le protocole de Kyoto mais ne l'ont pas ratifié. Un autre acteur très important sur le marché international des énergies renouvelables concerne les multinationales de l'énergie qui sont omnipotentes sur le marché énergétique. Il y a tout d'abord celles de l'électricité comme General Electric ou EDF qui sont dominantes dans leurs pays respectifs mais aussi des grands majors du pétrole et du gaz comme Total, Iberdrola, Enel et E.ON qui s’emparent de la direction du conseil d'administration des deux plus grandes associations professionnelles de l'éolien et du solaire en Europe. La libéralisation des échanges que l'on peut constater au sein de l'Union Européenne ou de l'ALÉNA et peut-être prochainement du Traité Transatlantique, risque de remettre en cause le développement des énergies renouvelables. Les tensions et les conflits qui ont lieu suite au développement des énergies renouvelables sont beaucoup moins exacerbés que ceux des énergies fossiles. On peut citer deux exemples. Le premier est lié à la concurrence entre les agro-carburants et les produits agroalimentaires sur des terres cultivables, qui peut provoquer une explosion des prix des céréales et des émeutes de la faim comme au Mexique en 2008. Un autre exemple est lié à l'hydroélectricité. C'est lorsqu'un pays qui est localisé en amont d'un grand réseau fluvial décide unilatéralement d'y aménager de grands barrages. Les pays avals, bien sûr, vont contester ce type d'aménagement et tous les pays riverains d'une manière générale. C'est le cas dans les bassins fluviaux du Tigre et de l’Euphrate, du Nil ou du Brahmapoutre.
3. Les ENR, un enjeu conflictuel au niveau régional
Dans une troisième partie, nous allons analyser les énergies renouvelables qui représentent un enjeu conflictuel à échelle nationale et régionale. Il y a toujours des tensions et des conflits d'usage dans le partage de l’eau. L'arbitrage de l'État est absolument nécessaire entre acteurs institutionnels publics et acteurs privés dans des activités comme l'hydroélectricité, l'irrigation, le tourisme, la distribution d'eau potable. Cet arbitrage va être peu facilité aujourd'hui et parfois même remis en cause par la décentralisation. On peut donner un exemple de ces conflits et de ces tensions entre acteurs publics et acteurs privés avec l'exemple de la Tennessee Valley Authority : lorsque le président Roosevelt a dû faire face à l'hostilité des grandes compagnies d'électricité privée et des états fédérés qui l'accusaient d’empiéter sur ses prérogatives. Le barrage de Serre Ponçon, inversement, est devenu un site de référence pour une gestion multi-usages de toutes ces activités. C'est l'État national qui prend véritablement des décisions en matière d'énergies renouvelables et en particulier pour l'entrée en transition énergétique des états. Une transition qui peut être rejetée ou adoptée. On peut donner l'exemple des États-Unis. Aux États-Unis, le projet solaire de Jimmy Carter après le premier choc pétrolier - qui devait bouleverser le mix énergétique des États-Unis à court terme -, a été refusé par la présidence Reagan dont toute la campagne électorale comme celles des Républicains généralement a été soutenue par les grands majors du pétrole. Parmi les pays dépourvus d'hydrocarbures on peut donner l'exemple de la Chine. La Chine, dont l'action du gouvernement peut conditionner celle de toute la planète, est le pays le plus consommateur d'énergie primaire. Cependant il s'affirme aujourd'hui au premier rang mondial pour la fabrication de technologies et l'utilisation des énergies renouvelables éoliennes, hydrauliques et solaires. Enfin, à échelle locale, la décentralisation va avoir un impact très important. Les énergies renouvelables sont privées, sont décentralisées et en liaison avec les activités locales, d'où des rivalités de pouvoir à échelle locale.
Contributeurs
BRESSON Jacky
SCHMITTBUHL Jean
VAITILINGOM Gilles
PY Xavier
PRADILLON Jean-Yves
MAYER Didier
COLLOMBAT François
OLIVES Régis
GIBAND David
Professeur d'Urbanisme et Aménagement du Territoire , UPVD - Université de Perpignan Via Domitia