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Description

Ce MOOC 2E2D est complémentaire au MOOC « Environnement et développement durable » produit et coordonné par UVED en 2015. Ce premier MOOC portait sur les connaissances de base, les fondamentaux du domaine et était à destination particulièrement des étudiants pour favoriser le continuum bac-3/bac+3.

Le deuxième MOOC qu’UVED propose porte quant à lui sur les compétences. Il est prioritairement à destination des enseignants du primaire au supérieur et se veut plus opérationnel. La dernière semaine du MOOC « Environnement et développement durable » introduisant ces questions, ce MOOC 2E2D assure donc une forme de continuité permettant aux enseignants d’éduquer à l’E2D et d’intégrer le développement durable dans leur projet d’école.

État
  • Labellisé
Langues
  • Français
Licence Creative Commons
  • Partage des conditions à l'identique
  • Pas d'utilisation commerciale
  • Pas de modification
  • Paternité
Mentions Licence
  • Sciences de l'éducation
Nature pédagogique
  • Cours
Niveau
  • Bac+1
  • Bac+2
  • Bac+3
  • Bac+4
  • Bac+5
Types
  • Parcours thématique
Mots-clés
éducation à l'environnementdéveloppement durableactions d'éducation environnementale
  • Qu'est-ce qu'un modèle ?
  • Les modèles en éducation au développement durable
  • La carte conceptuelle, un outil au service de l'approche systémique
  • Problématisation, investigation et interdisciplinarité
  • Problématisation et investigation : un exemple de mise en œuvre à l'école primaire
  • La démarche de pleine conscience : quels apports potentiels en éducation ?
  • La démarche de pleine conscience : mises en situation
  • Éducation au développement durable : ce que disent les programmes scolaires en France
  • Éducation au développement durable : ce que disent les programmes scolaires en Suisse
  • Éducation au développement durable : ce que disent les programmes scolaires en Belgique
  • Éducation au développement durable : ce que disent les programmes scolaires en République Démocratique du Congo
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Francine Pellaud, Professeur, HEP de Fribourg (Suisse)

Depuis 2011, la Suisse s’est dotée d’un plan d’études romand commun à tous les cantons qui parlent le français ou l’italien. Celui-ci affiche une volonté très louable de regrouper les disciplines en domaines disciplinaires invitant ainsi les enseignants à décloisonner et à tisser des liens dans une perspective interdisciplinaire. 
 
Mais le plan d’étude romand ne se contente pas de ces regroupements, il cherche à aller plus loin, à faire en sorte que l’école lutte contre le saucissonnage disciplinaire décrié depuis belle lurette par les penseurs de l’éducation. Pour ce faire, il ajoute au domaine disciplinaire 2 axes transversaux, qui en formant une flèche, indiquent que le projet global de formation de l’élève ne peut être réalisé que dans cette transversalité. Ces 2 axes sont d’une part des capacités transversales mentionnant la collaboration, la communication, les stratégies d’apprentissage, la pensée créatrice et les démarches réflexives, et d’autre part, une formation générale faisant apparaître les technologies de la communication, santé et bien-être, les choix et projets personnels, le vivre ensemble, l’exercice de la démocratie et finalement les interdépendances sociales, économiques et environnementales dont le synonyme pourrait bien être le développement durable. Le bout de cette flèche, volontairement gris pour bien montrer le mélange nécessaire entre les disciplines et ses 2 axes transversaux pour atteindre un développement global de l’individu, contient une dimension éducative indéniable. Ceci est d’autant plus que les objectifs, y compris disciplinaires, visent essentiellement le développement de compétences ancrées sur des connaissances notionnelles très vastes. 
 
Intéressons-nous de plus près à cette formation générale qui traverse ainsi les disciplines. Cet autre schéma, toujours tiré du plan d’études romand, montre comment celle-ci fédère les disciplines autour des aspects éducatifs et des valeurs. De plus, dans les commentaires généraux qui l’accompagnent, nous pouvons lire que celle-ci permet de clarifier et de rendre opérationnels des apports qui ne relèvent pas uniquement des disciplines scolaires et permet d’aborder les questions socialement vives. Le rôle de la formation générale est donc de mettre en évidence, entre autres, l’importance d’initier les élèves, futurs citoyens à la complexité du monde, à la recherche et au traitement d’informations variées et plurielles, à la construction d’argumentation et au débat. La formation générale identifie des objectifs précis, en propose une progression cohérente tout au long de la scolarité et les met en lien avec les apports disciplinaires. En particulier, elle rend visibles la nécessité et la façon de mettre en commun des connaissances et compétences développées dans les domaines disciplinaires en cohérence avec l’éducation en vue d’un développement durable visé par le projet. Ces recommandations incitent les enseignants à travailler des thématiques complexes et donc forcément transversales et interdisciplinaires dans lesquelles les élèves peuvent trouver du sens au savoir scolaire. Nous nous rapprochons ainsi de la pédagogie de projet dans laquelle l’investigation a une place d’honneur. La formation du citoyen est bien l’objectif principal de ce plan d’études romand. La recherche et le traitement d’informations variées et plurielles conduisant à la construction d’une argumentation vont également dans ce sens, poussant les enseignants à proposer aux élèves des sources diversifiées ne se limitant pas au seul manuel scolaire. Enfin, les questions socialement vives sont clairement identifiées et la liste proposée par l’UNESCO fait partie intégrante du document. De même, nous trouvons le schéma classique du développement durable, version faible, également dans ce document. Enfin, les 3 visées prioritaires de cette formation générale pour l’ensemble de la scolarité obligatoire, c’est-à-dire depuis l’âge de 4 ans jusqu’à 15, 16 ans, mettent clairement en avant, tant au niveau personnel que dans notre relation au monde, le principe de responsabilité qui opère dans les choix que nous devons faire au quotidien, le développement d’une pensée capable de gérer la complexité et enfin le développement d’attitudes ouvertes et actives allant dans le sens de la réalisation d’un développement durable. 

