Aller au contenu principal
Voir la ressource
L'Agroécologie

© INRA – Christophe Maître

UVED - Université Virtuelle Environnement et Développement durable
Description

Ce parcours thématique vise à vous apporter des éléments de compréhension de ce qu'est l'agroécologie.

Il est composé de petites vidéos faisant intervenir des chercheurs, issus d'horizons différents, travaillant dans le domaine.

Plusieurs thèmes sont abordés, à commencer par l'émergence de cette approche dans un contexte marqué par une agriculture industrielle omniprésente et porteuse de risques socio-écologiques. Les bases scientifiques de l'agroécologie sont ensuite posées, puis les conditions de réussite de cette transition sont évoquées, que ce soit sous l'angle du renforcement des capabilités, ou encore sous celui de la prise en compte des relations entre une agriculture de qualité et les autres Objectifs de Développement Durable.

État
  • Labellisé
Langues
  • Français
Licence Creative Commons
  • Partage des conditions à l'identique
  • Pas d'utilisation commerciale
  • Paternité
Nature pédagogique
  • Parcours de formation
Niveau
  • Bac
  • Bac+1
  • Bac+2
  • Bac+3
Thèmes
  • Alimentation
  • Ecosystèmes et biodiversité
Types
  • Parcours thématique
Mots-clés
agroécologieingénierie agroécologiqueagricultureécosystèmesbiodiversité
  • La diversité du vivant, moteur des écosystèmes cultivés
  • L'enjeu des enjeux : les capacités de production alimentaire
Télécharger le fichier

Ce document est la transcription révisée et chapitrée d’une vidéo du MOOC UVED « Biodiversité ». Ce n’est pas un cours écrit au sens propre du terme ; le choix des mots et l'articulation des idées sont propres aux interventions orales des auteurs.

La diversité du vivant, moteur des écosystèmes cultivés

Étienne HAINZELIN, Conseiller du Président Directeur Général, CIRAD

En 2005, une expertise globale menée par plus de 1300 scientifiques de 85 pays, le Millennium Ecosystem Assessment, a fait un inventaire de l'état des écosystèmes du monde. C’est un travail extrêmement approfondi qui a permis de montrer dans quel état étaient les différents écosystèmes sur lesquels l'homme vivait. Les écosystèmes représentent la biodiversité à l'œuvre sur terre, sous terre, dans les mers, dans les airs. Ils permettent de faire fonctionner l'ensemble de la planète vivante telle qu'on la connaît.

1. Les différentes services écosystémiques

Cette expertise collective a mis en évidence les services que nous fournissent ces écosystèmes. Ils sont de plusieurs ordres. Les premiers sont assez faciles à comprendre puisque notre vie de tous les jours en dépend. Ce sont les services d'approvisionnement ou de production. Ces services nous permettent de nous nourrir, de nous vêtir quand on récolte, quand on ramasse du bois pour se chauffer ou pour cuire, quand on tire de l'eau à un puits, ce sont des services d'approvisionnement ou de production.

Le deuxième groupe de services est plus difficile à percevoir. Ce sont les services de soutien et de support. Ce sont les grands cycles de la vie qui permettent les cycles hydrogéochimiques des grands éléments comme le carbone, l'azote, ou l'eau. Ces grands cycles, évidemment, déterminent la capacité des écosystèmes à fournir des services de production.

Le troisième ensemble de services porte sur la régulation. Les services de régulation sont les services qui permettent à l’écosystème par exemple de tamponner les effets sur le climat à l'échelle locale ou à l'échelle régionale. Une forêt qui évapore, qui intervient dans le cycle de l'eau ou dans la pluviométrie, c'est un service de régulation que nous rend l’écosystème. La pollinisation fournie par les abeilles sur les plantes à fleurs aussi : elle concerne beaucoup l'agriculture puisque 75 % des espèces cultivées sont pollinisées par des pollinisateurs. Tous ces services de régulation sont aussi très importants même s'ils ne sont pas toujours visibles quand on regarde un écosystème.

Enfin, on distingue tous les services que les écosystèmes nous fournissent en termes culturels, symboliques, récréationnels. Le citadin qui aime se promener dans une nature préservée, le peintre qui peint un beau paysage ou l'Homme qui contemple une nature ou même des paysages agraires achevés, ce sont des services que nous rendent les écosystèmes.

Ces quatre groupes de services écosystémiques sont très importants pour non seulement le fonctionnement correct de la planète et sa résilience, mais aussi pour le bien-être humain. Cette expertise collective a mis en évidence le lien entre ces différents services et les différents éléments qui composent le bien-être humain. On se rend compte que même si on peut constater que dans la vie moderne on n'en prend pas suffisamment attention, les écosystèmes sont des éléments fondamentaux du bien-être humain.

On connaît bien l'exemple des abeilles et de la diminution de leur population qui menace la pollinisation. Dans certains pays au sud de la Chine, il y a même des personnes qui remplacent les pollinisateurs et qui pollinisent les vergers à la main. Cela permet de mesurer l'impact économique de la disparition d'un service écosystémique comme la pollinisation. On se rend compte à ce moment-là que ça se chiffre en dizaines de milliards d'euros. Les services écosystémiques ont une valeur intrinsèque qui influe sur la vie économique.

2. Services écosystémiques et agriculture

L'espace cultivé agricole n'échappe pas à cette règle. L'espace cultivé agricole est régi par les services écosystémiques, que ce soit par la mobilisation de la biodiversité que l'homme a domestiquée ou sélectionnée, ou que ce soit par l'association de différentes espèces. L’agriculture a pour moteur l'ensemble de ces services écosystémiques. Si ces services écosystémiques sont érodés, l'agriculture en souffre, et la production aussi.

L'agriculture industrielle a développé une forme un peu nouvelle de relation à ces services écosystémiques. Depuis le positivisme de la fin du XIXe siècle où la science chimique et physique triomphante avait réussi à nier l'aspect biologique et vivant des espaces cultivés, où on imaginait qu'il suffisait de rembourser au sol ce qu'on avait emprunté par la récolte pour maintenir une certaine stabilité de rendement, on se rend compte aujourd'hui que les différentes façons de cultiver ont évidemment des effets différents sur les écosystèmes et sur leurs services.

Dans une culture très mécanisée où vous avez un génotype unique sur des centaines ou des milliers d'hectares, une fertilisation chimique et une protection par pesticides, vous avez un appauvrissement énorme des services écosystémiques. Un modèle d’agriculture beaucoup plus diversifiée, dont la production dépend beaucoup des services écosystémiques, conduit à une observation bien différente.

Cette artificialisation des espaces cultivés dans l'agriculture moderne, en particulier dans les pays industriels, et cette négation de l'aspect vivant de l'agriculture ont beaucoup abîmé les services écosystémiques du monde aujourd'hui.

 

Contributeurs

HAINZELIN Etienne

CIRAD - Centre de coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement

Bourg Dominique

philosophe et professeur , Université de Lausanne

COUVET Denis

Abbadie Luc

professeur émérite , Sorbonne Université

Thébault Élisa

Léger François

AgroParisTech

Lescourret Françoise

Parrot Laurent