En ligne depuis le 15/10/2014
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Description
Les villes, qui ne cessent de croître à l'échelle de la planète, constituent des milieux très fortement modifiés par l'homme. Les conditions de vie que l'on y trouve constituent autant de contraintes ou d'opportunités pour la biodiversité qui y est omniprésente, et qui selon la situation - voire même parfois selon le point de vue - s'avère bénéfique ou problématique pour les citadins.
État
- Labellisé
Langues
- Français
Licence Creative Commons
- Pas d'utilisation commerciale
- Pas de modification
- Paternité
Nature pédagogique
- Cours
Niveau
- Bac+1
- Bac+2
Objectifs de Développement Durable
- 15. Vie terrestre
- 3. Bonne santé et bien-être
Thèmes
- Environnement - Santé
Types
- Grain audiovisuel
Contributeurs
BOEUF Gilles
Sorbonne Université
Ce document contient la transcription textuelle d’une vidéo du MOOC UVED «Biodiversité ». Ce n’est donc pas un cours écrit au sens propre du terme ; le choix des mots, l'articulation des idées et l’absence de chapitrage sont propres aux interventions orales des auteurs.
Biodiversité et santé - Introduction
Gilles Boeuf
Professeur, Université Paris Sorbonne
Depuis quelques années, on examine de façon de plus en plus précise les questions d’interaction entre la santé publique et la biodiversité. On mesure les effets du dérèglement climatique d'un côté et de l’érosion de la biodiversité de l'autre.
1. Environnement microbien
L'humain a toujours vécu dans un environnement microbien. Il a plus de bactéries dans lui et sur lui que de cellules humaines. L'humain a été contaminé par des pathogènes venus au départ de contacts avec des espèces animales. On pense beaucoup aux singes, et pourtant il n'y a pas eu beaucoup de maladies qui sont venues des grands singes. Par contre des animaux domestiques, oui. L'Homme domestique le chien il y a 30 000 ans, puis beaucoup plus récemment la chèvre, les moutons, les vaches, le chat, le cheval et beaucoup plus récemment le lapin. La promiscuité au niveau de ce qu'on peut nommer des fermes a déclenché ces interactions de pathogènes.
On a séquencé un intestin de bébé humain à la naissance et puis des intestins d'adultes. On s’est rendu compte qu'on avait de la place pour à peu près 2000 espèces de bactéries différentes. On n'en connaît pas 500. Donc, sur un écosystème qui est très proche de nous puisqu’il est au sein de chacun de nous-même, on ne connaît même pas le quart des espèces... Et comme les traitements antibiotiques que l'on prend à tort et à travers aujourd'hui modifient profondément ces bactéries sur la peau et dans le tube digestif, on voit apparaître de nouvelles maladies sur l'obésité par exemple.
2. Bénéfices et risques
Des travaux intéressants nous montrent souvent que ces bactéries intestinales sont le support de défense. On y trouve des gènes de résistance ou de défense face à des pathogènes. Ces derniers, sans arrêt, évoluent et changent. Ils obligent l'humain a modifier ses relations par rapport à ces êtres vivants. Ce qui est intéressant est qu’aujourd'hui, on se rend compte que dans ce contexte général de nouvelles maladies qui n'étaient pas là apparaissent. L’humain créé aujourd'hui des conditions comme jamais de dissémination de pathogènes et de virulences : maladies parasitaires, maladies infectieuses mais aussi beaucoup maladies auto-immunes.
L'intégration de l'humain dans la biodiversité entraîne en permanence des interrelations qui font que ça change. Nos traitements aujourd'hui divers et variés, les maladies nosocomiales par exemple dans les salles d'hôpital sont extrêmement préoccupantes parce qu'il reste souvent un pathogène ou deux, très banal au départ (un aéromonas, un pseudomonas ou un staphylocoque doré) mais bien malheureusement pour les humains qui sont là, ultra-résistants à tous les traitements antibiotiques.
3. Défi
L'enjeu pour demain est d’arriver à gérer de façon beaucoup plus subtile nos relations entre l'évolution de la biodiversité, les effets du dérèglement climatique et la santé publique. Le climat qui se dérègle sont des migrations vers le nord de moustiques en particulier qui amènent effectivement d'autres pathogènes. Le moustique tigre, en ce moment, est bien installé en Camargue, dans le sud de la France. Il va nous amener, on le sait, le chikungunya par exemple. Le paludisme, on n’y pense pas encore par chez nous, mais il a existé à des époques. Tout évolue donc en permanence, et si ces interrelations sont très intéressantes, il faut les décortiquer et les comprendre.