[Tribune] Arrêter de maltraiter les animaux et les écosystèmes est aussi un impératif de santé humaine

Par un collectif de scientifiques et d'experts*
 

Initiée par Delphine Pommeray (Directrice de la Fondation UVED), cette tribune s'inscrit dans le contexte actuel de la crise du Coronavirus Covid-19 et dans le cadre du MOOC "Vivre avec les autres animaux" qu’UVED a produit et coordonné. Alors que certains pensent qu’il serait préférable pour prévenir l'émergence d'épidémies de supprimer nos relations avec les animaux, les scientifiques et experts qui ont contribué à ce MOOC, vétérinaires, médecins de santé publique, chercheurs en écologie, éthologie, systématique, philosophie soulignent au contraire que nous devons nous engager dans une nouvelle alliance avec eux. 

En décembre 2019, une pneumonie d’origine alors inconnue touchant 59 personnes a été signalée dans la ville chinoise de Wuhan. Il a depuis été établi que cette maladie émergente, devenue depuis une pandémie, était due à un coronavirus (Sars-CoV-2). Elle a été dénommée Coronavirus disease 2019 ou Covid-19. Ce virus s'est répandu avec une vélocité effarante sur toute la planète. Ce qui n'aurait pas dû se produire s'est produit, ce qui n'aurait pas dû dépasser un petit impact très localisé s'est diffusé dans le monde entier en quelques semaines.

Les investigations épidémiologiques conduites en Chine ont montré que les premiers malades avaient pour la plupart fréquenté un marché de Wuhan, où l’on vendait plusieurs espèces d’animaux domestiques et sauvages souvent vivants. Le 2 janvier 2020, le marché de Wuhan fut immédiatement fermé sans que l’on ait établi (ni même recherché) l’origine de la contamination parmi les espèces animales vendues. L’historique exact de l’origine de l’épidémie n’est toutefois pas clairement établi. Le sera-t-il un jour, compte tenu des enjeux géopolitiques de cette question et des pressions que subissent les scientifiques chinois ?
Ce que l’on sait, c’est que la capture, le transport et la vente d’animaux sauvages vivants, entassés dans des cages dans des conditions insalubres sur des marchés comme celui de Wuhan, concentrent des espèces qui ne se côtoient pas habituellement et favorisent le passage des virus entre espèces, humains compris. De même, la préparation et la consommation de la viande de ces animaux favorisent les contacts à risque entre les humains et les virus dont ils peuvent être porteurs.

 

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* Signataires : ÉricBaratay, Professeur à l’université de Lyon (Histoire des relations hommes-animaux) • Claude Béata, Docteur vétérinaire (Médecine du comportement) • Marilyn Beauchaud, Maîtresse de Conférences à l'Université de Saint-Etienne (Ethologie) • Gilles Boeuf, Professeur à Sorbonne Université (Biologie), ancien président du Muséum national d'Histoire naturelle • Florence Burgat, Directrice de recherche à l'INRAE (Philosophie) • Nicolas Césard, Maître de conférences du Muséum national d'Histoire naturelle (Anthropologie) • Emilie Dardenne, Maîtresse de conférences à l'Université Rennes 2 (Etudes anglophones) • Loïc Dombreval, Député, Docteur vétérinaire (Condition animale) • Elise Huchard, Chargée de recherche au CNRS (Ethologie), Docteur vétérinaire • Sabrina Krief, Professeure du Muséum national d'Histoire naturelle (Ecologie comportementale et zoopharmacognosie), Docteur vétérinaire • Guillaume Lecointre, Professeur du Muséum national d'Histoire naturelle (Systématique) • Justine Roulot, Consultante Biodiversité et environnement, Ingénieure écologue • Michel Saint Jalme, Maître de conférences du Muséum national d'Histoire naturelle (Sciences de la Conservation) • Georges Salines, Médecin de santé publique (Santé environnementale) • Cédric Sueur, Maître de Conférences à l’Université de Strasbourg (Ethologie) • Nathalie Tavernier-Dumax, Maîtresse de conférences à l'Université de Haute-Alsace (Economie).