Étant donné que ce plan d’études romand se veut interdisciplinaire, nous retrouvons au sein même des disciplines, des objectifs qui confortent ses visées transversales. Les textes plus explicites sont contenus dans les intentions liées à chaque domaine. 

Ainsi dans le domaine Maths et Sciences de la nature, nous pouvons lire que dans une société fortement marquée par les progrès scientifiques et technologiques, il est important que chacun possède des outils de base lui permettant de comprendre les enjeux des choix effectués par la communauté, de suivre un débat sur le sujet et d’en saisir les enjeux principaux. Mais aussi que, par un questionnement sur le monde qui les entoure, on favorise chez eux, donc chez les élèves, une prise de conscience des conséquences de leurs actions sur leur environnement, ainsi que de comprendre les changements qui sont apportés par l’activité humaine. Toujours dans ce domaine, mais de manière plus précise, l’un des objectifs est de déterminer des caractéristiques du monde vivant et de divers milieux et en tirer des conséquences pour la pérennité de la vie, en observant et décrivant divers milieux urbains et naturels, en identifiant les interactions des êtres vivants entre eux et avec leur milieu, en percevant l’impact de son interaction avec le monde vivant ou en observant des éléments de fragilité d’écosystèmes, y compris urbains.

Dans le domaine Sciences humaines et sociales, les intentions regroupent celles des Sciences naturelles avec une ouverture plus grande sur l’importance et la relativité des changements. Nous pouvons y lire que le domaine Sciences humaines et sociales organise l’acquisition de connaissances, de concepts, d’outils et de compétences nécessaires à la compréhension du monde dans lequel on vit pour s’y insérer et contribuer à son évolution dans une perspective de développement durable. Par la confrontation méthodique de sources variées et par la formulation et la validation d’hypothèses, il permet à l’élève de situer les enjeux sociaux, économiques, politiques, environnementaux et culturels dans leurs dimensions spatiales et temporelles. Il permet d’acquérir des savoirs et des repères indispensables à la compréhension du monde actuel. À l’intérieur de ce domaine apparaissent des thématiques telles que les changements climatiques, la production et la consommation de biens d’origine agricole ou manufacturée, la production et la consommation d’énergie, etc., etc. Autant de thématiques qui vont faire appel à des connaissances scientifiques, mathématiques où l’usage de la langue sera omniprésent et où l’art et les apports de la réflexion artistique ne sont pas absents. 

Tout le plan d’études romand, disponible sur Internet, propose des liens entre les domaines disciplinaires et bien sûr la formation générale et les capacités transversales. Nous sommes donc là face à un outil extrêmement performant, pour permettre aux enseignants de sortir des sentiers battus et de légitimer des approches pédagogiques favorables au décloisonnement et à l’interdisciplinarité. 

Pourtant, les pratiques en classe peinent à évoluer. Les raisons de cette inertie sont multiples. Tout d’abord, la force de l’habitude. Si le plan d’études romand est le document de référence des enseignants, il n’est pas contraignant. Les liens entre les disciplines sont proposés, mais nullement obligatoires. La vision de ce que doit être l’école fait partie de ces habitudes : l’enseignant s’y voit encore comme le détenteur de connaissances à transmettre. Tant que cette vision n’aura pas changé, qu’il n’aura pas réalisé qu’à l’heure d’Internet il doit devenir un accompagnateur dans l’acte d’apprendre et dans la capacité des élèves à trouver eux-mêmes les connaissances dont ils ont besoin, l’enseignement restera frontal et disciplinaire. 
Pour couronner le tout, la formation générale n’est pas notée. Si personnellement je me réjouis de ce choix, il a le grand désavantage de faire croire qu’elle n’est pas importante. Et comme les thématiques qui lui sont liées sont complexes et nécessitent un renouvellement permanent des connaissances, bien des enseignants ont tout simplement peur de s’en emparer. 

Enfin, sous prétexte d’une pression parentale envers le "lire, écrire et calculer", les enseignants restent bien souvent dans les limites de ce qu’offrent les moyens officiels alors que ceux-ci ne sont pas obligatoires. Last but not least, la formation des enseignants peine elle aussi à évoluer vers cette interdisciplinarité et cette vision globale du développement d’élève. Heureusement, il existe des précurseurs, des enseignants passionnés qui proposent à leurs élèves de véritables aventures au sein même de leur classe.